Par Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre
Les athlètes professionnels sont des ambassadeurs pour leur pays, la dimension de ces derniers prend parfois des proportions exponentielles qui dépassent le cadre sportif. En football, c’est le cas de nombreux joueurs comme Georges Weah, Diego Maradona, Pelé et tant d’autres qui sont devenus des icônes de tout un peuple, et de plusieurs générations. La disparition récente de Pelé nous rappelle comment la contribution d’un athlète talentueux peut-être bénéfique pour sa terre natale.
En Haïti, à des proportions moins grandes, nous avons eu par exemple Emmanuel Sanon notre premier buteur en coupe du monde, Philippe Vorbe et consort, qui ont laissé un bon héritage aux amoureux du ballon rond et au peuple haïtien en général. Leurs noms reviennent sans cesse quand il faut parler de la gloire d’Haïti en sport. Toutefois, Haïti a soif de cette icône qui dépasse les limites du sport, qui peut briller aussi bien par ses réalisations que par son aura mondiale. À cet appel légendaire, pourquoi Melchie Daëlle Dumornay peut répondre ?
A l’image de celui avec lequel le titre de notre article tente de la camper, Corventina est une preuve tangible de précocité. Le palmarès des récompenses de la jeune pépite qui n’a que 19 ans peut faire rêver n’importe quel footballeur de son âge, sans distinction de genre. Elle participe activement à la qualification d’Haïti en Coupe du Monde U20 en 2018, à 15 ans, cette même année elle est élue meilleure joueuse du championnat U17 de la CONCACAF.
En 2020, elle remporte le soulier d’or du championnat CONCACAF U20 avec 14 buts avant d’être nommée cinquième joueuse la plus prometteuse du monde par le magazine Goal la même année et l’année suivante en 2021. De surcroît, elle est élue meilleure jeune joueuse CONCACF 2022, et meilleure jeune joueuse du monde au mois de mars 2022 par le site international Goal, née le 17 août 2003, elle avait encore 18 ans. En décembre 2022, le journal britannique The Guardian la classe dans le top 100 des meilleures joueuses du monde, première haïtienne à figurer dans ce Top 100.
Melchie n’est pas seulement une perle haïtienne, c’est l’une des valeurs sûres du football mondial, et ce n’est pas un hasard que les plus grosses écuries du foot féminin veulent s’attacher ses services. Dans l’histoire des sportifs haïtiens, tous les sports confondus, il est difficile de trouver un athlète aussi bien garni, autant reconnu et convoité internationalement que la jeune mirebalaisienne.
Ses performances match après match installent en chaque observateur l’assurance que ce potentiel fera des merveilles prochainement. Lorsque vous regardez Corventina pour la première fois, inutile de demander son dossard ou son poste, vous la verrez surement car à chaque prise de balle elle attire l’attention.
Ces éloges basés sur des faits, n’élèvent certainement pas Corventina à la hauteur de Pelé qui lui à 17 ans avait déjà soulevé la Coupe du monde, mais proportionnellement on ne peut pas nier qu’avec Corventina, Haïti a pu participer à sa première coupe du monde féminine U20 en 2018, alors qu’elle n’avait que 14 ans avant la compétition et n’était même pas autorisée à participer au préalable, à cause de son trop jeune âge pour la catégorie.
Donc, tout comme le Roi, Melchie parvient à s’imposer au milieu d’autres footballeuses plus expérimentées et plus âgées qu’elle. C’est ni plus, ni moins que la marque des génies de ce sport ! Son contrat signé avec Adidas en novembre 2022 prouve bien que la star a les yeux rivés sur elle.
Malgré toute la passion du peuple haïtien pour le football, le pays n’a pourtant pas globalement un grand palmarès. Ni en terme de récompenses collectives, ni en terme d’accomplissements individuels.
A titre d’exemple, les récentes performances de Frantzdy Pierrot aux phases éliminatoires de la Ligue des champions de l’UEFA, où il a notamment inscrit cinq buts, sont déjà considérées par plus d’un comme le plus haut niveau d’accomplissement pour un footballeur haïtien. Un joli exploit, mais avec les nombreux talents qu’on a eu la chance de voir évoluer dans le sport numéro un du pays, la donne pourrait être différente.
Le constat est clair, un verrou existe quelque part. Bien lancée, Melchie Daëlle Dumornay a tout pour réussir : la technique, la finesse, le calme, l’explosivité, la maturité, une reconnaissance mondiale qui s’accroît et tout un peuple qui ne veut que la voir briller. À commencer par un joli contrat dans l’une des meilleures équipes européennes, si ce talent doit amasser autant de trophées que son potentiel, on peut, sans oser, espérer la voir soulever un jour la Ligue des Champions, le ballon d’or, des ballons d’or…
Maintenant, fermez les yeux et imaginez la dimension de Corventina à ce moment T de ce rêve tout à fait réalisable, tout comme Pelé pour le Brésil, imaginez le spotlight sur nos jeunes talents et les opportunités qui leur seront offertes. Hum… Et si Corventina devenait notre Pelé national ?