Par Douby Jean
La seconde demi-finale de la dernière phase des éliminatoires de la coupe du monde féminine des moins de 20 ans a vu l’élimination d’Haïti face au Mexique en séance de tirs au but (4-2) après un nul (1-1). En dépit de ce mauvais pas, quelques Haïtiens ayant fait le déplacement n’ont pas caché leur satisfaction.
Qui a dit que les Haïtiens ne sont pas attachés à leur drapeau ? Eh bien, ils ont encore prouvé à quel point, ils aiment leur pays. Non seulement, ces fils et filles de Dessalines se sont déplacés massivement au stade Félix Sanchez mais on pouvait entendre cette animation hors du commun avec ces voix qui répétaient sans cesse “Haïti, Haïti, Haïti” ou encore “Oye, Oye, Oye”. Donc, pour essayer de renverser le Mexique, Corventina et ses coéquipières avaient le plein support du 12e homme.
Haïti était à rude épreuve. Sans se voiler la face, on savait que pour passer cette phase, les sacrifices devraient être de taille. Les Grenadières étaient dans le coup et que de dire de ce coup de canon de Melchie Daelle Dumornay qui a secoué le stade et rendu fier ses compatriotes. Bref, si le résultat final nous a fait défaut, il y avait de quoi à être fier de ces pépites en témoigne certaines personnes.
Abdiel Lorméus, jeune étudiant en génie civil, a pu regagner le stade avant le coup d’envoi de la seconde partie. Quelques minutes plus tard, il a été charmé par le coup-franc de Corventina : “C’était incroyable quand on a marqué ce but et également une sorte de délivrance parce que je l’attendais avec impatience. La joie était était très intense et cette réalisation était du grand art.” Celui qui a été conquis par la prestation des Haïtiennes a parlé de l’issue du match : “J’étais un peu déçu du résultat mais content et fier de l’équipe toute entière.”
Pour Agar Bethsabée Croichy, jeune étudiante, ce fut vraiment surprenant de voir comment les Haïtiens mettaient de l’ambiance à chaque fois que leur pays trouvait le fond des filets : “Je dirais que le match d’hier se résume en une phrase : tous ensemble pour une même cause. Avec beaucoup d’étonnement, j’ai pris le plaisir de contempler ces visages remplis de joie et d’émotions. Ces inconnus qui se parlaient, chantaient, riaient, célébraient à chaque but marqué et qui, avec tant de fierté faisaient flotter notre bicolore.
Et pour elle, la prestation des Grenadières était vraiment exceptionnelle : “Je me permets de dire que le mot «perdante» serait hors terme pour qualifier notre équipe car cette dernière s’est donnée corps et âme et jusqu’à la dernière goutte de sueur elle a donné le maximum.”
Nerlin Saint-Vil accompagné de toute sa famille était présent au stade. Il a encensé Corventina et nous dit comment il a vécu ce bijou : ” Pour moi, Melchie est la meilleure joueuse haïtienne en ce moment. Avant même qu’elle ne tire ce coup-franc, j’avais le pressentiment que ça allait faire mouche et voilà que la balle a terminé sa course au fond des filets. J’étais débordé de joie et j’ai célébré le but comme un fou. C’est surtout après les buts de Messi que je fêtais un but de la sorte mais celui de Corventina m’a traversé.” Dans tout ça, il y a la réaction de sa femme qui voulait à tout prix être prise en photo avec la star haïtienne : ” Ma femme m’a même supplié de l’emmener voir Corventina car elle voulait se faire prendre en photo avec elle. Ce n’était pas une chose aisée mais on a réussi à monter dans le bus et immortaliser le moment.”
Contrairement aux autres, le joueur de l’Atletico Pantoja n’a pas été totalement satisfait à cause de la façon dont le Mexique a pris le billet : “Je ne suis pas à cent pour cent fier car je revenais à peine de l’entraînement. Malgré la fatigue, j’ai pu emmener ma famille voir le match. C’est la manière dont on a pris la sortie qui m’a boulversé. On n’a pas été éliminé à la séance de tirs au but mais depuis le but égalisateur du Mexique. Peut être si les Aztèques nous avaient dominées par deux ou trois buts d’écart, j’aurais sûrement une autre réaction. Je ne vais rendre personne responsable de la chute mais notre gardienne doit travailler davantage sinon ce goût amer va rester sur nos lèvres. Je n’ai vraiment rien à reprocher aux filles.”
“J’étais heureuse et très fière quand l’équipe haïtienne a marqué son premier but. Je hurlais de joie, je sautillais les mains en l’air. Ce but avait mis tout le stade en branle, car les Haitiens étaient nombreux à venir supporter l’équipe.” nous a fait savoir Vahuna Croichy, une jeune supportrice de 17 ans.
On avait vu pleurer les filles après la fameuse séance de tirs aux buts, ce qui a un peu attristé Vahuna : “Néanmoins, à la fin du match, j’étais assez déçue de notre défaite et voir pleurer certaines joueuses de l’équipe m’avait un peu attristé.” Par ailleurs, elle n’a pas caché sa satisfaction : ” Mais, ce match m’a beaucoup plu, je me suis vraiment amusée. Les filles ont fait de leur mieux et moi, c’est ce que je juge le plus important.”
Il semblerait que la combativité de l’équipe haïtienne avait avait épaté Jerry Yvener Plaisimond: “J’ai été subjugué par la performance de l’équipe féminine haïtienne qui a fait preuve d’une grande capacité physique durant tout le match. Avec un incroyable but sur coup-franc marqué par Dumornay qui a créé en moi une certaine fierté et un enthousiasme incontrôlable à supporter de manière plus chaleureuse l’équipe.”
“L’égalisation de l’équipe adverse ne m’a pas dutout découragé, au contraire cela m’a permis de voir jusqu’où peut aller l’envie de gagner de l’équipe, les filles ont tout donné, pour elles, gagner était primordial.
Le match s’est terminé en faveur de l’équipe mexicaine mais je ne considère pas cela comme étant un échec pour l’équipe haïtienne car elles ont fait beaucoup d’efforts, à part quelques petites imperfections mais c’est quand même à féliciter. J’ai été déçu de ne pas voir l’équipe remportée la victoire et en même temps fier d’avoir vu le parcours de l’équipe jusqu’en demi-finale.” a-t-il conclu.
Même dans la défaite, on peut toujours tirer quelque chose qui a ravivé notre coeur. De ce fait, la bataille livrée par les petites grenadières a été de très haute couture du genre de celle qui a fait rêver toute une nation.