Capitaines d’aujourd’hui, dirigeantes de demain. Tel est l’intitulé de cet atelier de deux jours organisé cette semaine à Moscou, qui s’adresse aux capitaines des équipes nationales qualifiées pour la Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA, France 2018. La FIFA a souhaité réunir les joueuses et six jeunes arbitres représentant les différentes confédérations, afin de leur permettre de développer leurs talents de leader sur le terrain et en dehors.
“L’absence de modèles pour les jeunes constitue l’un des défis auxquels le football féminin est confronté”, note Sarai Bareman, directrice de la division Football féminin de la FIFA. “Nous voulons aider ces capitaines et ces arbitres à endosser ce rôle en les accompagnant dans l’acquisition des compétences dont elles auront besoin. C’est aussi l’occasion pour nous de leur faire découvrir la FIFA et de leur montrer que nous sommes bien réels et que nous menons de vraies initiatives pour le développement du football féminin.”
L’une des oratrices venues encourager ces jeunes n’est autre que Karina Le Blanc, Légende de la FIFA. L’ancienne gardienne de but de l’équipe du Canada s’est également distinguée comme ambassadrice de l’UNICEF. “Chacune d’entre vous apporte quelque chose d’unique au sport”, a expliqué Le Blanc aux participantes. Elle est également revenue sur le parcours du Canada, passé de la dernière place de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2011 à la médaille de bronze du Tournoi Olympique de Football Féminin, Londres 2012. “Vous menez votre équipe, vous menez un pays. Vous êtes des stars chez vous et si votre pays ne s’en est pas encore rendu compte, croyez-moi, il ne va pas tarder à le faire. Le football féminin a le vent en poupe.”
Malia Steinmetz, capitaine de la sélection néo-zélandaise U-20 et internationale A, semble sur la même longueur d’ondes. Selon elle, l’égalité de traitement salarial entre les internationaux et les internationales, obtenue cette année au terme d’un accord historique, constitue un signe encourageant. “Le football féminin a énormément progressé ces dernières années”, estime-t-elle. “On s’en rend compte en Nouvelle-Zélande, notamment grâce à l’égalité salariale. J’espère qu’il va continuer sur sa lancée et que nous verrons plus de femmes à des postes de responsabilité.”
Alexia Delgado a, elle aussi, constaté d’importantes améliorations dans son Mexique natal depuis le lancement de la première division féminine, en 2017. Mais la capitaine U-20, qui rejoindra l’université de l’Arizona cette année, estime qu’il reste encore du chemin à parcourir. En attendant, elle compte bien apporter sa pierre à l’édifice en affûtant ses talents de dirigeante. “Je veux écrire l’histoire de mon pays. Je veux que les gens se souviennent de moi comme d’une bonne capitaine, d’une bonne joueuse et d’une personne sympathique. Au cours de cette atelier, nous avons partagé nos expériences et nous avons appris les unes des autres à créer le meilleur environnement possible.”
Kari Seitz, responsable en chef de l’arbitrage de la FIFA, est la seule arbitre, hommes et femmes confondus, à avoir officié lors de quatre éditions de l’épreuve suprême. Selon elle, les échanges entre joueuses et femmes en noir profiteront à tout le monde.
“Je veux rendre les arbitres plus humaines. Les joueuses impliquées dans cet atelier ont pu constater que les arbitres sont comme elles”, explique Seitz. “En s’initiant aux compétences de leadership dès leur plus jeune âge, elles n’en seront que plus fortes. Les joueuses, les entraîneurs féminins, les arbitres… tout le monde profite de nouvelles opportunités. Les choses évoluent dans le bon sens et c’est une très bonne nouvelle.”
L’arbitre nigériane Alaba Abigael avoue qu’elle ne s’imaginait bénéficier un jour d’une telle chance, surtout en marge de la Coupe du Monde de la FIFA.
“Je suis tellement heureuse d’être ici, en Russie, et de représenter l’Afrique. Certaines jeunes arbitres au Nigeria ont été encouragées par mon parcours à prendre le sifflet. Elles apprécient ma façon d’arbitrer, mon audace et mon courage. Leurs parents m’ont confié qu’ils voulaient que leurs filles me ressemblent. C’est fantastique !”
L’atelier était animé par Emily Shaw, chef du Développement et de la gouvernance du football féminin, d’autres membres de la division Football féminin de la FIFA et Karl Lines, responsable de l’engagement et du leadership des jeunes de la FA, qui a joué le rôle de présentateur.
Cet événement s’inscrit dans le cadre du renouvellement des programmes de leadership féminins, qui s’appuient sur trois piliers, eux-mêmes divisés en plusieurs étapes. Le premier s’adresse à la jeunesse, le deuxième au développement des personnels des associations membres en charge du football féminin et le troisième se concentre sur l’augmentation du nombre de femmes aux postes de décision.