Par Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre
Fuyant l’instabilité socio-politique qui sévit en Haïti depuis des lustres, certains compatriotes ayant mis le cap vers la Turquie font face à une situation difficile, parmi eux, d’anciens footballeurs du Baltimore de Saint-Marc. Contacté par la rédaction de Haïti-Tempo, Stravensky Junior Dupiton décrit la situation et lance un appel au soutien.
Ces trois dernières années, le flux des Haïtiens qui ont voyagé vers l’Empire Ottoman n’a cessé de croître. En quête d’un mieux-être, nos compatriotes tentent tant bien que mal de concilier adaptation et survie. Mais leur situation devient particulièrement préoccupante lorsque les autorités turques refusent de renouveler l’autorisation de circuler qu’ils détiennent. Avec un statut illégal, les ressortissants haïtiens doivent désormais vivre en cavale, de peur qu’ils ne soient attrapés par les corps de sécurité turcs et envoyés en prison.
Installé à Istanbul, Stravensky Junior Dupiton nous explique que lui et un ancien portier du Baltimore sont au pays depuis un an, ils jouent la carte de la prudence pour ne pas se faire appréhender. Il nous informe que de nouvelles dispositions en vigueur depuis le début du mois de janvier 2023 accordent un statut légal uniquement aux étrangers investisseurs ou étudiants, ce qui n’est malheureusement pas le statut de la majorité des Haïtiens, voyagés dans la plupart des cas juste pour se trouver un emploi.
Le marché du travail reste cependant peu accessible à nos compatriotes qui doivent se contenter très souvent de travailler près de 12 heures par jour dans des usines, avec un salaire quotidien de 13 dollars us en moyenne. Sans accès aux soins de santé et incapables de répondre à leurs besoins correctement, ces ressortissants haïtiens frôlent le chaos.
Les conditions carcérales sont tout à fait infrahumaines selon les témoignages de ceux qui ont déjà subi le sort. C’est le cas de Smith Barthelemy, lui aussi ancien joueur du Baltimore, arrêté en Janvier 2023 qui a passé huit jours en prison, nourri uniquement de pains et de soda. Il a été libéré le 30 janvier dernier mais a reçu l’ordre de laisser le territoire turc dans les 15 jours au risque d’être rattrapé. Devant cet ultimatum, l’ancien Saint-Marcois doit absolument trouver une échappatoire.
Plusieurs de ces citoyens se sont inscrits à un programme de l’Organisation Internationale de la Migration OIM dans le but de regagner leur terre natale via un vol humanitaire qui n’arrive toujours pas. D’autres par contre, assistés par leurs proches, commencent à transiter vers Cuba malgré le coût très élevé du billet, car l’unique objectif c’est de fuir ce pays d’accueil qui s’est mué en enfer.
L’instabilité politique et l’insécurité continuent de déjouer les plans des filles et fils d’Haïti. Le football comme bien d’autres activités sont soit au ralenti, soit à l’arrêt total.
Dans l’espoir d’une intervention des instances concernées en leur faveur, Dupiton insiste sur le fait que la situation est intenable et signale que le salaire perçu dans les usines turques est nettement inférieur à ce qu’il gagnait dans son pays, en jouant au football.