Il y a 12 ans, la sélection haïtienne, entrainée par le Cubain Luis Armelio García, remportait la Coupe caribéenne des nations en battant celle de Trinidad dans son fief (2-1). Une finale haletante, à la préparation mystérieuse, qui a bouclé un long parcours disséminé d’embûches depuis les tours de qualification.
Une compétition de grande envergure depuis la nuit des temps !
La Coupe de la Caraïbe reste un tournoi de grande valeur et représente le plus important jamais réalisé dans la région. Bien que la Gold Cup soit plus prestigieuse et compétitive, cette coupe de la CFU ne quittera jamais la salle des trophées de la sélection nationale. Organisée depuis en 1978 sous le nom de CFU Championship où les Haïtiens avaient été sacrés en 1979 en terre surinamienne, cette initiative régionale allait pourtant traverser plusieurs générations, mais il faut dire en vérité que la première véritable Coupe au niveau de la zone avait eu lieu en 1948 en Guadeloupe. Ce tournoi allait connaître plus tard d’autres appellations avant d’être finalement dénommée “Coupe de la Caraïbe” en 1989. L’édition de 2017 est la dernière en date, car la compétition a été stoppée en faveur de la Ligue des nations.
S’il a connu plusieurs participations au fil des années, le Onze national s’est offert son premier trophée de la Coupe de la Caraïbe en 2007 en terre trinidadienne. Un succès ahurissant, venu récompenser un parcours non sans peine mais exemplaire après avoir galéré durant les phases qualificatives. Les sacrifices de cette belle génération allaient être recompensées en raflant le titre de la 14e édition sous le nez des Trinidadiens qui venaient de participer pour la première fois à la Coupe du monde en Allemagne (2006). Le 23 janvier 2007 nous a donné la possibilité de regarder une finale à jamais gravée dans la mémoire des Haïtiens, qui sont entrés dans la liste très select des médaillés caribéens. Voyons donc !
Entre surprise et force de caractère, les Grenadiers arrivaient sains à port !
La Digicel Cup 2007 a été la 14e édition de la Coupe caribéenne des nations, une compétition bisannuelle au niveau de la région, avec la participation de 8 pays: Trinidad, Martinique, Cuba, Barbade, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Guyana et Guadeloupe. Haïti, la République dominicaine et les Bermudes ont été 3e de leur groupe respectif lors du second tour des qualifications. La meilleure de ces trois équipes décrochait la dernière place en phase finale lors d’une double confrontation. Et c’était le Onze national qui sortait victorieux avec deux succès contre celui des Bermudes (2-0) avec des buts d’Éliphène Cadet (9e) et Roody Lormera (72e) le 7 février 2007 à Couva; et (3-0) deux jours plus tard avec un doublé d’Éliphène (25e et 90e) et une réalisation d’Alexandre Boucicaut (63e). À noter, la République dominicaine avait déclaré forfait.
Du 12 au 23 janvier 2007 se déroulait en terre trinidadienne la 14e édition de la Coupe Caraïbe avec deux groupes de 4 pays. Le premier était constitué de Trinidad, Haïti, Martinique et Barbade qui s’entre-cognaient au Stade Hasely Crawford de Port of Spain. L’autre poule a vu évoluer la Guadeloule, Guyana, Cuba et Saint-Vincent au Stade Manny Ramjohn de Marabella.
Le 12 janvier, les Grenadiers s’étaient imposés d’entrée (1-0) face à la Martinique grâce à Brunel Fucien à la 12e minute de jeu. Pour leur 2e rencontre 3 jours plus tard, Alexandre Boucicaut et Roody Lormera ont laissé la Barbade sans voix (2-0), mais il faut dire que cette rencontre avait connu un petit problème de coupure de courant. Le 17 janvier, pour le match choc du groupe, les coéquipers de Bruny Pierre Richard avaient mordu la poussière (1-3) malgré une nouvelle réalisation de Brunel Fucien (56e). Les Trinidadiens avec 7 points avaient terminé en tête et les hommes de Luis Armelio García se contentaient de la 2e place. Dans l’autre poule, la surprenante équipe guadeloupéenne sortait avec les étoiles pleins les yeux (6 unités) devant Cuba (4).
En demi-finale, la sélection nationale héritait de la Guadeloupe, l’équipe surprise du tournoi avec dans ses rangs l’ancienne gloire française, Jocelyn Angloma. Sous l’arbitrage du Panaméen Roberto Moreno le 20 janvier, les néophytes guadeloupéens, mal barrés, tombaient de haut (3-1). Éliphène Cadet (56e) d’un coup de tête en lob, Brunel Fucien (66e) et Fritzson Jean-Baptiste (76e) ont marqué les buts haïtiens alors que Jean-Luc Lambourde (83e) a sauvé l’honneur pour les siens. Il faut dire que les trois buts des Grenadiers avaient été marqués sur des attaques rondement menées par toute l’équipe. Dans l’autre demi-finale, les Cubains ne pouvaient pas resister aux assauts trinidadiens, d’où une défaite (1-3).
En finale le 23 janvier au Hasely Crawford Stadium, Haïti et Trinidad se donnaient rendez-vous pour un remake puisqu’ils se sont affrontés en poule. D’un air revenchard, les Grenadiers, loin de leurs terres, savaient que la partie allait être de taille face au pays hôte. Avec 8 titres dans cette compète, Trinidad faisait forte impression malgré l’absence de plusieurs cadres du Mondial 2006, mais pouvait compter sur le meilleur buteur du tournoi Gary Glasgow (6buts) pour augmenter son total et embellir son musée. Mais en face, il y avait une dynamique équipe haïtienne avec beaucoup de qualités, ambitieuse de s’offrir un premier trophée après celui remporté en 1979 au Suriname.
Pour la finale, Roberto Moreno Salazar a été choisi pour diriger le match qui démarrait sous le cap de roue. L’équipe nationale d’Haïti allait prendre l’avantage à la 22e minute de jeu sur un but opportuniste d’Alexandre Boucicaut. 8 minutes après la pause, l’impressionnant Brunel Fucien a ensuite doublé la mise en réalisant son 4e but dans la compétition, réduisant les 18 000 supporters du Hasely Crawford Stadium au silence. Nigel Daniel avait bien réussi à réduire la marque sur un coup franc de 20 mètres qui trompait Gabard Fénelon 5 minutes après l’heure de jeu, mais le score restait inchangé jusqu’au coup de sifflet final et quel dommage pour les “Socca Warriors”, qui étaient privés de certains joueurs évoluant à l’étranger puisqu’on était en janvier. Une victoire qui a propulsé les Grenadiers sur le toit de la Caraïbe. Cet exploit a été fêté comme il se doit à Port-au-Prince.
La composition de Luis Armelio Garcia, ce jour-là:
Fenelon Gabard (G), Bruny Pierre Richard (C), Frantz Gilles (remplacé par Gilles Dacius, 90e), Stéphane Guillaume, Brunel Fucien, Eliphene Cadet (remplacé par Roody Lormera, 90e), Alexandre Boucicaut (remplacé par Ednerson Raymond, 63e), James Marcelin, Monès Chéry, Alain Vubert et Josué Mayard.
Le Onze trinidadien emmené par le professeur Wim Rijsbergen: Jan Micheal Williams (G), Densill Theobald (C), Makan Hislop (Joel Bailey 64th), Osei Telesford, Leslie Fitzpatrick, Darryl Roberts, Kerwin Jemmott, Gary Glasgow, Kerry Baptiste, Seon Power, Nigel Daniel.
À noter, lors de la petite finale, les Cubains avaient décroché la 3e place grâce à un succès (2-1) sur les néophytes guadeloupéens. Malgré leur échec au dernier carré, Cuba et le petit archipel des Antilles françaises avaient quand même réussi à obtenir leur billet pour la Gold Cup 2007. À l’issue de cette 14e édition de la Coupe caribéenne, le chevronné défenseur et capitaine de l’équipe haïtienne a été élu meilleur joueur de la compétition et Gary Glasgow a remporté le soulier d’or avec ses 6 buts. La délégation haïtienne, en plus du trophée reçu, a récolté une somme de 120 000 dollars US, alors que celle de Trinidad se contentait de 70 000.