uatre matches et quatre défaites, tel est le bilan de la Sélection nationale senior pour le premier trimestre de l’année 2013. À quatre mois du déroulement de la Gold Cup (du 7 au 28 juillet 2013), la Fédération haïtienne de football (FHF) va-t-elle continuer à placer sa confiance au staff technique dirigé par le Cubain Israël Blake Cantero ? Le président de la Fédération répond à ces interrogations et à d’autres questions sur le football national.
Le Matin : Quatre matches et quatre défaites, tel est le bilan de la Sélection nationale senior pour le premier trimestre de l’année 2013. À quatre mois de la Gold Cup, la Fédération haïtienne de football va-t-elle continuer à placer sa confiance au staff technique dirigé par le Cubain Blake Cantero ?
Yves Jean-Bart : Si l’on prend les statistiques comme elles paraissent sans les questionner, elles sont inquiétantes. Quatre défaites en quatre rencontres : mais à l’analyse profonde, ce sont 4 échecs, tous en déplacement. Les deux premiers contre des sud-américains au niveau de développement très supérieurs à nous. L’amertume c’est cette contre-performance contre la République dominicaine. Mais avec presque 15 potentiels titulaires absents, le coach en chef absent face à un pays qu’on avait battu de justesse (2-1) à Antigua lors de la phase finale de la Coupe Digicel, ce n’est pas excusable surtout qu’Haïti dans le souci de lancer des jeunes avait aligné une formation rajeunie.
Nous sommes dans une phase de reconstruction, une revue d’effectifs indispensable dans la perspective de construction d’une Sélection pour l’avenir immédiat et futur.
Le grand problème de l’équipe nationale est un manque criant de ressources. Depuis la qualification à la Gold Cup, on s’est défoncé pour monter un programme ambitieux de préparation en incluant des programmes contre des sélections « mondialistes » de très haut niveau, en variant les styles d’opposition. Deux difficultés majeures, l’absence de fonds, de sponsors en dehors de la Digicel, l’incapacité d’organiser des matches en Haïti pour mettre joueurs et fans en confiance.
Quand on joue au niveau de la Caraïbe nos insuffisances n’apparaissent pas. Mais dès qu’on franchit l’étage qu’on affronte des Sud-Américains et ou d’autres qui font le haut niveau on cale parce que l’on manque de moyens. Le talent ne peut pas compenser un amateurisme anémié.
C’est vrai le milieu du football est très émotionnel. On oublie que c’est ce coach a été aux commandes il y a juste deux mois lorsque nous étions en pleine ascension. Pour nous, il nous faut nous battre pour trouver de quoi bien planifier et préparer nos sorties et nos voyages : avoir de quoi inviter de solides sparring-partner en Haïti pour gagner la confiance des fans. L’objectif c’est la Gold Cup. Dans cette phase de préparation les revers sont inévitables. À nous de les rendre salutaires en tirant des enseignements utiles pour le vrai rendez vous.
À la fin de mai, tous nos expatriés qui se préoccupent de la situation de leurs clubs en championnat seront en vacances. Là, nous devons trouver beaucoup d’argent pour nous offrir un bon mois de préparation avant d’aller défier Honduras, Trinidad et Salvador aux USA. Ceci, vu les exigences du football doit être l’œuvre de tous les Haïtiens. C’est dans cet objectif que nous mettons les bouchées doubles pour accélérer les travaux de construction de notre centre d’entraînement moderne pour nous préparer dans de bonnes conditions en Haïti.
L.M. : Vu notre contre-performance, ne craignez-vous pas que l’Espagne et l’Italie prennent des décisions de surseoir sur leurs rencontres amicales face à Haïti ?
Y.J.B : Nous avons fait de gros sacrifices pour convaincre ces deux pays champions du monde que nous pouvons leur offrir une réplique digne de leur rang. À nous tous Haïtiens de nous mettre derrière notre équipe nationale pour convaincre ces deux grands ainsi que les autres (Russie, Brésil entre autres..) qui sont en pourparlers avancés avec nous qu’ils ont fait un choix raisonnable. On ne perdra pas le momentum si les Haïtiens arrêtent de croire au « bon Dieu bon ». Le haut niveau c’est de grands, de très grands moyens. S’il est difficile d’y arriver, il est encore plus difficile de s’y maintenir. Nous disons souvent que « seul dans le dictionnaire le mot succès vient avant le mot travail ». Si les bailleurs de fonds donnent au football au moins un quart de ce qu’ils mettent en trois semaines dans la bamboche du carnaval, Haïti serait au firmament en….tout.
L.M. : Maintenant, parlons de la Sélection féminine. En 2012, les filles haïtiennes étaient à Indiana pour participer au championnat américain. Mais, depuis la fin de l’année écoulée, elles sont retournées au bercail. Vont-elles poursuivre cette expérience durant cette nouvelle année ? Si oui, quand feront-elles le déplacement ?
Y.J.B : C’est un Chef d’État français qui disait en pleine crise du pétrole après la guerre israélo-égyptienne de 1973 : en France on n’a pas de pétrole mais …on a des idées. Ce projet est la réplique au niveau féminin de ce que réussit Puerto Rico (avec les Islanders) ou Antigua (avec les Baracudas). Les États-Unis d’Amérique sont de loin le plus grand pays de football féminin. Toutes les grandes étoiles se retrouvent dans ce pays et c’est là qu’on peut apprendre. Nous avons la chance d’avoir pu trouver un coach américain bénévole, Shek Burowski qui fait un travail pendant plusieurs semaines en multipliant les rencontres contre les meilleures équipes de ce pays ou les sélections de ce pays. C’est ce que font brésiliennes, australiennes, suédoises. On espère ainsi élever notre niveau pour engager la course à la qualification pour la Coupe du monde Fifa/Canada 2015.
On aurait du être là-bas depuis le début du mois de mars. L’essentiel, la ministre des Sports a compris et a rencontré les filles et s’est engagée à les soutenir dans ce projet. Elles ont laissé le pays le dimanche 31 mars et ont déjà un programme chargé avec l’équipe nationale du Mexique au menu.
L.M >: Nous avons appris que la Sélection nationale des moins de dix-sept ans féminine va participer très prochainement à la campagne éliminatoire. Pouvez-vous confirmer pour nos lecteurs cette information ?
Y.J.B : Oui la Sélection féminine des moins de dix-sept ans va participer aux éliminatoires de la Coupe du monde en août prochain dans un groupe à sa portée qui est composé de la République Dominicaine, de la Barbade et de Guyana. Cette sélection féminine est la première promotion de notre académie « Camp Nous ». Elles sont talentueuses et très solides athlétiquement. Nous allons augmenter leur temps de jeu en leur faisant participer comme équipe dans le championnat féminin cette année.
L.M : Un dernier mot
Y.J.B : Nous sommes partis pour une bonne saison 2013 qui devrait confirmer les progrès sûrs de notre football dans tous les domaines. Avec l’inauguration de notre moderne siège, la « maison Jean Vorbe », l’Académie Camp Nous où nos jeunes où nos footballeurs reçoivent une éducation qui en fera des citoyens instruits, après la construction de notre centre d’entrainement moderne, petit à petit, malgré le contexte difficile du pays la FHF, se donne les structures modernes et fonctionnelles pour se stabiliser et exploiter l’immense talent de nos jeunes.
Propos recueillis par Gérald Bordes
Le Matin