Par Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre
Le football haïtien demeure en suspens depuis juin 2021, principalement en raison de l’insécurité qui a prévalu à travers le pays. Cet arrêt a laissé un vide significatif, mais depuis la fin de 2023, des initiatives du Comité de Normalisation laissent entrevoir une possible reprise, notamment du championnat national de première division.
Depuis plus de deux ans, aucun championnat officiel n’est disputé sur le territoire. Seuls des tournois locaux organisés par des particuliers dans certaines villes du pays ont partiellement comblé ce vide. Les sélections nationales demeurent toutefois actives, bien qu’elles ne puissent disputer aucun match officiel sur leur propre sol. La situation sécuritaire de plus en plus complexe entrave bien plus que le sport.
Un premier pas vers la reprise du championnat
Depuis le scandale d’abus sexuels impliquant l’ancien patron de la Fédération Haïtienne de Football (FHF) le Dr Yves Jean-Bart, la FIFA a institué un Comité de Normalisation dirigé par M. Luis Hernandez pour globalement « réguler » ladite fédération. Le mandat de ce comité a été une nouvelle fois renouvelé par la FIFA le 30 novembre 2023, avec l’ajout au mois de janvier d’un nouveau membre, Madame Gally Amazan.
Au milieu des avis divergents quant à la possibilité de relancer le football haïtien qui ont émergé ces derniers mois, les dirigeants ont entrepris certaines démarches, comme des réunions avec des dirigeants de clubs, jusqu’à annoncer le mercredi 27 décembre 2023 sur les réseaux sociaux, une entente pour la reprise du championnat national de première division. Avec une configuration particulière par zone, qui prendra en compte la réalité sécuritaire difficile qui est à l’ordre du jour.
Les clubs ont répondu à l’appel
Depuis cette annonce, les clubs ont un peu bougé. Certaines équipes comme Violette AC, Ouanaminthe FC et AS Capoise ont repris le chemin des entraînements alors que d’autres comme Racing des Gonaïves, Real Hope Academy, Tempête et Baltimore ont lancé des stages pour recruter de nouveaux talents pour renforcer et éventuellement pallier des absences au sein de leur effectif.
De son côté la FHF a organisé un symposium des entraîneurs les 14 et 15 janvier à l’intention des techniciens des clubs de première division. Elle a également rendu publique une note qui fixe le statut des joueurs en leur rappelant qu’ils seront considérés comme membre de leur même équipe que d’avant l’arrêt des activités, sauf en cas de transfert respectant les statuts de la FHF.
Les enjeux sont énormes
Même si officiellement aucune date n’est fixée pour la reprise, des interrogations émergent. Durant les trois premières années, les voix s’élevaient de temps à autre pour critiquer l’inaction des membres du Comité au regard de la mission qui leur était confiée. Aujourd’hui et alors que la situation globale du pays ne s’est pas améliorée, peut-on parler d’une réelle tentative de relance ou simplement d’une démarche pour montrer l’activité du Comité de normalisation ?
Comment la FHF prévoit-elle concilier l’enthousiasme pour la reprise du sport roi et les difficultés de taille qui existent tout autour ? 2 ans sans activité ont probablement fait couler de l’eau sous les ponts déjà en mauvais état du football haïtien. Le rapport entre les joueurs et les clubs a certainement sa place sur la table des débats puisqu’il n’y a pas que la situation sécuritaire à considérer, l’aspect économique est très important. Et dans toutes ces considérations, le public sera-t-il assez convaincu pour monter à bord?
Les enjeux et les incertitudes entourant cette démarche n’offrent aucune garantie quant à sa réussite. Néanmoins les récentes activités des pensionnaires du championnat laissent profiler à l’horizon un quelconque renouveau du football haïtien. Il viendra certainement le temps pour le Comité de montrer la portée réelle de ses démarches.