Par Douby Jean
Pendant l’année 2020, plusieurs dossiers d’agressions sexuelles ont été sortis des tiroirs dont celui de l’ancien président de la Fédération Haïtienne de Football en l’occurrence, Yves Jean-Bart qui a été éjecté du siège qu’il a occupé pendant plus de deux décennies.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’Yves Jean-Bart a été accusé d’avoir abusé sexuellement des joueurs logés au Centre FIFA GOAL. Si dans un premier temps, la justice haïtienne l’a blanchi par faute de preuve ou encore parce que les victimes n’ont pas porté plainte, dans un second temps, l’instance suprême du football à savoir la FIFA a décidé autrement car Dadou a été banni à vie de toute activité ayant rapport avec le football.
Plus d’un était monté au créneau après le verdict de la justice haïtienne. Même s’il n’est pas question de montrer que tout marche à merveille au sein de l’appareil judiciaire ici en Haïti mais peut-on le prendre pour fautif dans une affaire où aucune plainte n’a été déposée ? Pourquoi les victimes ne veulent pas sortir de leur trou ? Quelle est la part de responsabilité des journalistes sportifs haïtiens dans ce cas?
Nous vivons dans une société où les gens détenant le pouvoir en font souvent usage pour assouvir leur soif et pensent qu’une fois qu’ils se trouvent au sommet de la hiérarchie rien ne peut leur résister. Dans de nombreux cas, les femmes en sont leurs principales victimes. Ces derniers croient dur comme fer que le potentiel des femmes est juste un détail mais que pour que celles-ci puissent avoir un boulot ou une promotion, elles devraient avoir des relations intimes avec eux. D’où, les harcèlements sexuels ne font qu’accroître au fil des années.
Par ailleurs, quand il s’agit de trancher ou de pointer du doigt le coupable, la justice ou encore la société a souvent tendance à se focaliser d’abord sur la classe sociale des deux parties. Dis moi à quelle classe sociale tu appartiens et je te dirai peut être à quel verdict tu auras droit. Vérité de la palice ! En favorisant les plus riches, l’appareil judiciaire ne fait que contribuer à l’accroissement de ces actes barbares. De plus, les plus riches utilisent d’autres moyens de pression sur les victimes. Qui oserait se présenter devant un juge tout en sachant que c’est une bataille perdue d’avance? Dès lors, les bourreaux ont libre cours et les victimes n’ont qu’à vivre avec cette cicatrice qui hante leur rêve.
Il est important de se demander pourquoi c’est un étranger qui a fait jaillir la lumière sur ce dossier et les journalistes sportifs haïtiens ne devraient-ils pas avoir honte? En Haïti, il y a des terrains sur lesquels personne ne veut s’aventurer juste par peur de se faire rattraper par la réalité. Victimes et journalistes cadencent entre peur et manque de confiance. Certes, ceux qui ont fait choix de ce métier connaissent déjà les risques et avec un salaire misérable, ils vont sûrement se demander en quoi est-il important de courir ce risque ? De fait, ils se trouvent entre l’accomplissement de leur devoir et le pourquoi de mettre leur vie en péril.
De plus, si les victimes ne font pas confiance à l’appareil judiciaire oseraient-elles déballer tout ce qu’elles savaient au micro de la presse haïtienne tout en sachant que ce dossier pourrait rester à jamais dans les tiroirs et qu’en retour, elles auront droit à des menaces de part et d’autre. Mieux vaut se taire que de se confier au diable. C’est sûrement pour les raisons mentionnées là-haut qu’elles ont dû se tourner vers l’extérieur.
Il est clair que cette année ne sera pas de tout repos pour le football haïtien puisque la sélection haïtienne n’a toujours pas de sélectionneur et un comité de normalisation devrait reprendre les rênes afin de redresser la barre et préparer les élections. En tout cas, on espère que le soleil réapparaîtra aussi rapidement dans le ciel de notre sport roi.