Par Douby Jean
Le championnat national de première division se trouve confronter à maintes difficultés qui pour la plupart lui confèrent une image assez terne. Pour bon nombre de gens, l’avenir de cette compétition paraît sombre d’où il nous vient à l’esprit de poser cette interrogation, à quoi devrait ressembler notre championnat national de demain?
La COCHAFOP
La COCHAFOP, instance suprême qui a pour mission de veiller sur la bonne marche de la compétition fait objet de doute. En tant qu’autorité, on a souvent l’impression que cet organe se laisse piétiner par la Fédération Haïtienne de Football et certains clubs et la cause, on ne la connaît pas exactement. Quand il s’agit de trancher, c’est à pas de tortue que celle-ci fait avancer le processus. À titre d’exemple, prenons le cas du Valencia – Racing FC, programmé dans un premier temps au parc Gérard Christophe, le match ne s’est pas déroulé puisque la délégation du Racing, s’estimant victime à son entrée sur la pelouse du parc Gérard Christophe à travers un liquide qui a été lancé par les fans sur ses joueurs, avait refusé de jouer. Face à cette situation, la commission a tranché rapidement (après 2 jours) et de fait, la partie a été reprogrammée sur terrain neutre. Mais dans cet épisode qui devrait prendre place au stade Sylvio Cator qui était devenu salle du cinéma Sylvio Cator, puisque le Valencia ne s’étant pas présenté et il a perdu le match sur tapis vert tout en restaurant que le verdict a été connu après plus d’une semaine, est-ce la complexité du dossier qui a requis tout ce temps?
Concernant les licences, l’un des points le plus sensible, certaines équipes ont des licences digitalisées d’autres en ont en papier bristol comme quoi à l’intérieur d’un même championnat, il y existe deux catégories d’équipes. En effet, si beaucoup d’efforts ont été consentis durant les dernières années, toujours est-il que la D1 présente toujours des cas d’irrégularités, les matchs pour la plupart ne débutent pas à l’heure prévue, le calendrier n’est pas respecté, n’importe qui peut débarquer à n’importe quel moment et porter le maillot de n’importe quel club car l’expression < <marché des transferts>> n’existe pas dans le petit bouquin de la COCHAFOP.
Le cas des arbitres
Pour réaliser un mets copieux on a besoin de toutes sortes d’ingrédients il en est de même pour le championnat national ou quelque soit la compétition qui sera tout à fait impossible sans les arbitres. L’arbitre est le garant du bon déroulement d’une rencontre, il est le seul souverain et sa décision comme l’on mentionne bien souvent est irrévocable. Toutefois, celui-ci doit faire preuve de neutralité pour respecter la déontologie du métier. En allumant les projecteurs sur les arbitres haïtiens, de multiples interrogations devaient être de mise. Ces officiels dansent fort souvent sur le rythme de la partialité. Il ne faut surtout pas ignorer que plusieurs d’entre eux ne sont pas à la hauteur de leurs tâches tantôt ils favorisent certaines équipes en inventant des pénaltys, des coup-francs bref, ils sont dépourvus de toute notion d’impartialité et se font devancer par l’éthique. Dans certains cas, le contexte les oblige à se ranger dans la peau d’un arbitrage de maison. La violence des supporters, des propos très ronflants portant surtout atteinte à leur personnalité, leurs comptes ne sont pas mis à jours régulièrement tout cela forme un package qui affectera psychologiquement cet être qui aura comme recours le favoritisme pour retourner sain et sauf dans sa demeure. Si dans la zone CONCACAF, nos arbitres gravissent sérieusement des échelons, dans nos différentes compétitions ils sont obligés d’agir subrepticement.
Le comportement des supporters
Le soutien du 12e homme relève d’une importance capitale pour les différentes formations. À première vue, il représente le véritable atout économique et d’autre part, il possède le grain de sel nécessaire pour l’animation, son coup de tonnerre d’applaudissements, l’entonnation de l’hymne de son club de coeur, qui puisse stimuler les joueurs à donner le maximum d’eux-même. Cependant, la réalité est plutôt différente en Haïti. Dans les coulisses, on a souvent l’habitude d’entendre les entraîneurs et joueurs se plaindre pour la simple et bonne raison, que les supporters les encouragent à une seule condition, qu’ils ont l’avantage au tableau d’affichage sinon ils assistent au match en faisait régner dans les parrages un silence de cimetière.
Ces fans, souvent trop zélés, se transforment en hooligans et s’opposent au bon déroulement de quelques rencontres du championnat soit en lançant des bidons en plastique, des pierres sur les pelouses, en menaçant les arbitres notamment les assistants qui dans certains cas, en sont les principales victimes. Une fois que la décision est en faveur de la formation adverse, les officiers sont les premiers ciblés. Triste, est quand, à travers des propos très ronflants un soi-disant fan dénigre une femme arbitre. Face à la violence, dirigéants et joueurs des équipes ne sont pas épargnés. Le cas est tellement flagrant qu’il y a des terrains qu’on considère comme un enfer terrestre.
Sur l’échiquipier international, le sport ne cesse de gravir certains échelons tout en mettant la technologie de son côté. La dernière invention est l’apparition du VAR (Vidéo Arbitrage) dans le football qui vise tout simplement à réduire le nombre d’erreurs du corps arbitral au cours d’une rencontre. Pas la peine de nous attarder sur cet aspect, vue que le problème d’électricité se trouve au foyer des débats dans notre pays.
À quoi devrait ressembler le championnat national de demain ?
L’instance qui sera en charge de la bonne marche de notre championnat national de demain fera en sorte de prononcer les verdicts dans le plus bref délai que possible et restera dans la voie de l’impartialité quand il s’agira de prendre telles ou telles décisions puisque la locution latine stipule “Dura lex, sed lex”. Elle doit non seulement faire preuve d’autorité et également rappeler aux diverses dirigeants des formations de la Ligue (en espérant qu’on aura une) que nul n’est au dessus des règles régissant la compétition. De surcroît, elle marchera de pair avec la ponctualité afin que le championnat débute à la date prévue et pour se terminer à la date prévue.
Dans notre championnat national de demain, les arbitres agiront en toute âme et conscience, avec la quiétude d’esprit. Ils ne privilégieront pas une équipe par rapport à une autre. En d’autres termes, ils feront de la neutralité leur bouclier et veilleront à l’application des règles du jeu quelque soit la situation. Ils ne troqueront par leur sifflet contre des pots de vin.
On n’est pas sans savoir que chaque peuple à ses croyances, ses coutumes, ses traditions qui lui procurent une certaine identité. Cependant, dans notre championnat national de demain, les pratiques farfelues, la magie, les fameuses histoires du genre “fèmen kan”, “pye monte” et autres ne domineront plus les débats car les formations s’adonneront plutôt au travail assidu, à un sport tout à fait rationnel qui est la vrai voie qui mène à la réussite.
Un de ces jours, dans notre championnat national de demain, on découvrira peut être le nouveau Donald Guerrier, le nouveau Carlens Arcus, le nouveau Jean Jacques Pierre, le nouveau Jeff Louis qui malgré l’état pitoyable du championnat haïtien, malgré vents et marées, resteront avec les yeux fixés sur le succès.
Certes, nous rêvons tous un lendemain meilleur pour notre championnat national, toutefois en restant coincé uniquement dans la version observateur sans avoir ni le courage, ni la volonté de mettre les mains à la patte pour corriger ce qui doit être corrigé et mettre de côté ce qui ne nous aidera nullement à progresser, on continuerait toujours à ballotter dans les airs avec les théories les plus géniales en tête et nous serons noués à jamais à cette situation lamentable. En fait, oser parler de championnat professionnel ne cesserait d’être une blague. Ainsi, notre sport roi serait entre autres la copie fidèle de notre société.
Compendieusement, notre championnat national de demain serait la copie fidèle d’un jazz, où l’état, les dirigeants, les joueurs, les arbitres, les fervents supporters et la presse sportive, cette dernière qui se penche vers le sport international, disant «foutbòl lokal pa entèrese’m» auront la volition de jouer correctement leur partition dans l’unique objectif d’attirer le plus de mélomanes vers la piste pour jouir de cet ensemble bien orchestré.