En terminant à la 7e place de la 21e édition de Caribbean Island Swimming Championships le 29 juin dernier à Bahamas et après avoir reçu une invitation du COI et de la FINA selon les règles de l’universalité, Naomy Grand’Pierre a écrit une page importante dans l’histoire de la Natation haitienne en devenant la première femme qui va représenter le pays dans ce sport au niveau des JO. Cette jeune fille de 19 ans, née à Montréal (Canada) va faire flotter le drapeau bleu et rouge à Rio du 5 au 21 août prochain.
Coup de projecteur sur cette nageuse qui nous livre ses impressions à quelques jours du début des JO.
HT : Pour commencer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
NGP : Mon nom est Naomy Grand’Pierre et je suis âgée de 19 ans. J’ai commencé avec la natation à 10 ans et maintenant je suis devenue membre de l’équipe nationale haïtienne avec laquelle je participerai aux Jeux Olympiques 2016 aux épreuves du 50 mètres nage libre.
HT: Comment avez-vous appris à nager?
NGP: J’avais une cousine qui, malheureusement a été noyée dans une piscine, ma mère ayant entendue cela, était très inquiète pour moi et mes 4 jeunes frères et sœurs, parce que nous ne savions pas encore nager, donc par mesure de précaution elle nous a inscrit dans une école de natation pour aller apprendre quelques notions de base. Et comme j’ai terminé avec ces leçons beaucoup plus rapide que mes frères et sœurs j’ai eu le temps libre et ma mère m’a ordonné de rejoindre l’équipe de natation, ça qui m’a donné la possibilité de me mettre en œuvre avec des séances pratiques, mes jeunots ont aussi emboité le pas et la natation est devenue un sport familial pour nous tous.
HT : Vous êtes également étudiante à l’université de Chicago, comment conciliez- vous la nage et études ?
NGP : S’il y a une chose que la natation m’a inculqué très tôt, c’est comment avoir une bonne gestion du temps. J’ai des entrainements tous les jours avant et après classe soit près de 20 heures et plus par semaine, donc comme une étudiante-athlète je n’ai pas d’autres choix que d’utiliser le reste de mon temps à bon escient, pour moi tout dépend de la priorité. Je me fais un horaire pour mieux gérer les choses à faires et pour mieux apprendre à prioriser les tâches et je trouve qu’il y a un équilibre parfait entre la natation et les études.
HT : Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être la première femme de l’histoire à représenter Haïti en natation aux Jeux Olympiques ?
NGP : C’est vraiment incroyable. Je suis si heureuse de représenter le drapeau haïtien avec un sport que j’aime tant. Tout a commencé avec mes parents et maintenant je veux développer ce sport en Haïti. En allant à Rio comme la première nageuse haïtienne, je souhaite sensibiliser et encourager plus de gens à apprendre à nager et à participer à des compétitions.
Je suis aussi très passionnée à changer la perception que les gens ont d’Haïti dans les médias. Je suis fière d’être Haïtienne et je souhaite avec cette plate-forme je ferai rayonner le nom d’Haïti partout où je passe.
HT: Quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours de la procédure pour représenter Haïti en natation?
NGP: Il y avait eu pas mal de difficultés. Sur le plan historique, la dernière fois qu’Haïti avait participé aux JO en natation remonte à 1996 avec un nageur, Alain Sergile et vous n’êtes pas sans avoir que ce n’est qu’en 2014 la Fédération haïtienne a été affiliée à la FINA (Fédération internationale de natation, NDLR), 2 ans après il y a peu d’activités qui sont réalisées. Parce que cette fédération est nouvelle, nos dirigeants ne savaient pas trop les processus pour enregistrer un athlète dans des qualifications pour les JO. Cette dernière année a été vraiment un processus d’apprentissage non seulement pour les athlètes mais aussi pour les autorités de la fédération haïtienne.
La conciliation entre sport et études a été le plus grand défi pour moi. Aller à l’école tout en continuant à s’entrainer apparaissent si dégoûtant certaine fois, Il y avait des moments où les choses s’étaient extrêmement compliquées et abandonner semblait la seule option. Mais en Haïti il y a gens dévoués à faire grandir la natation dans le pays, nous avons été confrontés à beaucoup d’obstacles mais notre travail est certainement payant, maintenant, après 20 ans de disette Haïti envoie à la fois un nageur, Mike Dorsainville et moi, comme étant la première nageuse de l’histoire du pays aux Jeux Olympiques. Nous avons fait face à des défis, mais il y a du progrès.
HT : Comment est votre préparation pour les Jeux olympiques?
NGP : Depuis que je suis devenue membre de l’équipe haïtienne, j’ai commencé à m’entraîner. Je me préparais seule depuis que la saison universitaire (aux États-Unis, NDLR) a pris fin en mars dernier avec l’aide de mes deux entraineurs à Uchicago, ensuite je suis allée à un site d’entrainement olympique (Institut SPIRE) à Genève dans l’Etat de l’Ohio. Au programme, Beaucoup de préparations physique, mentale et psychologique. Le fait d’être la première femme haïtienne à se qualifier en natation aux Jeux Olympiques, ce qui met beaucoup de pression sur le dos donc, il faut me préparer en conséquence pour donner le meilleur de moi afin de bien représenter le pays.
HT : Qu’espérez-vous accomplir à Rio?
NGP : Pour la compétition, j’espère aller le plus haut que possible pour établir un record dans la natation haïtienne, cependant, en dehors de la compétition, je veux apprendre autant que possible de l’événement et des gens pour que je puisse ramener des informations nécessaires à la Fédération haïtienne afin de voir comment nous pouvons progresser. Tout ce que je fais, sera utilisé pour aider l’Association haïtienne de Natation à croître.
HT : Un message à la population haïtienne…..
NGP : Il est important que tous les Haïtiens sachent que je représente Haïti avec un fort sentiment et de fierté, nous sommes un peuple fort avec une histoire riche et unique, je porte fièrement les couleurs bleu et rouge. Assurez-vous que le pays sera bien représenté par 10 athlètes de cœurs. Grenadye Alaso!!!
(Propos recueillis par Benson Petit-Clair pour haititempo.com)