Dans une interview accordée à Haiti-Tempo cette semaine, Jennyfer Limage a évoqué beaucoup de sujets dont son nouveau poste au sein de la sélection haïtienne féminine. La joueuse de 25 ans n’a pas raté l’occasion de parler de la qualification des Grenadières pour le Mondial féminin cet été.
Elle est sans doute l’une des joueuses les plus sous-côtées de l’équipe haïtienne. Dans l’ombre de Nérilia Mondésir, Corventina ou encore de Batcheba Louis, Jennyfer fait son trou et s’impose à sa manière dans une tâche défensive assidue. Arrière centrale, milieue de terrain, elle est multi-tâche et c’est ce qui plaît à Nicolas Délépine.
Alors qu’elle débutait comme latérale gauche en sénior, Jennyfer Limage se fait plus tard remarquer comme défenseure axiale sous les couleurs haïtiennes. Mais avec l’arrivée de Délépine, son entraîneur également à Isère, elle s’est avérée être une excellente récupératrice au cœur du jeu, toujours prête à casser le rythme malgré son petit gabarit. Au micro d’Haiti-Tempo, Jennyfer Limage a étalé son nouveau rôle:
“Il est vrai que je joue à la base comme défenseuse centrale, mais l’entraîneur a vu en moi cette capacité à évoluer dans l’entre-jeu. Je reçois peu de cartons jaunes à ce poste parce que je suis très intelligente. C’est-à-dire, je peux lire le jeu de l’adversaire, j’essaie d’anticiper son contrôle etc.
La différence entre ces deux utilisations est simple. En tant qu’arrière centrale, je peux être utilisée comme libéro ou pour stopper. Quand je joue en défense, mon travail est d’assurer la couverture pour l’autre, je cours peu et parfois je suis obligée de tacler. Mais au milieu de terrain, ça me demande de courir énormément, d’être partout au duel.”
Avec tant de facilité d’adaptation, la joueuse de Grenoble en a fait la clé de voute du système de jeu de Nicolas Délépine, peu importe la coéquipière d’à côté. Et subtilement, elle n’a pas écopé de cartons rouges. Cette saison par exemple en 19 matchs de D2 française, elle a marqué 3 buts et n’a vu le jaune qu’à 1 seule reprise. Pour Haïti, ce type de travail défensif permet à Corventina, souvent utilisée au milieu, de se projeter verticalement vers l’avant.
Le Grenoble Foot 38 s’est imposé (3-1) le weekend dernier à domicile et remonte au 7e rang du groupe B de la D2 française. Avec une colonie haïtienne dont Chelsea Surpris, Florsie Joseph, Maudeline Moryl, Sherly Jeudy… le club grenoblois connaît une saison compliquée en dépit des 29 points gagnés. Jennyfer y est mais se voit déjà très loin.
“Ça se passe très bien pour moi en club, malgré la saison est difficile. Mon objectif est de me préparer à jouer plus de matchs et de trouver un bon contrat. Et humainement, j’ai beaucoup de projets à réaliser.”
En sélection haïtienne, l’atmosphère est bien différente pour la Grenadière. Haïti va disputer pour la première fois le Mondial féminin au niveau sénior. Les éliminatoires ont duré jusqu’en barrages pour le Onze national. Au final, le billet est validé pour la plus prestigieuse et la plus suivie des compétitions de foot au monde. La consécration.
“La qualification pour la Coupe du monde a été quelque chose d’extraordinaire. Avec les filles, on a fait un long parcours ensemble. On s’est focalisées sur ce rêve. Il y a avait quelques soucis, mais la motivation était au-dessus du lot. C’est un moment inoubliable. Je prends du plaisir à repasser en tête ce moment. Disputer cette compétition d’une telle envergure représente beaucoup de chose pour moi. Il y a de l’ampleur et surtout sur le plan professionnel cela peut donner de la visibilité permettant de trouver un bon contrat.”