Plus de 40 athlètes avaient défendu le bicolore haïtien à Barranquilla (Colombie) du 20 Juillet au 3 août pour la 23e édition des jeux centre Amérique et Caraïbes et au finish, seulement la sprinteuse, Vanessa Clerveaux qui s’était distinguée en obtenant une médaille d’argent qui a donné la 22e place à Haïti. C’est désormais l’espoir haïtien du sprint pour les JO. Elle travaille dur pour faire flotter le drapeau haïtien. Notre Interview exclusive avec elle.
HT: Vanessa, pour commencer cette interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs?
VC: Sa k’ap fèt ? Mon nom est Vanessa Clerveaux, une fière Haïtiano-Américaine qui est née et a grandi à Brockton dans l’Etat de Massachusetts aux États-Unis. Mon père, Frantz Clerveaux est originaire de Port-Au-Prince et ma mère, Lauve Lorcy, des Cayes. Je suis une sprinteuse, spécialiste de la haïe qui a récemment accédé à la scène professionnelle après avoir bouclé mes études à l’Université d’Alabama et je représente Haïti.
HT: Comment êtes-vous arrivées dans l’athlétisme?
VC: Au début, je pratiquais plusieurs sports: cheerleading, volleyball, football, etc. Mais pour l’athlétisme, j’ai commencé officiellement en 2008, l’année où j’ai débuté mes études secondaires à Brockton High School. Après un premier jour d’essai sur une piste d’athlétisme, je me préparais pour des tours de gymnastique le lendemain mais je n’ai jamais pu participer aux tests de gymnastique puisque j’avais déjà convaincu mon évaluateur, l’entraîneur, Russell, qui m’avait aidé à m’investir plus sérieusement dans ce sport. Aujourd’hui je suis reconnaissante envers lui.
HT: Vous êtes nées aux États-Unis mais vous avez décidé de courir pour Haïti. Était-ce une décision facile?
VC: Pour moi c’était une décision très facile. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait avec amour, passion et sincérité. Ma culture plutôt haïtienne, est quelque chose qui me passionne beaucoup. Dans mon cœur se trouve la motivation, la motivation à faire quelque chose au-delà de moi-même et à atteindre l’apogée, et ma culture est ce qui est dans mon cœur. Il était un peu difficile pour moi d’expliquer à certaines personnes ce choix, et le processus pour changer mon profil sportif des États-Unis à Haïti était difficile mais me voilà.
HT: Vous avez remporté une médaille d’argent pour Haïti aux Jeux d’Amérique centrale et des Caraïbes 2018 à Barranquilla, qu’est-ce que cela représente pour vous?
VC: J’ai été fascinée ! Voir les couleurs de mon pays sur le tableau des finalistes et voir le
porte-drapeau tenir le bleu et rouge d’Haïti à la cérémonie de remise des prix, j’ai été captivée par cela, c’est comme si je voyais le drapeau haïtien pour la première fois de ma vie. Sur le podium, en attente de ma médaille, je ne pouvais rien voir d’autre. Non seulement j’ai eu la chance de voir notre nation remporter la médaille d’argent, mais d’être celle qui l’a fait après deux années de travail et de sacrifice sur le plan physique, mental, émotionnel et financier, j’ai été plus que fière!
HT: Vous vous dirigez vers les prochains Jeux Olympiques à Tokyo, au Japon, comment vous préparez-vous?
VC: Ma priorité dans les Jeux olympiques de 2020 c’est de rester physiquement, mentalement et spirituellement en bonne santé. Tant que je suis en bonne santé, je peux aller vers mon objectif. Chaque nouveau jour est pour moi une opportunité pour améliorer ma vitesse, ma nutrition, ma foi en Jésus-Christ et de me construire comme ma propre marque. J’ai quatre grands championnats que je dois disputer avant les JO2020, je pense que ces expériences de grandes classes vont m’être utiles aux JO.
HT: Qu’espérez-vous accomplir à Tokyo, au Japon en 2020?
VC: J’espère montrer au monde entier une nouvelle fois la force du bleu et rouge. Je souhaite briser le record national haïtien sur le 100 m haies au niveau féminin, détenu par Nadine Faustin qui a couru en 12,74 secondes lors des Jeux olympiques de 2004 à Athènes, en Grèce! Je vais travailler pour être en finale olympique (top8) et ces JO ne seront sûrement pas mon dernier tournoi olympique.
HT: Pouvez-vous identifier pour nous les 4 compétitions auxquelles vous allez participer avant les prochains Jeux olympiques ?
VC: C’est évident! En dehors de mes courses saisonnières, je vais chercher un billet qualificatif pour les Jeux panaméricains de Lima, au Pérou (été 2019), pour les championnats du monde d’athlétisme à Doha, au Qatar (septembre 2019), pour Nanjing, en Chine (mars 2020) puis le gros lot, les Jeux olympiques de l’été 2020. Je suis excitée à l’idée de prendre part à ces compétitions parce que chaque championnat est incroyable.
HT: En tant que jeune athlète haïtienne, quels sont les principaux défis auxquels vous vous êtes confrontés?
VC: Certains des principaux défis sont liés directement à la finance et du support en général; cependant, je savais que ceux-ci deviendraient des obstacles pour moi le jour même où j’avais commencé le processus de changement de mon profil sportif des États-Unis à Haïti. Comme toute profession, un athlète professionnel doit travailler sur ses préparations à plein temps: des exercices physiques comme soulever des poids pour la croissance du muscle, le personal branding pour construire une marque, des partenariats avec des entreprises, un régime alimentaire extrêmement spécialisé, la force mentale constante, etc. Inutile de dire que les États-Unis ont plus de ressources pour avoir un athlète professionnel qu’Haïti. C’est aussi un combat pour que les athlètes haïtiens soient pris au sérieux en considérant l’histoire sportive de notre pays.
HT : Quels sont vos objectifs sur le long terme ? Avez-vous un plan pour aider à promouvoir l’athlétisme en Haïti?
VC : Disputer les 2 prochaines finales des Jeux Olympiques (Tokyo 2020 et Paris 2024), les 7 championnats du monde, les championnats NACAC et les championnats d’Amérique centrale et des Caraïbes (CAC)! Battre le record sur le 60 et 100 mètres haie sont entre autres mes objectifs.
Je crois vraiment un développement d’Haïti est possible à travers l’athlétisme ! Je suis prête à aider des gens sur le processus et la dynamique qui existent dans les cycles Olympiques, ce qu’il faut pour y arriver et le sport ou l’athlétisme en général! Il y a de très bonnes installations en Haïti qui ont seulement besoin d’être réaménagées, mais peut-être un jour je construirai un stade contenant une piste d’athlétisme qui pourra également être utilisé pour d’autres sports, on ne sait jamais. J’ai l’intention de soutenir le développement d’un processus beaucoup plus structuré pour les athlètes en Haïti, ou pour les Haïtiens d’origines afin qu’ils s’entraînent et participent aux futurs championnats. J’aimerais que nous accueillions un championnat international; soit au niveau de jeunes ou senior.
HT : Un dernier mot?
VC : Je tiens à remercier tout le monde pour le soutien. Chaque prière compte. Comme je l’ai mentionnée auparavant, c’est un combat qui mérite d’être mené et j’espère que vous pourrez me rejoindre dans cette lutte avec l’hashtag #KouriAkVava. Suivez-moi sur Facebook www.facebook.com/vavaveaux et Instagram @Vava_Veaux pour connaitre mes actualités. Je continuerai à m’entraîner avec l’entraîneur Joey Scott de TruFit Athletics aux côtés du sprinter haïtien et l’olympien Jeffrey Julmis. J’ai beaucoup de choses sur lesquelles je travaille avec différentes marques et entreprises; suivez-moi pour savoir. Je voudrais dire merci à Haïti et spécialement Haiti-Tempo pour avoir pris le temps de me connaitre.
(Propos recueillis par Benson Petit-Clair pour haititempo.com)