Suite à sa défaite (0-1) jeudi dans le Groupe D face au Nigeria, la Sélection haïtienne féminine U20 est officiellement éliminée de la Coupe du monde France 2018, avant de disputer son dernier match contre l’Allemagne. Après avoir envoyé de bons signaux en éliminatoires, les Grenadières n’ont pas pu gagner leurs deux premières sorties durant le Mondial mais ont quand même impressionné et subodoré un bel avenir pour le football haïtien.
Après avoir été battu par la Chine (1-2), il y a quelques jours, le Onze national a de nouveau mordu la poussière face au Nigeria (1-0), lors d’une rencontre au cours de laquelle on a été supérieur, vu sa physionomie. Deux défaites synonymes d’élimination qui laissent un goût amer à tous les Haïtiens. On ne peut nier que l’équipe nationale a beau dominer ces deux matchs, le réalisme des deux adversaires est venu nous rappeler le manque d’expérience au niveau international. S’offrir l’Allemagne pour quitter la compétition en beauté le 13 août prochain est une aubaine pour commencer par oublier l’affront, de quoi enregistrer une première victoire haïtienne en Coupe du monde.
Cette élimination précoce dans ce tournoi mondial nous est tombée comme une douche froide, surtout après les performances satisfaisantes lors des éliminatoires et l’euphorie de la qualification. On a de quoi être fier de nos filles bien qu’elles aient eu du mal à concrétiser leurs actions et atteindre leur objectif.
Après le succès des séniors masculins qui avaient réussi à obtenir le billet qualificatif pour la Coupe du monde en Allemagne en 1974, imités par les valeureux U17 en 2007, les coéquipières de Melchie Daelle Dumonay ont le mérite d’avoir élevé pour la première fois une équipe féminine d’Haïti au rang mondial. Cette génération dorée a aussi créé l’exploit d’être la première de la région caribéenne à se qualifier pour une telle compétition.
Dirigées par Marc Collat, les jeunes Haïtiennes étaient arrivées en France avec un statut d’outsider dans une poule D corsée. Beaucoup de personnes avaient le pressentiment que cela allait être difficile pour les Grenadières de décrocher l’une des deux places disponibles pour les quarts de finale mais, avaient misé sur leurs prouesses. Ce qu’ont réalisé les Haïtiennes dans la zone CONCACAF a laissé croire qu’elles pouvaient rivaliser les meilleures nations du macrocosme footballistique mais cette compétition leur a plutôt servi de leçon. Elles doivent apprendre de leurs bévues, progresser et continuer à montrer de belles choses. C’est une grande expérience pour des jeunes joueuses capables de bien représenter un pays. On se souviendra longtemps de leur sang-froid et leur envie de gagner.
Malgré cette élimination prématurée, les Grenadières n’ont pas démérité. Beaucoup ont prouvé pourquoi Haïti est parmi les 16 meilleures équipes du monde sur plus de 150. Agée de 14 ans, Melchie “Corventina” Dumonay a été impressionnante durant les deux premiers matchs. Considérée comme le cyborg haïtien, elle est sans doute l’une des meilleures joueuses qu’on a vu jouer cet été en France. Entourées par d’autres compatriotes envieuses de gagner, Corventina, Nérilia Mondésir et Sherly Jeudi ont déjà “marqué leur époque” en réussissant à repositionner Haïti dans le paysage footballistique de la zone et mondial.
La Coupe du monde U20 féminine se déroule chaque deux ans, on espère être présent en 2020 avec quelques joueuses en deçà de 17 ans comme Rachellle Caremus, Doujenie Joseph ou encore Corventina.
L’histoire est en marche pour une équipe pleine de promesses et pétrie de qualités. La Sélection haïtienne est certes éliminée mais elle a gagné le respect de ses adversaires et fait plaisir à voir.
L’avenir du football (féminin) haïtien s’avère plus que prometteur avec cette génération. Le meilleur reste à venir. On n’a pas à se plaindre de la débâcle des Grenadières qui viennent de réaliser quelque chose d’improbable, vu l’actuelle situation du championnat national de D1 féminine. Finalement, ces résultats négatifs relancent le “traditionnel” débat sur les responsables par rapport à cette énième élimination.