En moins de 24 heures, le Docteur Yves Jean-Bart a connu deux sorts. Après de nombreuses allégations faites sur lui incaguant viols sur des mineurs, le Président de la FHF a été innocenté par la justice haïtienne. À contrario, la FIFA, par le biais de sa Commission d’éthique, vient de le suspendre à vie de toute activité liée au foot. Deux décisions qui vont jusqu’à pousser l’homme en question à saisir le Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Et la toile s’enfle.
Que ce soit le domaine, il existe un certain nombre de problèmes qui conduisent les gens à se poser des questions sur le sens de leurs actes et sur la nécessité de normes de comportement à respecter. Et c’est pour l’une des raisons que l’éthique a gagné en importance et d’un cran dans les discours et les grands débats. Au moment où nous parlons, une panoplie de décisions triviales apparait de plus en plus complexe du fait qu’on a tendance à assimiler les verdicts de la justice et ceux résultant de nos actions morales.
Dadou blanchi par la Justice haïtienne !
Plusieurs mois après son audition au Parquet de la Croix-des-Bouquets pour son implication présumée dans la dubitable affaire d’abus sexuel sur des minotes au Ranch, Yves Jean-Bart a connu son sort auprès de la justice haïtienne. En effet, jeudi, le juge d’instruction auprès dudit tribunal a rendu une ordonnance de non-lieu sur le dossier de l’ancien Président de la FHF, pourtant ses soit-disant bévues ont fait le tour du monde. Pour plus d’un, la justice haïtienne semble adopter cette décision grosso-modo au prétexe de non-existence de lamentations inouïes et formelles des principales victimes.
Un véritable marasme des affaires !
D’autre part, la FIFA dans sa décision, la chambre de jugement a établi qu’Yvyes Jean-Bart avait enfreint l’art. 23 (Protection de l’intégrité physique et mentale) et l’art. 25 (Abus de pouvoir) du Code d’éthique de la FIFA et a prononcé à son encontre une interdiction à vie de toute activité liée au football (administrative, sportive et autre) aux niveaux national et international. Il devra en outre s’acquitter d’une peine pécuniaire évaluée à 1 000 000 CHF. C’est donc une procédure qui s’insère dans le cadre d’une vaste enquête concernant le septuagénaire et d’autres membres de la FHF, identifiés comme ayant possiblement été impliqués (en tant qu’auteurs principaux, complices ou instigateurs) dans des actes d’abus sexuels systématiques envers des joueuses mineures entre 2014 et 2020. Les démarches de suspension concernant les autres officiels sont encore en cours si l’on se fie au communiqué de l’instance suprême du foot.
La Justice ou l’Éthique, à tort et à travers ?
Ce qui est important de mentionner après avoir balancé les deux décisions, il est d’une absolue nécessité de distinguer la loi juridique et l’éthique. La justice vise toujours à compenser les différences, à rétablir l’égalité, de chacun avec chacun en tant que personne, et non plus en tant que sujet de désir (ce qui relève de l’ethos). Cette justice dont on parle et surtout le droit sont donc formels. La réalité des différences constitue un fait incontournable et c’est en raison de leur existence que les hommes émergent d’un nouvel écosystème et arrivent à s’y incorporer. Soi, Autrui et les choses, tels sont les 3 problèmes ultimes que se pose l’homme. Et l’on ne pourrait leur apporter aucune solution rationnelle. Dans de telles conditions, on ne pourrait donc que rester au milieu des alternatives en essayant de s’appuyer sur
des raisonnements d’arétologie pour s’en sortir.
Par ailleurs, l’éthique est toujours matérielle. La question des rapports entre le droit et l’éthique a surgi à une époque bien précise. Dans cet article, on pourrait avoir peut-être une meilleure entrée dans la problématique. Il faut dire que la justice ne règle pas tous les conflits qui peuvent se présenter. Elle ne tranche que ceux que le politique entend régler sur ce mode. Au-delà, ses adeptes n’ont en tant que tel rien à dire sur l’éthique qui peut donc à ses yeux reprendre tous ses droits.
Par conséquent, il est donc naturel que l’éthique entre dans la discussion sur ce que le juriste entend faire entrer dans l’ordre juridique. Ce n’est pas anodin, les règles déontologiques ne sont pas celles du Droit. Elles sont élaborées par des professionnels en ayant pour but d’assurer un certain ordre dans les activités, résultant tout de même de la pratique.
Beaucoup de personnes valideront cette précision concernant le dossier de Dadou Jean-Bart. Une affaire si bien complexe. On me rétorquera qu’il y a bien des experts de la justice optant pour leurs intérêts mesquins. Dans les lignes ci-dessus, on affirme qu’il y a des différences essentielles. Contrairement aux juriconsultes, les éthiciens n’ont pas de texte à suivre. Ces derniers ne doivent et ne se laisseront pas obéir à des rites. Ils n’ont pas de compte à rendre, suivant des procédures spécifiques, sur la rationalité de leurs acte. Il s’agit d’abord d’analyser les causes d’une situation éthiquement contestable.