Interrogée par “20 minutes” cette semaine, l’internationale haïtienne est revenue sur ses débuts au football. Alors que personne ne l’a poussé dans cette voie, la Lyonnaise a toujours cru en sa bonne étoile.
Aujourd’hui, Melchie Dumornay fait vibrer le monde du foot féminin. Mais l’histoire de cette jeune fille qui tapait dans les ballons pieds nus, est tout à fait particulière. Sa progression est fulgurante au point de viser l’Everest de son sport. Les preuves sont trop giga. Elle a qualifié Haïti pour la Coupe du monde et porté parfois le plus grand club féminin du Vieux Continent. Tout cela nous pousse à dire que: « les génies sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle. »
Le foot a choisi Melchie et peut-être pas l’inverse:
« Le football m’a choisie dès ma naissance, ça s’est fait naturellement, alors que personne ne m’a jamais poussé dans cette voie. C’est comme ces enfants qui prennent plaisir à jouer à la marelle, à faire de la corde à sauter, à chanter. Moi, c’est depuis toujours le football qui me passionnait. Je m’amusais plus là que dans tous les autres jeux.
Tout pouvait nous servir de ballon : un citron, des chaussettes qu’on remplissait d’éponges, c’était inoubliable. Forcément, quand je vois le grand écart qu’il y a entre les conditions que je connaissais alors, en jouant pieds nus au début de ma carrière, et ce niveau professionnel aujourd’hui, je sais que je vis un rêve. Ce sont des moments qui sont gravés en moi à tout jamais, déjà parce que je les ai partagés avec mes amis d’enfance, que je côtoie encore aujourd’hui. »
Pourtant cela n’a pas été facile pour Melchie de rêver d’un destin de footballeuse professionnelle à ces moments-là. Elle rêvait à minima de pouvoir jouer un jour dans un beau stade, mais c’était impossible de voir des matchs féminins à la télévision en Haïti. N’en parlons même pas, ce n’était pas plausible.
« J’ai commencé à me faire repérer par plusieurs personnes dans le football à Haïti, qui pensaient que j’étais un garçon (sourire). Ils ont contacté ma mère pour lui proposer que j’intègre le centre de formation « Camp Nous », situé à Croix-des-Bouquets. C’était dur pour ma mère car je n’avais que 11 ans, mais elle a fini par comprendre qu’il y aurait de grandes opportunités pour moi en dehors du quartier. J’étais assez loin de ça. Je pense aussi que dans le monde entier, la femme doit s’occuper de la maison, des tâches ménagères. Je suis passée par ces règles-là, cette société-là qui est plutôt difficile.
C’était dur de faire admettre que les filles avaient aussi le droit de pratiquer le football. Mais j’ai eu la chance que ma mère ne soit pas trop stricte. Elle ne m’interdisait pas le foot parce qu’elle voyait que j’étais épanouie grâce à ce sport. »