Par Esther Versière
Le football, sport le plus populaire en Haïti, intéresse de moins en moins le public qui ne fait pas le déplacement pour assister aux matches. Quant au football féminin, il est encore moins apprécié compte-tenu de la façon dont les femmes sont traitées en Haïti, selon certains.
Le manque d’infrastructure, l’absence de sponsors, l’irresponsabilité des dirigeants et la discontinuité répétée du championnat féminin sans motifs valables, sont autant de problèmes qui ruinent la première division féminine haïtienne.
Le Valentina FC, l’Essentiel FC, l’Aigle Brillant AC, l’Anacaona de Léogane, les Jongleuses de Saint-Marc, les Jongleuses du Cap, l’Olympia des Cayes, l’AS Tigresses, Hirondelles, Goals, l’AS Fort Liberté, le Star des Gonaives, Camp Nous, Phoenix et l’Amazone sont les quinze (15) clubs qui disputent le championnat national D1 féminin.
Le nombre élevé des femmes qui jouent au football féminin est estimé à environ 385 filles haïtiennes participant au championnat local D1.
« Les clubs en lice pour la compétition féminine ne possèdent pas l’aura des clubs masculins. L’avenir du football féminin en Haïti, dépend de l’amélioration de la condition féminine », a déclaré Henry Marc, fan incontesté du football.
De l’avis de plus d’un, la féminisation des acteurs du foot (dirigeants, staff, arbitres) ; l’augmentation des licenciées et la rénovation des structures; la pratique du football chez les filles dès le plus jeune âge et dans un cadre scolaire, sont les éléments qui pourraient contribuer à l’évolution du football féminin en Haïti.
Christophe Jean, un fanatique du football féminin haïtien, estime que souvent l’intérêt économique des matches prend le dessus sur l’intérêt éthique. Il fait référence aux tricheries qui caractérisent des rencontres.
Dans un autre angle d’analyse, Marie-Anne Laurent estime que chez les femmes, le jeu est plus ouvert, plus fluide, plus lisible et beaucoup moins prévisible. On a l’impression que chaque ballon joué pourrait se terminer au fond des filets. Cette impression est renforcée par l’énorme engagement physique des joueuses, qui semble capable de faire basculer le match à tout moment.
« Défendre le football féminin et le sport féminin en général, c’est faire progresser l’égalité auprès des milliers de supporters et des millions de téléspectateurs. C’est formuler le vœu que les Haïtiens puissent se retrouver tous ensembles derrière une équipe de femmes, aussi bien que derrière une équipe d’hommes. C’est aussi promouvoir une autre vision de la société », a-t-elle ajouté.
Les clubs de football d’Haïti ont besoin d’être rénovés face à l’échec du système associatif, axé sur la cotisation des membres, incapables d’honorer leurs redevances.
D’aucuns estiment que les clubs, notamment ceux des jeunes filles, doivent trouver les investissements nécessaires devant favoriser leur fonctionnement et leur développement. C’est un sujet assez délicat qu’il faut aborder avec réalisme et bon sens.
bibilie88@yahoo.fr