Cela va faire bientôt huit (8) ans depuis que Donald Guerrier fait le moonwalk sur l’Europe, issu directement de la D1 haïtienne souvent sous-cotée. Et le Grenadier garde encore le bon tempo. Vu son parcours épinglant la Ligue des champions, plus d’un affirmerait qu’il est l’un des meilleurs joueurs haïtiens de tous les temps. A-t-on encore le droit de ne pas être d’accord ou pas ?
Tout le monde se souviendra longtemps de ce match de la sélection haïtienne contre l’Espagne en 2013… Celui qui a fait décoller la carrière de Donald Guerrier. Un but d’anthologie qui a clamsé les champions du monde à l’époque, même s’il faut surligner la défaite (2-1) à Miami. De cette année-là au moment où nous parlons, le natif de Port-à-Piment a eu le temps d’évoluer en Pologne, Turquie, Azerbaïdjan et Chypre. C’est une progression fulgurante que personne n’avait vu venir. Un simple gaucher qui galèrait au sein du Violette AC puis à l’America dans l’espoir d’être au moins placardisé en sélection.
La Rédaction d’Haiti-Tempo analyse donc l’épanouissement d’un joueur qui a su déchirer l’étiquette de ”Chanpyona nasyonal la pa gen talan” pour devenir un élément fiable partout où il a pu évoluer. Un homme avant tout attachant à ses racines, avec lequel on aimerait échanger des charades. Sa réussite, en d’autres termes cette métamorphose, devait décliquer une prise de conscience chez nos organisateurs de jeu. L’éclosion de Donald Guerrier ne serait-ce une sorte d’effet d’après-coup.
Nous expliquons ce que le public en doute et les fait qui suscitent des débats. Pas la peine d’en démordre. construisons à partir d’avis très lucides. La D1 haïtienne a toujours eu dans ses cales des pépites à énorme potentiel qu’elle met en avant depuis la nuit des temps. On ne va pas se mentir au point d’empêcher toute possibilité de mettre en relief. L’actuel sélectionneur Jean-Jacques Pierre, Jean Sony Alcenat, Jean Philippe Peguero, Jeff Louis, Donald Guerrier et l’on en passe des meilleurs. Ils se sont fait remarquer d’abord chez eux avant de découvrir le Vieux Continent. Mais si l’on parle d’infrastructures et de professionnalisme dans la forme, le championnat haïtien a besoin de réforme à tous les niveaux.
Pour en rajouter, il n’est ici ni question de talent ni de cadre. La faute à l’organisation d’antan et d’ores et déjà bancale. La plupart des observateurs tiennent toujours des discours aseptisés et ennuyeux visant à baisser d’un cran le niveau du foot haïtien. Mais ils oublient que la génération 2007 qui avait remporté la Coupe caribéenne se composait en grande partie des Grenadiers issus du championnat national. Sans oublier celui dont on parle tantôt, Donald Guerrier, latéral gauche de l’America des Cayes à l’époque, qui a été dans toutes les gazettes après avoir passé en revue les Gérard Piqué, Xavi Hernandez ou encore Pepe Reina en été 2013.
En toile de fond, si l’on remonte aux années 70, le championnat national, contre l’opinion publique, a toujours été bien coté. La qualification pour le Mondial en 1974 en est la preuve. De nos jours les expatriés arrivent en équipe nationale avec un statut plutôt professionnel, car les ligues européennes ou nord-américaines sont mieux structurées et télévisées. De l’autre côté, les clubs haïtiens en plein milieu de la crise sous toute forme, essaient chaque saison d’élaborer un plan d’actions souvent peu coordonnées pour convaincre les joueurs à ne pas fuir leur passion.
Pour revenir à Donald Guerrier, sa réussite sur le plan européen n’est que le fruit de son talent sans oublier le travail acharné et la discipline. C’est un footballeur toujours en quête d’objectifs. Dans un pays comme Haïti où les petits enfants ont tous envie de taper dans un ballon rond, vous allez trouver des milliers de Donald qui auraient eu une bien meilleure carrière que lui.