Du 20 août au 3 octobre à venir, se déroulera la Caribbean Cup avec la participation de 10 clubs, dont 2 issus d’Haïti. Ouanaminthe FC, finaliste des playoffs de la D1 spéciale, s’apprête à vivre une expérience de taille avec de fortes exigences économiques.
Dans un pays où l’insécurité bat son plein, les championnats nationaux se sont arrêtés pendant 4 ans. Cette année, la FHF a redonné vie à notre sport roi, avec le retour d’une D1 inédite et spéciale avec des matchs hors de la capitale. Des clubs importants de la capitale comme le Don Bosco et le Violette ont pourtant décliné l’invitation de la Fédération. Et au final, c’est le Real Hope qui s’est offert un 2e titre national face à Ouanaminthe FC en finale des playoffs.
Les deux finalistes étant directement qualifiés pour la Caribbean Cup 2024. On peut dire que lè retour du championnat national fait du bien aux équipes qui étaient plongées dans la crise. La Rédaction d’Haiti-Tempo a interrogé ce week-end le secrétaire général d’Ouanaminthe FC. Spécialisé en Droit international de l’environnement, Peterson Monestime s’explique:
« Sur le plan économique et administratif, l’arrêt du championnat national de D1 a été une période difficile pour nous. On a eu du mal même pour constituer le comité. C’était une sorte de démotivation pour les joueurs et les dirigeants. Face à la crise, des joueurs ont contacté les membres du club pour réclamer de l’aide. Les sponsors nous ont tourné le dos.
Dès qu’on a annoncé la reprise de la D1, cela a été vu comme l’opportunité idéale d’atteindre notre objectif depuis 10 ans, celui de remporter le titre. Tout d’abord, le fait de limiter les déplacements a été un avantage. Nos matchs sont programmés aux Gonaïves et au Cap-Haïtien. Autrefois, l’équipe se déplaçait aux Cayes ou encore à Mirebalais et on y arrivait tous fatigués.
L’objectif principal n’a malheureusement pas été atteint. Heureusement, nous sommes finalistes de la D1 et qualifiés pour la Caribbean Cup. Nous nous sommes réjouis de ce parcours. Représenter Haïti, placer le club sur la plus haute échelle de la zone, tout cela faisait partie des objectifs de la direction. »
La finale perdue face au Real Hope ouvre des portes aux Capitaines de la frontière. Une nouvelle opportunité pour Paloulou et ses coéquipiers de se diriger vers la CONCACAF. Un défi de taille se profile avec l’obligation de marquer les esprits et faire parler positivement du pays.
« C’est un honneur de représenter le département du Nord-Est qui a une seule équipe en D1 haïtienne. Toute la ville d’Ounaminthe est fière de ce qu’on a accompli. La Caribbean Cup est une autre occasion de faire parler d’Ouanaminthe dans le monde entier, de se faire remarquer dans les médias. C’est une satisfaction totale. On représentera le pays en août prochain. On est prêt pour l’aventure. »
Pour éviter toute sorte d’imprévus, les dirigeants ouanaminthais prennent les choses en main. Avant de reprendre le chemin du terrain, le plus important est de s’arranger administrativement selon Peterson Monestime.
« Les préparations ont débuté administrativement. Le comité fait tout de son possible pour mettre à jour les papiers (passeports). On a entamé les démarches et un état des lieux, où l’on va accueillir les rencontres.
Pour la préparation de l’équipe, les entraînements devraient débuter vers la mi-juillet. Pour le moment, il y a des dispositifs à mettre en place. »
Comme le Real Hope, le club du Nord-Est va quitter le pays pour aller recevoir ses matchs en République dominicaine. Le tirage au sort de la Caribbean Cup 2024 a été effectué récemment. Et les Capitaines font partie du Groupe B en compagnie des clubs dominicains de Cibao et Moca FC. Port of Spain de Trinidad est l’autre adversaire en attendant un autre.
« Nous allons recevoir deux matchs dans un autre pays. Nous connaissons tous la raison. L’insécurité bat son plein et le Stade Sylvio Cator était le seul espace conforme aux règlements. Il fallait trouver un espace de jeu en dehors du pays. On s’est dirigé obligatoirement vers la République dominicaine, puisque deux de nos adversaires de poule sont des équipes dominicaines. Nous avons contacté les dirigeants de Moca FC. Et l’on s’est mis d’accord. On va accueillir les rencontres dans le Stade de Moca, fraîchement certifié par la FIFA. On a des personnes sur place qui entreprennent les démarches. Pour chaque rencontre à domicile dans cette enceinte, on devra payer 12 400 dollars américains. »
La logistique et les prévisions demandent un budget gigantesque. Le comité d’OFC doit faire face à un challenge économique majeur. Pour ce faire, le secrétaire général du club lance un appel à tous les secteurs du pays.
« Les déplacements ont un coût énorme. D’ailleurs, dans notre budget prévisionnel, il y a une estimation de 100 000 dollars pour chaque match, tenant compte de l’espace de jeu, l’hébergement, la nourriture, des réservation d’hôtel pour les officiels. En somme, on atteindra les 400 000 dollars pour les 4 rencontres. C’est extrêmement chers. Un budget qui nous pousse à réfléchir. Nous sommes en difficulté, mais il faut avancer. Nous avons fait des demandes. Aucun feed-back positif pour le moment. Aucun support gouvernemental et d’autres structures privées. Nous en profitons pour lancer un SOS à tous les secteurs dans le Nord-est et le pays en général. On a besoin de l’aide pour répondre à un budget de 400 000 dollars. »
Parmi les adversaires de groupe, la formation de Cibao est la seule qu’Ouanminthe a déjà affrontée. C’était en amical en 2017. Ce sera alors une histoire différente lors de cette Caribbean Cup, où seulement 2 clubs se qualifieront de cette poule B pour le tour suivant.
« Le tirage au sort nous place dans un groupe difficile avec des clubs venant d’autres pays. On doit affronter un club trinidadien (Port of Spain) et deux de la République dominicaine (Cibao et Moca). Ce sera une nouvelle expérience. Dans le passé, nous avons affronté le Cibao FC en amical à deux reprises. On a gagné l’un des matchs. Le groupe a donc une idée de cet adversaire et son terrain, bien que les choses évoluent. On a pu retrouver quelques enregistrements des matchs de nos adversaires. Le staff technique travaille là-dessus. »
Pour cette première expérience internationale, OFC veut du renfort. Avec un jeune effectif, l’équipe pourra tout de même compter sur l’expérience de quelques joueurs et un nouveau staff technique.
« Nous avons un effectif jeune. Des jeunes venant partout du grand Nord en général, encadrés par des cadres expérimentés comme Paloulou, Pierre Dieuseul et Watson Jean Brevil. On espère se renforcer pour la compétition, et faire face à ce défi international. L’objectif est de se qualifier pour l’étape suivante avec un nouveau staff technique. L’entraîneur Roudy Joseph vient de nous rejoindre. »
Dans l’histoire du club, certains noms brillent plus que d’autres. Roobens Philogene est le plus emblématique. Un joueur respecté par ses performances mais aussi par son leadership au sein du vestiaire. Bien au-delà de ses prouesses sur le terrain, étant le meilleur buteur, Paloulou a incarné les qualités d’un véritable capitaine, capable d’inspirer et de motiver ses coéquipiers dans les moments les plus critiques.
« Paloulou est le Messi de l’équipe. Un symbole, l’identité du club. Un leader qui incarne le respect depuis le commencement. Il a eu des offres venant des autres clubs du pays. Il a juré de rester loyal. C’est un conseiller qui fait la jonction entre le comité et le groupe. Nous le respectons. La Caribbean Cup est une opportunité pour lui aussi de montrer l’étendue de son talent. »