En Haïti, le football féminin est pratiqué depuis plusieurs années mais vivait dans l’ombre médiatique de son homologue masculin. Cependant, il s’est accéléré jusqu’à atteindre son apogée en 2018 grâce au nombre croissant de joueuses produites par l’Académie “Camp Nous” et aux résultats spectaculaires des équipes nationales sur le plan continental voire en compétitions internationales.
Dans un pays où les voies du succès sont presqu’impénétrables, le football reste l’une des meilleures options pour les jeunes de devenir de véritables stars. Pour le confirmer, en 2018, des jeunes Haïtiennes, certaines dans l’ombre à l’époque, ont vite marqué l’histoire. Alors que le niveau de leur championnat est encore loin de tutoyer les sommets, Corventina, Sherly Jeudi, Rachellle Carémus et consorts ont réussi à attirer la grande foule avec leur virtuosité.
Aujourd’hui, les femmes ne sont plus considérées comme des meubles de ménage. On parle là des droits à leur égard et l’on fait fi donc de toute idée phallocratique dans tous les domaines. Au niveau sportif, la différence reste vivement physique. D’abord parce qu’en moyenne les femmes ne sont pas aussi rapides ou puissantes que les hommes. Cette différence est aussi physiologique et liée à l’évolution du sport féminin: la qualité et l’intensité de la préparation physique sont encore limitées.
Le football féminin prend son envol !
Aujourd’hui, le foot féminin est, sous-entendu, plus prisé que son homologue masculin en Haïti, si l’on tient compte des commentaires des supporters présents dans les matchs du championnat et la préférence du numéro 1 de la Fédération Haïtienne, Yves Jean-Bart qui, pour lui les activités concernant le sport féminin sont plutôt un passetemps. Le public n’assiste plus au spectacle folklorique de nos joueuses, le jeu est devenu plus sérieux et continue à être apprécié. Tout a changé d’ici quelques années et cela sera largement au bénéfice du pays. Depuis la participation des Grenadières à la Coupe du monde U20 l’été dernier, le football féminin connaît un enthousiasme exceptionnel et profite d’une visibilité conséquente. Il faut rappeler que les terrains se remplissaient davantage, lors de quelques rencontres de la dernière édition du championnat qui a vu les Tigresses couronner pour la 6e fois de suite, une véritable razzia qui s’explique par la force d’un collectif solidaire, rarement chamboulé, et l’ambition partagée entre des joueuses qui se connaissent en club et en sélection.
On espère que cet effet du Mondial se fait sentir pendant encore plusieurs années. Il sera aussi à l’avantage de nos filles, avec un public comme celui des hommes. Si la D1 masculine a bénéficié de quelques matchs diffusés par Canal+ la saison écoulée, on attend que cette chaîne prenne en considération nos Grenadières avec un dispositif offrant une visibilité inédite au football féminin.
À noter, l’Académie Camp Nous qui a formé Nérilia Mondésir, Corventina, Batcheba Louis et d’autres talents sûrs, a officiellement été inaugurée le 30 mai 2012. Chaque année, la Direction Technique Nationale organise des sessions de détection pour renouveler ou pour augmenter le nombre d’enfants au centre, sis au ranch de Croix-des-Bouquets, comptant de diverses catégories: U-13 filles, U-15 filles, U-20 filles et séniors filles.