La litanie des plaintes des fans bleu blanc envers et contre tous s’est entonnée dans les travées de Sylvio Cator et en dehors.
À peine retourné en Division 1 ce dimanche 25 mars au Stade Sylvio Cator, le Violette a revécu ses tourments d’il y a deux ans : défaite 0-1 face au Cavaly, but de Lems Lanéus à la 63e minute. Et la litanie des plaintes des fans bleu blanc envers et contre tous s’est entonnée dans les travées de Sylvio Cator et en dehors.
À la vérité, au moment où les joueurs des deux équipes regagnaient les vestiaires après l’échauffement pour la montée officielle, Emmanuel Georges, ancien international et membre important de l’encadrement technique et administratif, était soumis à l’interpellation sévère d’une dizaine de fans inquiets, bien avant le coup d’envoi, de la valeur de l’effectif qu’ils ont vu s’échauffer : « Vous ne voulez pas acheter de joueurs », fulmine un fan, repris en chœur par une poignée d’angoissés. « Vous n’êtes même pas foutu de donner un bon traitement à la seule star de l’équipe », Boucicaut, reproche un autre par l’attroupement attiré, et tout essoufflé par la longue course consentie du haut de la partie nord de la tribune jusqu’à l’entrée du terrain. « Il faut de l’argent, commençons dès maintenant », rétorque Georges, mi-sérieux, mi-ironique.
Les échanges auraient pu s’animer même pendant le match si Georges n’avait pas profité de l’appel empressé d’Edouard Jean-Baptiste, ancien joueur et éternel masseur du club, pour filer au vestiaire, un peu amusé d’avoir laissé cois ces fans qui n’ont de richesse que leur âme de violettiste. Et le docteur Jean-Marie Fritz Henry, homme à tout faire au club depuis plus de deux décennies, avec un humour dépité, renvoie la balle dans le camp de Boucicaut, présent sur les lieux, serré par un t-shirt d’un rouge vif, couleur du Cavaly, l’adversaire du jour : « Ne voyez-vous pas que Boucicaut, tout en rouge, est venu pour le Cavaly ? Demandez-lui donc pourquoi il ne joue pas pour les Léogânais ? »
La crainte des fans était justifiée. Pas une seule fois, le gardien léogânais, Jospi, n’a été mis à contribution. En revanche, pour que le Violette sorte indemne du terrain à la fin de la 1re mi-temps, il a fallu une maladresse d’âne dans les pieds des attaquants cavalyens, Peterson Jean (11e, 28e), Alex Milien (17e) et Lems Lanéus (39e). Cependant, ce dernier crucifia au propre le gardien du Violette par une belle volée croisée du pied droit (1-0, 63e). La petite poignée de fans du Cavaly trouva en quelques confrères racinistes, amers de remplacer le rival bleu et blanc en Division 2, une petite amplification à leurs cris de joie.
Toutes les vociférations des fans du Violette lancées contre le banc dirigé par Wedner Dorcé ne contribueront point à une réaction habile des joueurs du Violette emmenés par leur avant-centre « Caïman », bien pris par la paire centrale expérimentée du Cavaly, Foreste et Joseph. La domination bleu et blanc en fin de match aura été stérile, pas les récriminations des fans du Violette, restés nombreux conférer sur le parking de Sylvio Cator.
Max Lélio Joseph, Les Vorbe, Vorbe et Fils, Raphaël Pierre, Sogener, Marzouka, des personnalités violettistes ou des sociétés industrielles ou commerciales appartenant à celles-ci, sont soit louées pour leurs actions passées, soit clouées au pilori pour leur indifférence présente, leur négligence, ou, reproche plus grave, leur refus de céder un zeste de pouvoir au sein du Violette à des personnalités indépendantes qui offrent leur temps, leurs moyens économiques et leur savoir-faire au secours du club.
La justification des défaites par le manque de moyens des clubs de Port-au-Prince est contestée par les succès des clubs de Saint-Marc. Et il y a une compagnie citée plus haut, sponsor chaque année d’un groupe de carnaval, Sogener et King Posse pour ne pas les nommer, propriété d’une famille synonyme de Violette, qui laisse mourir le club, s’exclame Vladimir, « toujours présent aux entraînements », et qui paie son billet d’entrée.
Et puis, dernier coupable à être cité au tribunal du peuple violettiste : la Fédération haïtienne de football, qui refuse de faire marcher la génératrice qui permettrait de faire jouer les matchs en nocturne. Comment voulez-vous que les gens viennent au stade à quatre heures de l’après-midi dans un lieu aussi chaud et dans une ville de débrouillardise comme Port-au-Prince ? argumente Vladimir.
Se lè on moun fin brase ou ka al nan match, jure-t-il.
Patrice Dumont
patricedumont21@hotmail.com
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