Par Douby Jean
Ce dimanche 12 janvier 2020 marque une décennie depuis qu’un tremblement de terre de magnitude 7.3 a ravagé sauvagement des centaines de milliers de vie et a favorisé une croissance extravagante du nombre de personnes handicapées sur le sol haïtien. Certaines victimes n’arrivent plus à lever la tête depuis, car ce cataclysme a laissé des séquelles considérables. Elles ont tout perdu: familles, amis, richesses, une ou plusieurs partie (s) de leur corps. Toutefois, d’autres se sont consacrées à des activités pouvant les aider à remonter la pente, Rédondo El Principe Richard en est l’exemple parfait. Ayant perdu une jambe lors du séïsme, il s’est attaché au football pour redonner une nouvelle couche à sa vie jusqu’à ce qu’il devient le premier joueur haïtien à remporter un titre de soulier d’or lors d’une Coupe du monde.
12 janvier 2010 a changé la trame de vie de bon nombre d’haïtiens. À un moment où tout était calme et que le pays était en proie à des difficultés, un tremblement de terre s’est présenté comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Que de larmes ont inondé les visages et des coeurs furent attristés. Les pertes en vies humaines et matériels ont été considérables. Le pays a été terriblement secoué. Des gens ont malheuseument succombé, d’autres sont sortis vivants soit entier ou avec un handicap, l’essentiel ils peuvent encore respirer diront certains.
Nous vivons dans un monde où des groupes de personnes sont favorisés par rapport à d’autres. Un cas tout à fait flagrant dans la société haïtienne vu que beaucoup d’amputés n’ont pas eu d’assistance après le passage de cette catastrophe qui hante leur rêve, un véritable cauchemar. En dépit de cela, les plus fougueux se sont déplacés de leur zone de confort pour projeter une nouvelle image sur la toile. Ils veulent tout simplement être porteur d’espoir pour ceux qui ne veulent rien faire pour éviter de plonger.
Redondo El Principe Richard est actuellement en classe de seconde à l’institution mixte frères franciscains. Il est né le 15 août 2000 à Port au Prince. Depuis petit, le football était toujours sa passion. À 9 ans, sa vie allait prendre une autre tournure tout comme ce fut le cas pour plus d’un millier d’autres haïtiens.
Beaucoup d’entre nous ne savaient quoi faire lorsque la terre tremblait parce que cet évènement était nouveau. Ce qui fait qu’une multitude de gens ont été victimes. Redondo nous raconte comment il a vécu ce jour : “Je revenais de l’école, j’ai enlevé mon uniforme ensuite j’ai pris une douche. Après avoir pris le dîner, je me suis dirigé vers les escaliers pour étudier mes leçons. 30 minutes après, j’ai entendu un gros bruit et j’ai vu que la maison dansait. À l’intérieur, on était trois : moi, ma soeur et ma grand-mère. Pendant que j’essayais de m’enfuir, ma grand-mère m’a retenu. Ensuite la maison s’est effondrée. Ma soeur et ma grand-mère ont passé de vie à trépas. Quant à moi, j’ai passé la nuit sous les décombres et c’est le jour suivant, avec le support de quelques amis, mon père m’a pu sortir de là. Ils ont dû ôter une main à ma grand-mère parce qu’on était entrelacé. Une fois dehors, mon père a parcouru des dizaines de kilomètres dans le but de trouver un hôpital, c’était sans succès. Et le pire est arrivé, ma jambe gauche a lâché l’affaire.”
Les changements sont parfois cruciaux, ça requiert du temps afin que l’individu puisse s’adapter à une nouvelle train de vie. Pour certains, la roue tourne vite tandis que dans le cas de quelques autres le processus traîne beaucoup plus en même temps, cela demande de la patience et de l’attention. Après cette catastrophe naturelle de très grande envergure, le natif lion a mis du temps pour s’intégrer dans le sphère des gens faisant usage des béquilles : “Ce tremblement de terre restera gravé dans ma tête. Non seulement, j’ai perdu une jambe mais il m’a aussi pris des êtres chers,” a-t-il avancé avant d’ajouter : “On dirait que j’étais né de nouveau. L’adaptation a cette nouvelle vie fut très compliquée parce que je n’avais pas encore 10 ans à cette époque. Utiliser des béquilles était la partie la plus dure surtout pour me tenir debout. Heureusement ma mère, Leunèse Gustave, s’était mise de la partie et grâce à son inestimable support, j’ai pu gravir les échelons petit à petit.”
Il suffit seulement de regarder le nombre d’amputés qu’il a eus dans le pays pour comprendre l’ampleur du séisme. Faisant partie de la liste des victimes, 1 an après Redondo a repris sa vie en main en consacrant son temps au football. Un début assez difficile à cause de ce sport renfermant une flopée de règles spéciales. À en croire ce dernier, le football est un canal lui permettant d’évacuer le stress et de projeter une meilleure image des gens à mobilité réduite. Il a même signalé que c’est un symbole d’union, de respect et de tolérance.
Grâce à son talent, il est parvenu à intégrer l’équipe nationale des amputés. C’est bien en franchissant cette porte qu’il est devenu célèbre. En terre mexicaine, la sélection haïtienne de football amputé a porté le flambeau du pays très haut et a fait rêver plus d’un. Même si les acteurs n’ont pas ramené la coupe à la maison, il y avait de quoi à être fier d’eux. D’autant plus, El Principe Richard avait surclassé tous ses conccurrents pour glaner le trophée récompensant le meilleur buteur du mondial avec 9 buts claqués et se sent fier de son résultat : “Être soulier d’or reste et demeure un grand accomplissement pour moi. Je suis fier de moi et je suis sur que ma famille l’est aussi. Nous étions plusieurs à se battre pour cette récompense et j’ai fini par mettre la main dessus. Qu’est ce qu’il y a de plus fantastique que de bien représenter sa patrie.”
Tout compte fait, le soulier d’or haïtien a tenu à envoyer un message vibrant aux autres : “À tous ceux qui ont été victimes du tremblement de terre du 12 janvier, vous devez rester positif, couper les ponts avec le découragement. Si cela vous est arrivé, c’est parce que tout simplement il était écrit quelque part et la vie continue. Redondo El Principe Richard renmen nou anpil.”
Nous avons tous un proche qui a été touché par ce séisme dévasteur notamment ceux qui ont rejoint le cercle des gens à mobilité réduite. Vivre avec un handicap en Haïti est un défi vraiment de taille, aucune assistance et n’en parlons pas des propos et regards discriminatoires. Ces arguments là devraient-ils empêcher à cette catégorie d’évoluer ? Au contraire, cela devrait vous booster. Vous pouvez surprendre le monde. Si Redondo a laissé les eaux couler sous les ponts et s’est livré à une activité pour devenir un athlète reconnu tant au niveau national qu’international. Posez-vous, cette question, pourquoi pas moi ?