Par Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre
L’aventure de Nicolas Delépine à la tête de la sélection haïtienne touche à sa fin. Quelques jours après l’élimination de l’équipe à la Coupe du monde, le technicien déclare ne pas vouloir poursuivre l’aventure. La Fédération Haïtienne de football a désormais une tâche, celle de choisir le nouveau coach pour diriger les Grenadières.
En un an et demi de contrat, le sélectionneur français laisse derrière lui une qualification historique au mondial féminin. Il n’est pas le seul à qui revient le mérite de cet exploit, puisqu’il a été nommé seulement avant la dernière phase des qualifications. Mais l’histoire retiendra que c’est lui qui a dirigé les trois premiers matchs d’une sélection féminine haïtienne en coupe du monde senior.
Durant son passage en charge des Grenadières, Delépine a fait parler sa pusillanimité et sa prudence dans l’expression du jeu de l’équipe haïtienne. C’est une équipe disciplinée, qui ne panique pas devant les offenssives adverses et qui n’encaisse pas beaucoup de buts. La rigueur défensive était si intéressante et effective, qu’en trois matchs de coupe du monde, l’équipe n’a encaissé qu’un seul but dans le jeu, dans les dernières minutes du troisième match face au Danemark.
Par ailleurs, l’un des grands maux de son équipe, c’est qu’elle refusait trop le ballon. Le coach lui-même l’a admis après la défaite face à la Chine, précisant que ses joueuses ne sont pas préparées à dominer dans le jeu. Le souci d’être défensif s’imposait tellement que ça donnait l’impression que le risque était interdit quelque soit la position de la balle sur le terrain.
Dans cette sélection pourtant, il ne manque pas de talents, dans toutes les lignes du jeu. Beaucoup de joueuses ont une bonne qualité technique et une aisance balle au pied, qui leur permettraient de mieux s’exprimer dans un jeu plus fluide. Mais comment utiliser toute sa panoplie quand on nage dans un système qui n’est pas structuré pour cela.
Cette discipline tactique qu’a montré ce groupe, c’est une marque de grande équipe, ce serait parfait si le prochain sélectionneur parvient à la garder. Mais il faut en plus une autre culture, celle qui favorise les initiatives. La bonne équilibre n’est pas seulement en défense, elle est liée aussi à la production offensive.
Autant qu’elle compte des joueuses solides et très appliquées, cette génération a aussi son lot d’artistes. Les joueuses comme Batcheba, Danielle Étienne, Melchie Dumornay, Borgella, Nérilia symbolisent la créativité et l’élégance Bleu et Rouge. Elles sont capables de s’illustrer peu importe le calibre de l’adversaire. Les statistiques après la compétition le prouvent.
Nérilia Mondésir termine deuxième au classement des joueuses avec le meilleur ratio de dribbles par match, alors que Melchie Dumornay a enregistré la neuvième accélération la plus rapide du tournoi. Cependant, dans une stratégie trop conservatrice comme celle du technicien de 44 ans, la créativité a moins de chance d’exister.
Un nouvel entraîneur qui parvient à tenir compte du potentiel offensif des Grenadières, sans pour autant s’obstiner à garder le ballon, ne devrait pas avoir beaucoup de mal à instaurer son jeu. Toutefois, la perception de l’expérience du mondial par la Direction Technique Nationale va certainement impacter l’orientation de l’équipe.
Entre-temps, le prochain challenge arrive dans moins d’un mois, soit le 21 septembre. Haïti jouera face à Costa-Rica, son premier match comptant pour les éliminatoires de la première édition de la Gold Cup féminine qui se tiendra en 2024.