Auréolé d’un titre de vice-champion lors de la 11e édition de l’I-League avec NEROCA FC, l’international haïtien Fabien Vorbe sort d’une belle saison en Inde en signant quelques performances intéressantes. Abordable, le joueur de 28 ans a accepté de répondre à nos questions cette semaine, de quoi toucher quelques points importants comme la qualification des U20 féminines pour la Coupe du monde, ses objectifs pour le futur et le match Argentine-Haïti.
Membre d’une dynastie de footballeur, formé au FC SHANA avant d’être l’un des protagonistes de la qualification de l’équipe nationale U17 pour le Mondial sud-coréen de cette catégorie en 2007, Fabien Vorbe n’a pas pu avoir le parcours que l’on souhaitait mais a quand même su se distinguer dans plusieurs ligues, au Pérou et aux USA par exemple.
Pour la saison 2018, il s’est engagé en Inde avec le FC NEROCA pour disputer l’I-League. Le joueur polyvalent qui a pour modèle Kaka’ s’est découvert des ambitions les unes plus grandes que d’autres et dans cette interview accordée à Haïti-Tempo, le neveu de Philippe Vorbe a minutieusement répondu à nos questions.
HT: Salut Fabien Vorbe ! Pourriez-vous nous faire un bilan de votre saison en club ?
FV: Je viens d’avoir une belle saison avec NEROCA FC en I-League, première division indienne. On termine à la 2e place. C’était une très belle expérience pour moi. Champion en D2 l’an dernier, à la base on jouait pour le maintien puisqu’on était promu en première division. L’objectif a été clair cette année: C’était de ne pas reléguer. D’où, on a enchainé de bons résultats avec un bon groupe. Au final on récolte la 2e place et le titre s’est joué à la dernière journée. Pendant plus d’un mois et demi on restait scotché à la première place, juste pour dire qu’on a vécu une bonne saison. Sur le plan personnel cela a été une réussite. Je suis l’un des rares joueurs à pouvoir disputer toutes les rencontres, et ce, comme titulaire. Je suis celui qui a réalisé le meilleur pourcentage de passes dans la ligue.
HT: C’était facile de s’adapter en Asie ?
FV: Honnêtement l’adaptation a été difficile au début. On a un décalage d’heure +12 par rapport à Haïti, c’était difficile de communiquer avec les miens. Ce n’est pas la même culture, Une cuisine bien différente etc.
Heureusement je suis arrivé quelques semaines avant le début de la saison. Les dirigeants et mes coéquipiers m’ont bien accueilli, ce qui a un peu facilité mon adaptation, mon rendement aussi mais ce n’était pas facile.
HT: Fin de saison, vous êtes en vacances, vous avez de beaux projets en perspective ?
FV: La saison vient d’être terminée. Je suis de retour en Haïti pour les vacances. Je profite de l’occasion pour voir ma famille et pour planifier quelques projets pour pouvoir rester en activité de juin à août avant de retourner en Inde. Je suis en contact avec des clubs colombiens et péruviens. On vient d’apprendre que la sélection nationale va affronter l’Argentine. Je suis déjà disponible si l’on fait appel à moi mais c’est la FHF qui va décider.
HT: Dites-nous le nom des clubs qui vous suivent !
FV: Au Pérou mon représentant a parlé avec les dirigeants des équipes de première division comme Union Comercio et Sport Boys. En Colombie on était en contact avec Millonarios mais c’est compliqué puisqu’il y aura une pause à partir du mois de juin. En Inde, mon club m’a déjà demandé de prolonger, quelque chose que je n’ai pas encore fait. En ISL j’ai des offres de Kerala Blasters, Mumbaï City ou encore FC Goa. En I-League, East Bengal et Mohun Bagan de Sony Nordé m’ont également approché. On est en train de tout planifier avec mon agent mais je me sens bien à NEROCA pour l’instant.
HT: La Fédération d’Argentine a confirmé le match contre Haïti. Pensez-vous que c’est une aubaine pour les Grenadiers ?
FV: C’est un gros test, un gros challenge pour Haïti, bien que ce soit un match amical. Ce sera contre l’un des favoris pour la Coupe du monde que l’on accepte ou non. Ils ont Messi, le meilleur joueur du monde et d’autres stars. C’est leur dernier test avant le mondial, forcément les meilleurs seront alignés dans la Bombenera qui sera pleine à craquer. Il faut que la FHF prenne les choses au sérieux pour qu’on puisse faire forte impression. Je suis toujours prêt pour défendre mes couleurs comme je l’ai fait à mainte reprise dans le passé. Si l’on se base sur la performance, le niveau, le statut, les faits, la saison des joueurs, je devrais partir avec la sélection. Ce serait un honneur pour moi. On verra.
HT: Joueur clé d’une génération dorée qui avait réussi à qualifier Haïti pour le Mondial sud-coréen U17 en 2007, avez-vous un message pour les U20 féminines qui viennent de vous imiter ?
FV: Pour moi, c’est le meilleur moment de ma carrière quand on s’est qualifié pour la Coupe du monde U17 en 2007. Le peuple haïtien en était vraiment fier. Nos filles viennent de le faire aussi. Elles iront en France. C’est un gros exploit, elles le méritent.
Mon message pour cette sélection c’est de jouir de ce moment, on n’a rien à envier. On a toutes nos chances, le meilleur reste à venir. Il faut utiliser les mêmes formules. Je suis fier de vous.
HT: À 28 ans, quels sont vos rêves et objectifs pour le futur ?
FV: À 28 ans au foot on n’est pas si vieux (rires). J’ai encore beaucoup de choses à prouver pendant 8 à 10 ans. Du moment où l’on tient le corps dans de bonnes conditions et fait ce qu’il faut faire c’est facile. Actuellement j’évolue en Inde dans un championnat qui progresse sur le plan financier avec l’arrivée de bons joueurs et entraîneurs. Dans 2 à 3 ans je pense que cette ligue pourra concurencer la Chine. Pour conquérir l’Europe il y a toujours des possibilités mais ce n’est pas facile avec mon passeport haïtien. J’ai eu des offres de l’Écosse mais c’est compliqué pour le permis de travail. Je me focalise sur le présent. Je me sens bien en Inde. Je suis satisfait. C’est même mieux sur le plan financier que quelques clubs dans des ligues européennes qui s’intéressent à moi. On verra après ce que l’avenir me réserve.
Avec la sélection j’espère faire une bonne prestation voire remporter l’une des prochaines éditions de la Gold cup. Avant de mettre un terme à ma carrière, j’aimerais aussi jouer la Coupe du monde avec les séniors. Ce sont des objectifs qui peuvent être concrétisés. On verra.
HT: Vous êtes attaquant et à la fois milieu de terrain. Avez-vous un poste de prédilection ?
FV: Avec l’équipe U17 je jouais au poste d’avant-centre mais depuis plus de 6 ans j’évolue au milieu. Je me sens moi-même en tant que milieu relayeur. J’aime défendre aussi qu’attaquer, J’aime la liberté, J’ai cette capacité à faire les deux et c’est à ce poste que j’ai réalisé mes meilleures saisons.
HT: D’où tirez-vous cette polyvalence ?
FV: C’est dans ma formation au FC SHANA. On m’a appris à être polyvalent pour être un bon footballeur, de quoi être désirable aux yeux de ceux qui aiment le jeu.
Je suis issu d’une famille de footballeur. Philippe Vorbe est mon oncle, le frère de ma mère. J’ai beaucoup d’oncles qui ont joué également. Reginald, Charles, Édouard ”Pépé”, Dominique, certains ont joué au Violette. Sébastien, mon cousin, il a joué au LA Galaxy en MLS et en sélection nationale.
HT: Quelques mots pour clore cette entrevue Fabien…
FV: Merci à Haïti-Tempo de m’avoir donné cette opportunité de m’exprimer. C’était vraiment important de parler de ma saison. Les fans peuvent me suivre et s’abonner à mes comptes vérifiés sur les réseaux pour en savoir plus. Je fais une dédicace au staff du FC SHANA et ma famille.
(Propos recueillis par Childo Geffrard pour haititempo.com)