La pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) a de multiples impacts majeurs à l’échelle planétaire tant sur le plan social, politique et économique. S’il est une évidence que le secteur sportif du point de vue macro ne s’échappe à cette alarmante situation, il faut toutefois analyser l’impact psychologique de cette dernière sur les gens et particulièrement sur les pratiques sportives de haut niveau et les conditions physiques.
Si on parle de haut niveau, il s’agit des athlètes professionnels. Effectivement, il y a un impact psychologique majeur, car les sportifs n’ont pas de repère par rapport à cette situation inédite. Ils se retrouvent à chercher des solutions pour maintenir un niveau physiologique le plus proche de leur aptitude classique. D´une part il est certain que cette situation est plus compliquée pour les athlètes des sports d’équipe qui nécessite le regroupement. Ils peuvent maintenir leur condition physique, mais pas au même niveau atteint au sein d’un club. Avant, on parlait d’entraînements avec des préparateurs physiques. Maintenant l´athlète est tout seul chez lui, ça ne peut pas avoir le même effet, le même rendement car, ce n’est pas le même niveau de motivation. D´autre part, si on considère l´exigence du sport professionnel, si vous arrêtez totalement un mois, il vous faudra quasiment deux mois pour retrouver la forme antérieure. Enfin de compte, pour les athlètes habitués à s’entraîner en groupe, notamment pour les sports collectifs, ça va être plus compliqué parce que c’est le mental qui va jouer. Dans cette situation les sports individuels sont moins affectés à titre d´exemple : les marathoniens, les cyclistes, les coureurs de fond, eux, sont habitués parce que a priori, ça ne va pas franchement les perturber de s’entraîner. Ils sont habitués à y aller quasiment tous les jours plusieurs heures. Sauf que, souvent, pour se motiver, ils s’entraînent avec d’autres, mais ce qui n’est plus autorisé maintenant.
Dans ce sens il faut signaler que le confinement est une nouvelle vie à laquelle l’athlète a dû faire face du jour au lendemain et qui provoque “l’impuissance, la frustration, la colère et l’incertitude”, tout en se souvenant que de l’entraînement sportif, peut vous aider à retrouver votre bien-être “physique, mental et émotionnel” ça aura un impact négatif sur le bien-être général de l´athlète, il est important de souligner la nécessité de se conformer au plan d’entraînement, tant physique que nutritionnel, reçu du club dans le cadre des actions afin de rester en bonne condition avant de retrouver la compétition.
Dans le contexte haïtien, la question de confinement est un grand défi pour le secteur sportif, tenant compte des difficultés auxquelles font face nos athlètes même en temps normal. Dans le sport professionnel, dans des cas de forces majeurs comme pour le coronavirus il existe une notion de télé entrainement ou des programmes spécifiques afin que les athlètes puissent maintenir leur forme physique et leur capacité mentale parce qu´il sont très avancés sur le plan infrastructurel et technologique .Tandis qu’en Haïti on est très loin de cette réalité connaissant les faiblesses du secteur sportif, notamment ; du manque de matériels appropriés, la carence de professionnels qualifiés, le problème infrastructurel et technologique et le manque de moyen financier . De ce fait, la précarité du sport en Haïti peut entrainer des conséquences majeurs sur nos athlètes considérant que la question de salaire n´a jamais été réglementé, ils ne disposent pas d´une assurance de blessure ou fin de carrière de manière prématurée, ils s´entrainent dans des conditions exécrables. D´autre part, la plupart de nos athlètes vivent dans des maisonnettes et en conséquence, ne peuvent pas réaliser des exercices de maintenance physique et mental. Tenant compte de toutes ces réalités en ce temps de confinement dû au nouveau coronavirus, nos athlètes auront de graves problèmes physiques et mentaux qui provoqueront une consommation abusive de l´alcool, du tabac, de la drogue et ils peuvent aussi abuser leur corps sexuellement.
En ce qui concerne le plan physique si certains joueurs ont le luxe de continuer à être suivi de près durant cette période, c’est loin d’être le cas pour la majorité. De nombreux joueurs ont, par exemple, reçu uniquement un programme global, pas forcément individualisé, à réaliser pendant le confinement. Le risque pour les joueurs moins disciplinés, c’est de tomber dans un rythme de sédentaire qui peut provoquer une cascade de blessures à la reprise.
Le premier risque, c’est de perturber le rythme de sommeil. Vu que les joueurs n’ont plus de compétition ou d’entraînement collectif, ils peuvent être tentés de prolonger leur journée jusqu’à très tard dans la nuit. Ce serait encore plus nuisible si ce temps prolongé est effectué devant un écran car le principe de regarder la télé, c’est de subir l’image et au niveau neuronal ce n’est pas terrible.
Le deuxième risque c’est d’être assis trop longtemps dans la journée, ce qui va contribuer à arrêter l’activation nerveuse des membres inférieurs, qui est essentiel pour un joueur de haut niveau.
Il y a aussi évidemment des risques concernant l’alimentation et la baisse du moral », précise le docteur Aurélien Simon. Pour pallier aux mauvaises habitudes, le préparateur physique apporte des solutions : il est important de conserver une routine d’entraînement quotidienne. Qu’elle soit physique ou cérébrale. Il est essentiel également de continuer d’avoir des journées structurées avec un réveil le matin, un repas le midi et le soir et un coucher planifié.
Dans ce sens, un joueur peut donc organiser sa semaine en planifiant 5 jours d’entraînement. Il pourra par exemple commencer sa journée en effectuant une petite séance de 20 minutes stretching pour maintenir l’élasticité, la mobilité et l’amplitude articulaire puis alterner un jour sur deux un travail de la ceinture scapulaire et pelvienne donc grossièrement faire des exercices d’abdominaux et de gainage pour travailler les fessiers, les obliques et les transverses, afin d’éviter les pubalgies à la reprise.
D´autre part les jours suivants, le joueur peut combiner sa séance de stretching avant un travail de musculation qui va se concentrer sur trois éléments : 1) la vascularisation, soit des différents exercices types corde à sauter, steps, marche, qui vont s’enchaîner à la suite, 2) les tissus conjonctifs, en faisant des exercices de réactivité, et 3) les fibres lentes, avec des exercices de musculation connus comme les burpees, les pompes, les squats par exemple. Le soir, je préconise un travail de course pour ne pas perdre son coffre. Les joueurs sont habitués à courir tous les jours donc c’est important de conserver ça.
Et pour être plus précis, il faut varier les blocs de travail en aérobie, soit des petits footings à faible intensité, avec des blocs de travail lactique, avec des efforts plus courts mais à haute intensité. Au total, on ne conseille pas plus d’une heure d’entraînement par jour. »
À ce sujet, les docteurs Laurent Chevallier, référent cardiologue de la Ligue Nationale Française de Rugby, et Sylvain Blanchard, responsable médical et scientifique du Racing 92, ont mis en garde sur les risques de myocardites virales en cas d’entraînement trop intensif pendant cette période d’épidémie de Coronavirus. « Avec l’absence d’entraînement et de match, les sportifs de haut niveau, qui ont besoin de compétition, pourraient être tentés de combler l’ennui en s’entraînant plus longtemps et de manière plus intensive. C’est pour ça qu’il est important d’être prudents pendant cette période particulière », précise Marwan Jaili-Lejeune, physiothérapeute et kinésithérapeute du sport.
Quid des joueurs en convalescence et des joueurs amateurs ? À l’instar de qu’il se passe durant une saison “normale”, la préparation physique des joueurs blessés ou en convalescence est évidemment différente des autres joueurs. Mais en période de confinement, elle nécessite une attention particulière. On a aussi créé un groupe WhatsApp spécial avec les blessés, un kinésithérapeute et le coordinateur sportif du club. Comme pour les autres joueurs, on leur envoie un planning en début de semaine puis des séances spécifiques chaque jour. On est en communication étroite avec eux pour avoir leurs ressentis après chaque exercice et à la fin de chaque séance.
Contrairement aux autres joueurs, les “blessés” n’ont pas eu de première semaine de repos puisqu’il fallait continuer le programme qui avait déjà été mis en place avec eux », explique Laurent Bessière. Pour Marwan Jaili-Lejeune, la situation actuelle exige une adaptation quasiment inédite : « On essaye de faire des séances en visioconférence dans la mesure du possible. En tant que kinésithérapeute et habitué au travail manuel, c’est d’autant plus difficile d’exercer notre profession à distance. Pour des exercices de soins comme des massages, on va essayer de guider et corriger l’athlète en direct en lui disant d’appuyer à tel ou tel endroit même si ce n’est pas forcément évident. On fait du mieux qu’on peut en insistant sur d’autres leviers comme la pédagogie. On prend encore plus le temps d’expliquer ce qu’il faut faire et d’un côté, c’est très bénéfique pour nous. Donc la récupération prend beaucoup plus de temps que si on suivait le rythme de travail normal.
Dans ce contexte le docteur Aurélien Simon précise que : « C’est vrai que les joueurs de foot peuvent être tentés de combler leur temps libre en jouant beaucoup aux jeux vidéo ou en restant bloqués pendant des heures devant un écran assis sur leur canapé ou allongés dans leur lit. Moi, je leur conseille plutôt des jeux, mais des jeux de stratégie, de tactique pour conserver une bonne activité cérébrale. Ça peut être des jeux de société ou d’autres activités qui peuvent inclure les enfants pour ceux qui en ont. C’est aussi important de conserver du lien social pendant cette période d’isolement. D’appeler ses proches, ses potes régulièrement. Il est également primordial de lire selon moi. Pourquoi pas des biographies de sportifs qui peuvent inspirer et donner de la motivation dans cette période creuse. » Pour résumer, il faut tout simplement continuer de stimuler ses neurones autant que ses muscles et son cœur durant le confinement pour être d’attaque à la reprise !