Symbole de respect et d’humilité, rude travailleur, un homme qui a dédié l’intégralité de sa vie à servir le football haïtien en dépit de sa situation chaotique, lamentable voire même déplorable et au final il a trouvé quoi comme récompense, la mort, Haïti a tué un de ses fils. Son nom n’est autre que Rosemond Pierre (50 ans). Pour certains, il représentait un père qui détenait la formule idéale pour former avec tous ses poulains une famille solide.
En Haïti, quelque soit votre statut, vous n’êtes pas exempt de la vague d’insécurité qui gagne sérieusement du champ soit vous êtes gravement blessés ou on vous fait baigner dans votre sang jusqu’à ce que vous y laissez votre peau. Que vous donnez du plaisir régulièrement aux amoureux du sport, que vous fassiez flotter le bicolore plus haut que les montagnes pour rappeler aux jeunes qu’il y a toujours de l’espoir, vous devez impérativement vous mettre à couvert quand le danger se présente comme si toutes vos sacrifices pour faire la fierté de votre nation était vaine.
En août 2016, le sang de la révolte avait coulé dans les veines des gens de la ville de Mirebalais après avoir vu partir pour l’au-delà, leur valeureux milieu de terrain défensif, Harold Fédé qui avait rendu l’âme après avoir été atteint d’un projectile au niveau de l’abdomen dans la localité de Villard (section communale de Dessalines). Jusqu’à cette présente minute, les autorités judiciaires ont seulement fait appel à la fameuse phrase : «l’enquête se poursuit.» Par conséquent, lumière n’a jamais été faite sur ce dossier.
Deux ans plus tard, la machine de l’insécurité a encore semé le deuil dans le football national. Rosemond Pierre est mort. La cause, personne n’en a une vrai version. La mort de l’ancien coach de l’AS Tigresses, de l’Aigle Noir et du Réal du Cap a secoué la famille du football en général à cause de sa contribution énorme pour un mieux être de notre sport roi mais hélas il a été rattrapé par la mort.
Tour à tour, Wendy Saint-Félix et Valendi Odélus, joueurs du Réal du Cap et Wedson Anselme, ancien joueur de l’Aigle Noir, ont lâché quelques mots après ce départ de l’ex-star des années 90 qui a porté les couleurs de la sélection haïtienne pendant 6 fois pour 2 buts.
Wendy Saint-Félix (latéral droit du Real Hope): “Rosemond était un homme très jovial et avait une pointe intelligence énorme. Fort souvent, il mettait de côté son statut d’entraîneur pour lâcher quelques bonnes blagues et surtout nous demander à garder le droit chemin et viser le progrès grâce à ses conseils salutaires. Quand le moment de disputer une partie était arrivée, il nous demandait de cesser de plaisanter et se motiver afin d’affronter correctement nos rivaux. Après la fessée qu’on a offert aux Cosmopolites, on s’était amusé énormément puis le lendemain on nous a annoncés que Rosemond avait rendu l’âme. Une triste nouvelle qui m’a choqué et déchiré le coeur à cause de la relation qui existait entre lui et moi.”
Luis Valendi Odélus (goalkeeper du Real Hope): “Il était à la fois comme un frère et un père pour moi. Depuis notre rencontre à l’Aigle Noir en 2015, il me sifflait souvent à l’oreille “Mwen vle w ale byen lwen nan foutbòl”. On conversait presque chaque jour. Ce grand homme avait un caractère d’ambianceur avec ses joueurs surtout pendant les séances d’entraînement où il mettait de l’animation pour nous mettre dans le bain du travail. Quand j’ai appris cette nouvelle tragique, je venais à peine de me réveiller, je ne pouvais plus bouger du lit. Malgré tout je ne voulais pas y croire car en dimanche suite à notre promenade de santé contre Cosmopolites on a eu une longue conversation. Puis, j’ai pris mon portable, j’ai essayé de le joindre dans l’espoir d’entendre à nouveau sa voix mais hélas c’était peine perdue. Quelques minutes après, j’ai vu une photo de lui allongé sur le sol, à cause de son côté de blagueur, je pensais que l’un de ses amis l’avait photographié entrain de dormir pour se moquer de lui. En plaçant un autre appel, quelqu’un a décroché pour me confirmer la mort de Ti Rosemond. J’ai été paniqué pendant maintes jours.”
Wedson Anselme (Ancien joueur de l’Aigle Noir) : “Depuis le début de ma carrière, je n’ai jamais rencontré un homme comme Rosemond. Il ne haussait jamais le ton et en dehors du football, on communiquait souvent au téléphone et me rendait visite certaines fois. La mort de Rosemond nous montre clairement que la société ne respecte pas les valeurs et “ou ka wè menm nan lanmò Rosemond kòman yo diskriminel.”
Au passage, les funérailles de Rosemond Pierre seront chantées ce samedi à la cathédrale de Port au Prince.