Le monde du foot haïtien au temps de la crise santitaire est bien différent des autres. Alors que le confinement est imposé partout afin d’essayer d’endiguer la pandémie du Coronavirus, les informations ne nous manquent pas; elles remuent avec force sur la toile. Sujet d’actualité, l’avenir d’Yves Jean-Bart à la tête de la FHF est remis en question et sa destitution est désormais envisagée par la presse internationale. Des allégations publiées fin avril au quotidien The Guardian ne jouent donc pas en sa faveur.
Yves-Jean Bart, le président de la Fédération haïtienne aurait, ces dernières années, commis des viols sur des jeunes joueuses au Ranch de la Croix-des-Bouquets selon des informations virales sur le web. Si beaucoup de journaux et groupes féministes, à travers des articles, se montrent de tout coeur être avec ces jeunes athlètes, cela ne les empêche de défendre autant Dadou dans son rôle de père que leur réputation.
Depuis la mi-mars, la Pandémie de Covid-19 tourne tout au ralenti dans le monde. La plupart des grandes ligues de football sont à l’arrêt, idem pour certaines de la zone CONCACAF. En Haïti, les championnats nationaux n’ont pas encore de date pour la reprise et quelques sélections nationales sont confinées avec entraîneurs et cadres de la fédération au Centre FIFA Goal de la Croix-des-Bouquets. Mais depuis que le journal britannique The Guardian a publié le 30 avril dernier un article accusant Dadou Jean-Bart d’abus sexuels sur des jeunes filles, les informations sur le foot haïtien occupent les premières pages des quotidiens mondiaux, aidés par un youtubeur dénommé Molina et quelques détracteurs anonymes. Alors que l’enquête a été largement discutée, l’homme fort de la FHF a déposé plainte contre ces allégations.
Une vidéo de la star de la sélection nationale féminine, Corventina, a attiré l’attention de plus d’un. On a vu l’adolescente de 16 ans à cette époque dans une vidéo, assise aux côtés d’Yves Jean Bart sur un canapé lors d’une interview datant de 2018. Et la joueuse de l’AS Tigresses a tenu à s’exprimer dans les colonnes de RFI.
« Ils ont prétexté que j’avais une relation avec le président en utilisant une vidéo où on célébrait ma réussite à un stage à l’étranger. Ça m’a vraiment choquée parce que je suis une victime de cette attaque, explique la jeune femme. On a été déçues et on a eu honte parce qu’ils nous ont manqué de respect alors qu’on travaille pour représenter valablement et dignement le pays. Je pense que ça nous a fait vraiment mal. »
Les manigances du journal The Guardian tendent à cibler le président Jean-Bart certes, mais pas le foot haïtien en général. Le sport reste l’un des chemins les plus sûrs pour réussir sa vie surtout quand on vit dans un pays comme Haïti. Les filles semblent décidément nier toute forme de crimes sexuels. Elles ont organisé une manifestation au Ranch pour cracher leur peine et se défendre. Mélissa Shelsie Dacuis, âgée de 20 ans, a son mot à dire à ce sujet.
« Notre concept n’était pas de défendre le président ou quelqu’un d’autre. L’idée était de nous défendre nous. On se lève tôt, on s’entraîne dur pour montrer une autre image du pays et une autre image de nous-mêmes car le sport nous aide.
Ils ont dit que le président a fait ceci, mais il l’a fait sur qui ? Sur nous ! Donc, on a jugé qu’il était important de dire non. Tout ce que vous dites : non non non, ça ne nous est pas arrivé ! », insiste Mélissa Shelsie Dacuis.
Aux micros d’Amélie Baron travaillant pour la RFI, toutes les joueuses qui ont pris la parole affirment n’avoir rien à voir avec les présumés crimes sexuels. La gardienne de l’équipe haïtienne, Kerly Théus, n’apprécie pas les médisances auxquelles elle fait face à l’heure actuelle. L’acceuil sur les réseaux sociaux est à chier.
« Avant quand on postait une photo ou une vidéo de nous, les gens étaient fiers. Ils commentaient en disant “Elle c’est ma joueuse préférée, ma gardienne à moi”. Mais aujourd’hui, à cause de ce qui est sorti, dès qu’on publie une photo, ils disent “voilà la femme du président”. Demain, à un entretien d’embauche, ils pourraient ne pas nous recevoir ou bien ils nous demanderaient de coucher avec eux et si on refuse on pourrait s’entendre dire “Ah, tu ne veux pas le faire aujourd’hui mais pourtant, avant, tu le faisais”. C’est dans ce sens que ça pourrait nous porter préjudice », déplore-t-elle.