Petit frère de l’ancien goleador du Roulado de la Gonâve, Jean Webert Menelas, Sam Colson Pierre (25 ans), est l’un parmi des nombreux joueurs haïtiens qui évoluent dans le championnat dominicain. Ce jeune buteur, également docteur de profession, nous parle de son expérience en République voisine surtout dans la Ligue professionnelle Dominicaine et nous donne son point de vue sur la déportation massive des Haïtiens par les autorités Dominicains.
HT : Vous êtes un peu méconnu du grand public, qui est Sam Colson Pierre en réalité?
SCP : Mon nom est Sam Colson Pierre, je suis né un 18 mars de l’année 1990, donc j’ai 25 ans. Natif de La Gonâve, je suis un ancien joueur du Roulado, je jouai avec les moins de 15 ans. Je laissai Haïti à 18 ans pour la République Dominicaine, afin de poursuivre mes études.
HT : Et comment avez-vous atterri dans le championnat Dominicain ?
SCP : L’an dernier, j’étais le meilleur buteur du championnat, à cette époque je portais les couleurs du club de Vega (actuellement Atletico Vega Real) mais ce n’était pas encore du foot professionnel, et suite à cette performance, le Cibao FC m’a contacté cette saison par le biais de mon agent et me voilà maintenant au FC Cibao.
HT : Vous avez dit que ce n’était pas encore professionnel, comment était l’organisation de ce championnat
SCP : C’était un championnat avec 12 équipes réparties en deux groupes de 6 : le Nord et le Sud avec un système ‘’aller-retour’’, après les 10 journées dans les 2 régions, les deux premiers de chaque zone se qualifieront pour les play-offs qui jouent à la base de visite réciproque puis la finale. Et c’est moi qui a fini en tête du classement des buteurs avec 10 buts pour 8 matchs disputés malgré mon équipe n’était pas qualifiée pour cette deuxième phase.
HT : Comment aviez-vous fait pour rallier l’école et le sport ?
SCP : Ce n’était pas aussi facile pour moi mais, le club m’avait facilité la tâche, j’entrainais avec le groupe dans mes temps libres.
HT : Bien, maintenant vous jouez au même club qu’Hérold Jr Charles, comment est la relation ?
SCP : Parfaite ! Nous vivons au même immeuble mais dans des appartements différents.
HT : Comment expliquez-vous qu’en 14 journées de championnat vous êtes au bas du classement des buteurs avec seulement 4 buts ?
SCP : ça fait plus de 5 journées que je n’ai pas disputé même une seule minute. J’ai contracté une blessure au cours du dernier match de la série aller (9e journée). Maintenant, je suis à la dernière phase de la récupération. Dans une semaine, je vais reprendre l’entrainement.
HT : Comment trouvez-vous le niveau du football Dominicain ?
SCP : C’est un très bon championnat qui, a un niveau acceptable. On retrouve pas mal de bons joueurs et d’entraineurs étrangers qui évoluent dans cette Ligue. Il y a aussi des talents Dominicains qui ont eu une carrière glorieuse ailleurs, qui sont revenus, le cas du capitaine de mon équipe, Heinz Veloz Barmettler qui est un ancien du Real Valladolid (Espagne), mon coach, Albert Benaiges, a passé plus de 20 ans à l’encadrement technique du FC Barcelone, il travaillait avec les jeunes. On a plus de visibilité.
HT : Etonnant, parlez-nous un peu de votre club ?
SCP: C’est un club qui a vu le jour cette année, il est situé dans la ville de Santiago de los Caballeros, la deuxième ville du Pays. Il a pour président : Manuel Estrella, le propriétaire de la compagnie de construction Estrella. On a notre Stade qui est aussi notre terrain d’entrainement.
HT: L’an dernier ça été un championnat amateur, cependant cette saison c’est une Ligue professionnelle, comment avez-vous vécu cette transformation ?
SCP : La nuit et le jour. Par exemple au FC Cibao, j’ai trouvé tout ce dont j’avais besoin, soins médicaux, assurances, de bons Stades et de terrain d’entrainement, un bon salaire, etc. Donc c’est une très grande transformation par rapport à la saison dernière.
HT : Cibao FC est en 5e position avec 22 points, comment comptez-vous redresser la barre pour trouver un billet pour les play-offs ?
SCP : Il nous reste 4 matchs qu’on va aborder comme 4 finales, l’important c’est de gagner 3 d’entre ’eux pour terminer parmi les 4 premiers qui joueront les play-offs. Nous nous préparons d’avantage.
HT : Vous avez dit que le niveau du championnat Dominicain est acceptable et qu’il y a de très bons joueurs… qu’elle différence faites-vous entre le niveau des joueurs Dominicains et celui des Haïtiens ?
SCP : S’il est vrai que le meilleur buteur est un Dominicain (Jonathan Fana 15 buts, NDLR) mais les meilleurs en général restent des Haïtiens, nous avons du talent qu’eux. ‘’Ekip yo se sou nou ayisyen yo konte e nou fè diferans lan tou.’’
HT : Vous êtes également médecin, comment comptez-vous poursuivre votre carrière de médecin et de pratiquer en même temps le football professionnel ?
SCP : ça va aller. Dans un mois, je vais signer un contrat avec le centre de formation du Real Madrid qui est en République Dominicaine et ce sera comme médecin. Plus de 450 enfants seront sous ma responsabilité. Le matin ce sera toujours les entrainements avec mon club étant footballeur, puis étant médecin, je travaillerai avec les enfants dans l’après-midi.
HT: Comment vivez-vous ces derniers instants en République Dominicaine avec la déportation massive des Haïtiens vers le pays sans compter des actes de violences des Dominicains sur des Haïtiens ?
SCP : C’est triste, ça m’a beaucoup affecté. Mais je pense que les dirigeants de notre chère Haïti doivent réfléchir d’une autre manière pour relever le pays.
HT: N’avez-vous pas peur ?
SCP : Pas vraiment.
HT: Merci d’avoir fait de cette interview une réussite Sam, un dernier mot pour clore
SCP : Mon rêve est de défendre le bicolore national, ‘’nenpot lè mwen jwenn posiblite a m’ap fè l ak anpil fyète’’
HT : Haiti-Tempo vous dit merci Sam….
SCP : Merci beaucoup HT
(Propos recueillis par Gary Eliézer pour haititempo.com)