Le sélectionneur par intérim de la sélection haïtienne de football, Jean-Claude Josaphat s’est confié en exclusivité à Haïti-Tempo sur les Grenadiers qui devront vaincre le Nicaragua en mars prochain en match de barrage pour la Gold Cup 2017, à pratiquement un mois et demi de cette double confrontation l’homme de 51 ans a fait le point pour nous et affirme qu’il va chercher le billet qualificatif.
Bonne lecture!
HT: Revenons un peu sur le tournoi triangulaire caribéen, vous avez accompli une chose inespérée avec les Grenadiers dans un moment de grisaille, comment avez-vous motiver votre troupe pour atteindre cet objectif ?
JCJ: Ça n’a pas été facile de trouver la bonne formule pour remobiliser ce groupe un peu perdu dans sa route, d’un côté avec les nombreux cas de forfaits que nous avions enregistré, et de l’autre côté avec l’abandon du sélectionneur en chef, Patrice Neveu qui, a décidé de jeter l’éponge presque à la veille du début de notre préparation. Mais heureusement qu’on s’était rendu tôt à Trinidad. Ces deux semaines de stage de mise en jambe réalisés, ont été en tout point très bénéfiques pour le groupe. J’avais pris le temps au quotidien pour expliquer aux joueurs l’importance de ces deux matchs barragistes, surtout le risque d’être écartés sur la scène internationale pendant les deux prochaines années en cas d’une élimination. J’avais fait tout mon possible pour redonner de l’énergie positive aux Grenadiers, je jouais beaucoup sur l’aspect volonté et coach Chery Pierre s’occupait très bien de la préparation physique. Les deux test-matchs aussi (contre W Connection et Defence Force, NDLR) nous ont permis de déceler et de combler nos lacunes. Et voilà ils (les Grenadiers) se sont sacrifiés pour s’adjuger le seul billet disponible.
HT: Haïti connaît désormais son adversaire qui est le Nicaragua, que pensez-vous de cette équipe ? Avez-vous une idée ?
JCJ: Je m’ y attendais à ça. Suivant cette zone centre Amérique, ma prédiction a été Nicaragua ou Belize, et justement on est tombé sur l’un d’entre eux. Je ne sais pas grand-chose sur cette équipe, son passé et notre face à face historique, mais c’est un adversaire qui est à notre portée, ça ne veut pas dire bien sûr que nous devons les prendre à la légère. En se basant sur quelques vidéos de la Copa centroamericana, j’y vois bien que les Nicaraguayens sont très techniques comme les Surinamiens cependant, ils sont à notre portée. Je commence déjà à travailler sur leur style de jeu, le système tactique pratiqué.
HT: La majorité des joueurs que vous avez utilisés contre Suriname et Trinidad & Tobago étaient des novices, comptez-vous aborder ces barrages contre Nicaragua avec ce même groupe peu expérimenté ?
JCJ: Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela nous a aidé lors du tournoi triangulaire caribéen, quand vous avez un groupe peu expérimenté à votre disposition il est plus facile de faire passer le message, les joueurs sont beaucoup plus captivants, concentrés et motivés sur le sujet. Cependant tout n’était pas si rose surtout dans la zone de récupération, j’avais pas mal de problèmes avec plusieurs cas d’absence et je profite l’occasion pour féliciter Wilguens Arisrilde pour son travail colossal pendant ces deux matchs, il a fait le boulot comme si c’était un vrai médian défensif, il a été impayable. Sachant qu’une bonne partie du groupe était peu expérimentée, on s’appuyait sur Hérold Jr Charles, un habitué et Mardochée Samuel Pompé qui a un bon passé avec les moins de 20 ans et le Valencia. Pour la rencontre face au Nicaragua, qui se fera dans une date FIFA, ce sera différent parce qu’on aura la présence des expatriés pour faire l’équilibre. Des joueurs comme Johny Placide, Kevin Lafrance, Réginal Goreux, Romain Genevois, Duckens Nazon et Jeff Louis, pour ne citer qu’eux, seront très importants, le challenge reste le mixage entre ce groupe, composé majoritairement avec les joueurs locaux et les expatriés pour planifier ces matchs.
HT: Ces matchs suscitent beaucoup d’attente puisqu’ils représentent l’avenir des Grenadiers, une élimination serait vécue comme un échec total pour le onze national qui sera absent sur la scène internationale pendant deux ans…
JCJ: Les joueurs le savent! Ils ont passé une première étape et maintenant ils restent la dernière, ils devraient en principe beaucoup plus motivés pour arriver à gravir la montagne. L’objectif n’est autre que se qualifier pour la Gold Cup. Nous devons réaliser deux bons matchs face au Nicaragua pour s’adjuger le ticket. Je pense que la rencontre à domicile sera l’occasion pour les joueurs de se réconcilier avec le public, très déçu depuis l’échec contre la Guyane Française. On a une petite faveur avec ces deux récentes victoires contre Suriname et Trinidad, on doit saisir cette chance pour le rassurer avec la qualification pour la Gold Cup 2017 qui est notre mondial à nous.
HT: Vous avez priorisé un système de 4-2-3-1 avec le repositionnement de Belfort sur l’aile gauche, Hérold Jr Charles en maestro en support à Jonel Désiré en attaque pendant les deux matchs face aux Surinamiens et Trinidadiens, serait-il votre système favori pour mener la sélection?
JCJ: Bon, j’ai composé l’équipe avec les moyens du bord mais si ça donne de bons résultats pourquoi ne pas continuer ainsi ? Je connais parfaitement mon groupe notamment Belfort et Blan Solo tout comme Jonel Désiré et Jeff Louis. Je les ai juste mis dans leur poste de prédilection. Kervens Belfort a connu son apogée étant ailier gauche, Hérold comme milieu et même Jonel n’est pas un véritable attaquant de pointe, il est beaucoup plus performant comme ailier. Je veux faire en sorte de tirer le meilleur de tous mes joueurs.

HT: Mais coach, deux médians défensifs contrairement à votre ex- supérieur, Patrice Neveu qui a toujours utilisé 3 et même Marc Collat aussi.
JCJ: Je suis d’accord avec vous mais je dirais 3 sur le papier et deux en réalité, prenons le cas de Kevin Lafrance, il n’a jamais joué comme un milieu récupérateur, il évolue plus dans un registre de meneur mais, moi je préfère jouer avec deux médians, (nèg k’ap fè djòb sal la) puis un métronome, plus doué techniquement qui peut toutefois aider à la récupération.
HT: Vous étiez dans le staff de Patrice Neveu et maintenant l’intérim est assuré par vous, gardez-vous une relation avec lui?
JCJ: En tant que technicien je n’ai aucun intérêt à couper mes contacts avec un collègue. On a eu des échanges après les deux matchs, il m’a félicité pour les deux victoires mais depuis, on ne s’est pas parlé. C’est quand même un modèle, j’ai hérité de son expérience étant un novice sur le plan international.
HT: Le cas de Luis Valendi Odelus, depuis août 2015 il est régulièrement convoqué en sélection mais jamais disputé une seule minute, il a fait toute la préparation avec le groupe lors du stage précédent le tournoi triangulaire mais c’est Guerry Romondt qui a été préféré, n’est-ce pas un paradoxe ?
JCJ: Vous avez évoqué un point important, mais Valendi a besoin de progresser. Il a été sur la liste des réservistes de l’Aigle Noir dans les ultimes journées de la saison passée alors que son club était en difficulté, Il a été convoqué dans la pré-liste tout comme Placide, Céus et Shelson Dorlean, malencontreusement ces 3 derniers ont déclaré forfait avant le tournoi, Guerry Romondt, fraîchement champion avec le Fica, a rejoint le groupe au dernier moment mais mentalement il était plus apte à jouer malgré Valendi avait disputé les deux test matchs. Pour le duel contre Trinidad & Tobago, j’ai pensé à le titulariser après la contre-performance de Guerry mais il était totalement abattu voyant qu’il était une nouvelle fois la doublure en dépit de toutes ces absences.
HT: Deux trophées du championnat national et un super 8 glanés avec l’AS Mirebalais cependant c’est votre premier test en sélection que vous devez qualifier pour la Gold Cup 2017, est-ce le défi le plus important de votre carrière ?
JCJ: Je ne crois pas, avoir la chance d’assurer l’intérim de la sélection senior c’est d’abord l’accomplissement de plusieurs années de travail en club que je vais mettre désormais au profit des Grenadiers. J’ai déjà réalisé un exploit, j’espère accomplir l’autre étape.
HT: Comment voyez-vous votre avenir à la tête des Grenadiers ?
JCJ: Pas de gros commentaire là- dessus, je joue mon rôle tout simplement comme sélectionneur intérimaire, pour combien de temps, je ne sais pas; cependant je ferai tout mon possible pour qualifier le pays pour la Gold Cup.
HT: Êtes-vous prêt à travailler avec un nouvel entraîneur étranger ?
JCJ: Je suis disposé à travailler avec n’importe qui.
HT: Merci de nous avoir gratifié votre temps coach pour faire de cette interview une réussite…
JCJ: C’est à moi de vous remercier parce que vous avez fait le déplacement pour venir ici afin de recueillir mes impressions dans l’objectif de donner une image positive de notre sport. Salutations à tous les lecteurs de Tempo!
(Propos recueillis par Gary Eliézer pour haititempo.com)