Les 26 et 27 février écoulés Haïti a accueilli la 29e assemblée de la Caricom. L’un des points à l’ordre du jour a été la libre circulation de tous les membres de cette entité régionale. À l’issue de cette assemblée, les pays membres ont accepté que les citoyens haïtiens détenteurs de visas américain, Schengen et canadien pourront circuler d’ici fin mars librement dans la région. Une décision qui suscite des débats. Ainsi, la présidente de la Fédération haïtienne de volleyball (FHVB), Margareth Graham, a présenté à Haïti Tempo les contraintes rencontrées par sa fédérations tout en donnant son point de vue concernant l’attente du secteur sportif auprès de la Caricom.
HT : Quelles sont les contraintes que le volleyball haïtien rencontre dans les pays caribéens ?
MG : Les contraintes auxquelles font face le volley haïtien dans les pays caribéens sont celles auxquelles font face toutes les disciplines sportives. Je les énumère:
1- Difficultés d’obtention de visa de visiteur, due essentiellement à l’absence dans le pays de bon nombre de missions diplomatiques des pays de la Caraïbe. En exemple, en vue de la participation de deux sélections haïtiennes à un tournoi régional qui se tiendra à Paramaribo à la fin du mois de mars, cela fait deux semaines que la FHVB essaie de confirmer comment et où obtenir un visa d’entrée au Suriname. En vain. Dans certains cas, nous sommes forcées d’envoyer les passeports à Washington pour le visa d’entrée du pays hôte d’un tournoi régional.
2- Le coût des visas d’entrée peut être prohibitif. Payer 85 $ US pour un visa d’entrée à Trinidad & Tobago n’est pas évident pour des délégations sportives, déjà en proie à toute une série de dépenses liées à leur participation aux tournois régionaux.
3- Connexions aériennes extrêmement difficiles, irrégulières ou quasi inexistantes. Ceci force les délégations à transiter à travers plusieurs pays de la zone avant d’arriver à destination.
4- De ce fait, les déplacements dans la zone deviennent extrêmement coûteux. En exemple, le billet aller-retour Trinidad-Haïti, en passant par le Panama, coûte plus de 1 200 $ US et peut aller jusqu’à 1 500 $ US. Pour une délégation de 32 personnes (deux équipes de volleyball ou une équipe de foot), cela fait déjà 48 000 $ US en billets d’avion seulement.
5- Autre cas de figure : transiter dans d’autres pays de la zone avant d’arriver à destination vient avec l’obligation d’obtenir des visas d’entrée dans ces pays de transit ou des visas de transit. En exemple, aller à Trinidad en passant par la République dominicaine force les délégations à obtenir un visa d’entrées multiples du consulat dominicain. Ce visa coûte 225 $ US par personne.
HT: Qu’attendez-vous de la Caricom pour le sport haïtien ?
MG : Contrairement aux autres nations qui font partie de la Caricom, la convention qui lie Haïti à la Caricom ne prévoit pas la libre circulation des personnes détentrices d’un passeport haïtien à travers les pays de la Caricom.
Cependant, cette convention prévoit la libre circulation des athlètes (ou permis d’entrée sans visa), moyennant des prérequis qu’aurait dû mettre en place le gouvernement haïtien. J’ai récemment entendu l’ambassadeur haïtien près la Caricom, Monsieur Robenson Noël, en parler brièvement lors d’une entrevue télévisée. Ces dispositions préalables à la libre circulation des athlètes attendent d’être mises en place par le gouvernement haïtien. Quelles sont-elles et pourquoi elles ne sont pas encore mises en place, je ne sais pas. Si elles l’étaient, les problèmes d’obtention de visa par les délégations sportives haïtiennes seraient du passé.
HT: À votre avis, le MJSAC a-t-il un rôle à jouer en ce sens ?
MG: À mon avis, sur ce sujet, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC) devrait jouer un rôle de catalyseur et d’encadreur, en droite ligne avec sa mission qui est d’encadrer les fédérations et associations sportives et la jeunesse sportive du pays. Comment ?
1- En travaillant étroitement avec les fédérations, qui auront des équipes nationales en déplacement, pour l’obtention de visa de courtoisie des pays de la Caricom.
2- Parallèlement, en mettant en place les exigences et dispositions administratives, stipulées dans la convention qui lie Haïti à la Caricom, de façon à assurer la libre circulation des athlètes haïtiens dans les pays de la Caricom.