Par Pierre Caleb Jephté
La troisième sortie de la rubrique « Tête à Tête » concerne le football féminin puisqu’en ce milieu de semaine, la sélection sénior va entamer sa campagne éliminatoire pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. L’occasion de rencontrer Melchie Daëlle Dumornay, la pépite de 16 ans qui fait du football sa passion quotidienne.
Dans cet entretien, le joyau du foot féminin s’est totalement livré sur sa carrière avec les moments incoyables qu’elle a vécus durant son jeune âge. Elle a montré toute son envie de bien défendre les couleurs nationales à Porto Rico dans le groupe C de cette première phase des éliminatoires des JO qui débute ce jeudi. Tête à Tête avec Corventina, le moment de papoter un peu.
HT : Bonjour Melchie ! Une petite présentation au public SVP…
MDD : Je suis Melchie Daëlle Dumornay dit Corventina, native de Mirebalais, j’ai 16 ans et je suis membre des sélections haïtiennes U17, U20 et Sénior. Je suis une joueuse de l’AS Tigresses et en 2018, j’étais Ballon d’Or de la CONCACAF et membre de l’équipe type de la dernière phase des éliminatoires de la Coupe du Monde U17, Uruguay 2018.
HT : Comment Melchie est-elle devenue joueuse de foot ?
MDD : À mon plus jeune âge, j’ai beaucoup joué avec les garçons de mon quartier à Mirebalais. Et j’étais toujours brillante à chaque fois qu’on joue et puis, le coach Jean Claude Josaphat m’a proposée à la FHF. J’ai saisi de cette opportunité pour briller et voilà.
HT : Jusque-là, quels sont vos meilleurs et pires souvenirs dans le foot ?
MDD : Mes souvenirs dans le foot sont beaucoup et c’est pour cela que je ne vais partager que trois (3) avec vous. Le premier et le plus grand jusqu’à date est la Coupe du Monde en France en 2018 avec les U20. Ensuite, il y a deux autres qui restent gravés dans ma mémoire ; le titre de champion de la Coupe Caribéenne U17 au stade Sylvio Cator en Octobre 2017 et le Ballon d’Or de la CONCACAF en 2018 à Bradenton.
Concernant les pires souvenirs, il y a le tir au but loupé à Trinidad en 2018 contre les États-Unis puis l’élimination de l’équipe U17 en Grenade en 2016 contre le Canada.
HT : Vous étiez blessée, comment avez-vous vécu cette période et celle de votre rééducation ?
MDD : J’étais très triste à chaque fois que je regarde mes coéquipières sur le terrain à l’entraînement parce que moi, je n’aime pas rester sans rien faire. La fédération a effectué beaucoup de sacrifices afin de me rétablir complètement surtout lors de mon passage en Corse chez Alicia Garulli et son père qui m’ont aidé à être apte physiquement.
Concernant la rééducation, tout s’est bien passé même si pour moi, ça a duré trop longtemps parce que ma seule envie était d’être de retour sur le terrain le plus vite possible.
HT : Comment s’est-il passé votre stage à l’Olympique Lyonnais ?
MDD : C’était un moment inoubliable. Cette expérience en plus m’avait permis d’apprendre comment vivre les joueuses professionnelles et si j’ai un autre tempérament à présent c’est grâce à ça.
Les entrainements étaient extraordinaires, il y avait de la vie et beaucoup d’agressivités. Dans le monde pro, tous les petits gestes comptent, les déplacements à la seconde font la différence et permettent aux autres partenaires d’être à l’aise. C’était incoyable !
HT : Les fans attendent votre retour là-bas avec impatience, qu’est-ce qui ne va pas encore ?
MDD : Moi aussi je suis impatiente, mais je suis encore mineure et pour traverser là-bas, je dois encore attendre au moins deux (2) ans. Mais, je continue à travailler parce que dès mon retour, je dois encore me prouver et montrer qu’Haïti est riche sur le plan footballistique.
HT : À seulement 16 ans, vous êtes un cadre des sélections féminines d’Haïti, cela dit quoi ?
MDD : Pour moi, c’est un succès de plus dans ma jeune carrière parce qu’en Haiti, il n’est pas dutout facile pour qu’une jeune brille dans les rangs des grands. Et je suis vraiment fière de moi !
Ça demande beaucoup plus d’efforts personnels pour que la différence soit faite parmi ces joueuses qui sont beaucoup plus grandes et beaucoup plus expérimentées.
HT : La première phase des éliminatoires des JO 2020 est imminente, comment vous sentez-vous ? On doit s’attendre à quoi ?
MDD : Je me sens prête pour la compétition. Même si devant notre public, ce serait beaucoup plus différent qu’ailleurs. Mais ça n’empêche pas qu’on ait un seul objectif qui est la qualification pour le tour suivant. Malgré les problèmes du pays, on veut montrer que le football reste un espoir pour la jeunesse.
Personnellement, je vais mettre toutes mes qualités au service de l’équipe afin de réaliser ensemble l’objectif fixé.
HT : Un mot pour terminer…
MDD : Les fans doivent connaître qu’on travaille quotidiennement au centre FIFA Goal pour la nation parce qu’à chaque compétition, on représente le bicolore qu’on aime tant.
Je demande de la confiance à tous les supporters peu importe l’endroit où ils sont. On va donner le maximum de nous à San Juan afin que nos souhaits puissent réaliser.