Par la Rédaction
Les longues années de règne d’une soi-disant oligarchie à la tête de la Fédération Haïtienne de Football ne font pas l’unanimité et le processus électoral pour élire son numéro 1 est un sujet sensible que beaucoup de personnes n’osent faire sortir un mot. Après environ 20 ans où l’on est obligé d’aduler le chef de bord, l’heure semble avoir sonné de se sortir du mutisme et remettre la gouvernance de notre sport roi en état.
À la tête de la FHF depuis 2000, Yves Jean-Bart, bien qu’âgé de 70 ans, a les yeux pleins d’étoiles en surfant sur la 2e année de son 5e mandat (4 années chacun). “Dadou” comme les gens le surnomment, a été reconduit à la majorité absolue en janvier 2016. Si le cartel Héritage qu’il a mis en place en 2011 avait perdu quelques cadres de poids, cela n’empêchait que le destin du football national soit confié à une nouvelle version. Au cours de cette longue épopée, beaucoup de progrès, si l’on veut être honnête, ont été faits comme l’Opération 2006, l’Académie Camp Nous, la participation des U20 féminines à la Coupe du monde, des pelouses synthétiques un peu partout dans certains espaces de jeu, etc. Mais on ne va pas s’attarder sur ces réalisations.
Loin de démontrer que la plus ancienne fédération de la Caraïbe ne realise pas de grand-chose, la recette utilisée par sa présidence pour consolider son fauteuil illustre plutôt un mystère.
Lors du dernier scrutin il y a trois ans, on avait affaire à un 20 sur 20. Les délégués ayant droit de vote ont tous voté pour le cartel « Héritage ». Le ministre des Sports à l’époque Jimmy Albert, le député Caleb Desrameaux, le représentant de la FIFA M. Thomas Green, l’ont constaté. Yves Jean-Bart a été réélu à la tête de la fédération pour la 4e fois de l’histoire et a entamé un 5e mandat à la tête de la FHF.
On se demande longtemps comment il a pu bien briguer tous ces mandats alors que l’entourage de certains clubs et des observateurs s’en prennent à lui. Pourquoi avant chaque élection tous ceux qui prétendent modifier quelque chose et lui succéder font profil bas ? On comprend finalement que la FHF est dirigée par un grand stratège et pour l’éclipser, il faut dès maintenant penser à éclipser les stratégies qui poussent tout le monde à se mettre d’accord avec lui au moment des suffrages. Considérez donc ce conseil comme un pis-aller !
6e mandat en 2021 ou nouvelle ère ?
– Supposons que la FIFA veut que les présidents de fédérations soient éligibles sur la base d’une limitation d’âge à 70 ans comme l’avait préconisé le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Le problème n’est toutefois pas l’âge mais le fait que des ennuis de santé pourraient les affaiblir prématurément. Ils se trouvaient en outre en décalage avec toute une nouvelle génération de présidents quadragénaires et quinquagénaires.
– Supposons qu’elle impose réellement une limitation à 5 mandats de présidence.
Cela synthétise donc plusieurs possibilités. Le natif d’Aquin devrait être tiraillé entre : tenter un 6e coup et envoyer un allié, pour ne pas mettre fin à ce régime, pour beaucoup, dénué des normes administratives. Sinon, d’autres candidats, complaisants auparavant, vont reconnaître que c’est à eux le tour de tenter leur chance. Et on a déjà un homme qui se dit prêt à se battre même si le combat semble perdu d’avance, vu la procédure électorale.
Comme on l’a déjà publié, l’ancienne star du football national, Ernso Laurence envisage sérieusement de se porter candidat à la présidence de la FHF et c’est déjà une réelle surprise à un (1) an et quelques mois des prochaines élections pour rompre ou allonger la béatitude de “Dadou”, en poste depuis 19 ans et qui fait des scores spectaculaires à chaque scrutin.
Ancien défenseur de l’équipe nationale pendant plus de 10 ans, ex-joueur du Roulado et d’Hatuey Bacardi pour ne citer que ceux-là, installé comme chef de service et responsable du Parc Sainte Thérèse depuis décembre 2016, Ernso estime que notre football est malade et souffre dans tous ses compartiments. Son objectif est clair :
« Mon objectif avec mon cartel, sera d’abord, de structurer et moderniser le football haïtien par la réorganisation et la modernisation de l’administration générale de la FHF. Mon cartel aura un oeil particulier sur le fonctionnement des clubs qui sont le moteur du football partout. On mettra l’accent sur la restructuration des clubs et les écoles de Football, afin d’améliorer le football haïtien à tous les niveaux ».
On attend donc ce que les prochaines années nous réservent.