Le 30 avril dernier, le fameux journal britannique “The Guardian” a publié un article qui est devenu viral et fait la Une des autres quotidiens dans le monde, accusant le Président de la Fédération Haïtienne de Football d’abus sexuels sur des joueuses au Ranch de la Croix-des-Bouquets. Cette semaine, des victimes présumées auraient déclaré avoir reçu des menaces de mort depuis que des plaintes contre le numéro 1 de la FHF ont été signalées, selon le même média.
L’affaire d’Yves Jean-Bart est de taille. Alors que les autorités haïtiennes ont ouvert une enquête sur ces allégations et que le Parquet de Croix-de-Bouquets a convoqué le Président, The Guardian a rebondi ce jeudi avec un nouvel article. Le quotidien britannique a appris de nouvelles allégations d’abus de la part d’autres victimes présumées qui se sont manifestées. Il faut dire que Dadou a vigoureusement nié ces informations rapportées le mois dernier selon lesquelles il aurait contraint plusieurs filles du Centre FIFA Goal à avoir des relations sexuelles au cours des 5 dernières années. Il a déclaré que ces manigances faisaient partie d’un complot visant à sa destitution de la présidence de la FHF.
Selon le média anglais, plusieurs victimes présumées sont menacées après la publication des accusations, et un ancienne joueuse vivant à l’étranger a même déclaré qu’elle devait déménager rapidement.
“Un bandit nous a appelés. Si nous parlons, ils savent où sont nos oncles, tantes, cousins,” a expliqué une autre.
Un ancien entraîneur qui travaillait au Centre de la Croix-des-Bouquets a déclaré:
“Ils obligent certaines joueuses à dire de bonnes choses sur le président, sinon ils attaqueront les membres de la famille vivant en Haïti”.
Une joueuse de l’équipe nationale s’est manifestée depuis la publication des allégations pour accuser Dadou Jean-Bart d’avoir tenté de la violer et d’avoir eu des enfants avec certaines de ses coéquipières.
“Dadou est un criminel. Je suis l’une de ses victimes. J’ai si peur. S’il sait que je te parle… je vais vivre un cauchemar. C’était un cauchemar,” a-t-elle déclaré.
Cette joueuse a ajouté:
«Il a essayé de me violer lorsque j’étais au centre. Il a couché avec certaines de mes amies. Il a également des enfants avec d’autres filles. C’est très compliqué pour nous là-bas… Et ce n’est pas seulement des abus sexuels mais aussi des abus moraux, des abus économiques, tout. Cet homme, il a ruiné ma vie. “
Une situation déplorable si l’on se fie aux propos relayés par The Guardian bien que l’indentité des personnes interviewées reste dans l’anonymat. Et ce n’est pas fini ! Plusieurs anciennes joueuses de l’équipe senior masculine ont également affirmé que Jean-Bart avait pris des dispositions pour qu’une jeune fille de 17 ans dont la mère travaillait au centre l’accompagne lors d’un voyage à Trinidad pour assister à un match en 2008.
“Au centre, plusieurs personnes préparaient les repas, dont une dame qui avait une fille qui lui rendait visite après l’école”, a expliqué l’une des joueuses avant de continuer:
«Un jour, Dadou a posé les yeux sur cette jeune fille. Lorsque nous avons pris l’avion pour Trinidad, la fille et sa mère faisaient partie de la délégation. Ce fut un choc. Il leur a donné des visas et elles sont restées avec lui dans un grand hôtel quatre étoiles pendant que nous étions dans un motel. Beaucoup d’entre nous soupçonnaient qu’il essayait de coucher avec elle. »
Depuis la publication de l’article du journal anglais le 30 avril dernier, des groupes militant pour la défense des Droits Humains en Haïti ont demandé la destitution d’Yves Jean-Bart pendant que l’enquête est menée par la BPM (Brigade de la Protection des Mineurs), une branche spécialisée de la police haïtienne financée par les Nations Unies et l’UNICEF. La semaine dernière, le Président de la FHF a été invité au Parquet de la Croix-des-Bouquets. Des sympathisants des victimes présumées ont alors manifesté en dehors aux alentours, prévoyant de maintenir leur propre poursuite civile contre Dadou par l’intermédiaire d’un cabinet d’avocat canadien.
«Il est nécessaire de faire la lumière sur toute cette affaire. M. Jean-Bart doit démissionner ou être mis en demeure pour que la procédure puisse avoir lieu, notamment pour les filles qui ont très peur. C’est pourquoi nous mettons en œuvre toute une stratégie juridique pour permettre aux joueuses de témoigner», a déclaré Patrice Florvilus, un avocat haïtien qui est directeur exécutif de l’organisation des Droits de l’homme et la Défense des Opprimés, autrement dit défenseurs des opprimés.
Le Docteur Jean-Bart a manifesté son innocence dans des interviews aux médias, notamment dans une interview à l’agence française AFP où il a été interrogé sur une vidéo qui le montre avec sa main sur l’épaule de Corventina lors d’une interview de 7 minutes publiée par la FHF en 2016. Il a déclaré que ses attouchements sur la jeune star étaient «un geste insignifiant fait avec affection paternelle».
“Seuls les athlètes peuvent comprendre cela”, a-t-il ajouté.
Interrogé par la radio haïtienne, Magik9, s’il avait engendré des enfants avec d’anciennes joueuses du centre, il a répondu:
“J’ai le droit de ne pas répondre.”
L’une des victimes présumées a affirmé que plusieurs filles du centre et de l’AS Tigresses avaient donné naissance à ses enfants.
“Certaines mères étaient mineures“, a-t-elle ajouté.
La FIFA, l’organe directeur mondial du football, a déclaré que son comité d’éthique avait nommé un «panel» pour enquêter. Le code d’éthique de l’instance suprême lui permet d’imposer des sanctions provisoires, y compris des suspensions pouvant aller jusqu’à 90 jours «afin de garantir que la procédure d’enquête ne soit pas entravée ou lorsqu’une violation de ce code semble avoir été commise et qu’une décision sur le fond de l’affaire puisse ne pas être rendue. suffisamment tôt ».
Minky Worden qui supervise le travail de Human Rights Watch sur le sport et les Droits de l’homme dans le monde, y compris le renforcement des règles des Droits humains dans le sport et les fédérations sportives, a exhorté la Fédération internationale à suspendre Yves Jean-Bart immédiatement en raison des allégations selon lesquelles il aurait menacé les victimes présumées.
“Agir rapidement pour suspendre le président de la fédération d’Haïti pendant que ces graves allégations font l’objet d’une enquête signifierait que la FIFA a l’intention de protéger les jeunes athlètes. Avec des menaces qui auraient déjà été proférées, la FIFA a le devoir de veiller à limiter la capacité des personnes en position de pouvoir d’intimider ou de faire taire les accusateurs,” a-t-elle déclaré.
Dossier à suivre !!!