Véritable globe-trotter avec un parcours mouvementé tantôt en Amérique du Sud, du Nord et en Asie dans plusieurs clubs, Sony Nordé est transféré mercredi au FC Zira en Azerbaïdjan. Moins de 48 heures après sa signature, le milieu offensif de 29 ans est déjà buteur en amical alors qu’il n’a joué que 20 minutes dans un nul (2-2). Pour Haïti-Tempo, il évoque ce nouveau challenge dans un long entretien mais aussi quelques vérités sur son passé et également la sélection haïtienne.
HT: Vous avez plutôt un parcours étrange avec des passages en Amérique du Sud, du Nord et en Asie, pourquoi c’est maintenant un pays de l’UEFA ?
SN: Normalement tous les clubs sud et nord-américains voire asiatiques dans lesquels j’ai déjà évolué, m’avaient offert des contrats professionnels à ma juste valeur, ce qui a été différent pour ceux de l’Europe qui voulaient me mettre à l’essai avant. Après la Copa America Centenario, un club turc (Gençlerbirliği Spor, ndlr) m’a contacté et il m’a offert de quoi mais j’ai refusé. Maintenant il y a le FC Zira, ce projet qui m’a convaincu, je me suis dit pourquoi ne pas tenter finalement l’aventure européenne même pour une saison car j’ai signé effectivement pour un an.
HT: Justement un contrat judicieux de ce club turc de D1 que vous aviez refusé, voulez-vous partager avec nous la raison ?
SN: Il faut dire, Antalyaspor s’était intéressé à moi également mais je me sentais assez confortable en Inde. Avec un bon salaire, je me sentais très à l’aise à Mohun Bagan. Tout marchait à merveille pour moi ainsi que ma famille.
HT: 30 ans dans quelques jours (27 juillet), trouvez-vous que c’est l’âge idéal pour tenter l’aventure européenne ?
SN: L’âge n’est qu’un numéro. Sincèrement je ne pensais pas que j’aurais cette chance puis, voilà le FC Zira a manifesté ses intérêts en m’offrant un contrat avec un rôle majeur dans l’équipe, donc je suis content d’être là. Je pense que c’est une super opportunité pour moi. Quoi que vous fassiez dans la vie, faites-le avec passion et discipline, la nature fait les choses sans se presser.
HT: Mais vous êtes comme un prince ou peut-être un roi en Inde pourtant vous avez choisi de laisser Mohun Bagan, y a-t-il un malaise quelque part?
SN: Aucun malaise. Je n’ai jamais eu des problèmes pendant mes 5 ans passés là-bas, on m’a tout donné. Je veux juste avoir une nouvelle aventure et j’ai demandé aux dirigeants de me laisser partir et ils ont accepté.
HT: En terme économique et sportif, peut-on dire que ce nouveau contrat est beaucoup plus important ?
SN: Économique ça peut aller mais je ne viens pas essentiellement pour l’argent, le challenge sportif est très intéressant aussi et je suis très emballé par ceci.
HT: Ouï, nouveau club nouveau défi, quel est l’objectif donc pour cette saison ?
SN: Benh ouais, chaque étape est un nouveau défi qui s’offre à toi. Cependant je me lance des défis personnels pour me challenger, en d’autres termes je serai mon propre challengeur pour se rapprocher de l’objectif qui n’est autre que d’aller le plus loin possible dans le championnat azerbaïdjanais.
HT: Être au FC Zira cela veut dire lutter contre les deux géants de ce championnat: Neftci Baku où évolue Soni Mustivar et Qarabag, désormais ex-club de Donald Guerrier, un challenge de taille…
SN: Je sais. Sachez que rien n’est impossible. Ils sont les deux meilleurs mais ils ne sont pas imbattables, on peut rivaliser avec les favoris. Certainement ce ne sera pas facile cependant on va essayer.
HT: Vous êtes là depuis quelques jours, comment se passe votre adaptation jusqu’à présent ?
SN: Je ne m’entraine pas avec le groupe car j’ai des travaux spécifiques avec le préparateur physique afin d’être à point. Tout le monde est cool ici, les joueurs comme le staff technique. Le coach m’a mis à l’aise en me disant qu’il va m’utiliser dans une position idéale pour le bonheur de l’équipe.
HT: Et pour la langue, comment faites-vous pour communiquer ?
SN: Je me suis très intégré, il y a quelques joueurs qui parlent anglais dans le groupe, il y a aussi un venant du Paraguay qui parle l’espagnol puis deux Français.
HT: Vous allez porter désormais le dossard 11 dans ce nouveau club, pourquoi ce changement ?
SN: C’est un choix par défaut. À mon arrivée, je réclame le numéro 10 ou le 16 mais ils sont déjà les propriétés de deux autres joueurs de l’équipe, parmi ceux disponibles, j’ai opté pour le 11 par rapport aux 5, 17 et 25.
HT: Justement pourquoi cherchez-vous toujours à récupérer le dossard 16 ?
SN: C’était mon numéro de maillot quand j’étais au Boca Juniors en Argentine, donc partout où je passe je réclame le 10 ou le 16.
HT: On ne saurait terminer cette interview sans parler de la sélection haïtienne. La prochaine compétition c’est la Ligue des Nations et vous n’avez plus été appelé depuis quelque temps, pensez-vous avec ce nouveau départ que vous aurez une nouvelle chance pour refaire partie des Grenadiers surtout après cette belle performance à la Gold Cup 2019?
SN: Je ne suis pas venu dans un club européen pour réintégrer la sélection. Pour l’instant, je ne me prends pas la tête avec ça. Ce groupe de joueurs qui a disputé la Gold Cup a donné le sourire au peuple haïtien, il y a des gens près de chez moi qui m’ont confié qu’ils ne supporteraient plus l’Argentine et le Brésil car ils ont maintenant une sélection capable de rivaliser à d’autres cadors, cela m’a fait grave plaisir. Ces Grenadiers ont séduit plus d’un et ça c’est un constat. Je pense qu’il faut conserver ce groupe pour développer une habitude entre les joueurs pour avoir une équipe plus soudée dans le futur.
HT: Mais seriez-vous prêt toutefois pour um éventuel retour en cas d’une convocation ?
SN: Bien sûr. Si on fait appel à moi je viendrai avec plaisir, je ne dirai jamais non mais je ne me prends pas la tête avec ça.
HT: Merci Sony ! c’était un plaisir, bonne chance pour la saison !
SN: Tout le plaisir a été pour moi. Merci.