Le 22 août 2007 au Stade de Gwangyang en Corée du Sud, devant 4 500 spectateurs, la sélection haïtienne U17 tint tête à la France lors d’une rencontre historique comptant pour la 2e journée du Groupe D de la Coupe du monde de cette catégorie. Un match nul (1-1) marqué par les peccadilles de l’arbitre seychellois Eddy Maillet, mais surtout par la grinta des petits Grenadiers.
Une campagne de qualification en éclat au niveau de la CONCACAF !
Lors d’une campagne de qualification semée d’embûches à Tegucigalpa en Avril 2007, les petits Grenadiers arrachèrent leur billet pour aller disputer le Mondial en Corée du Sud. Si Haïti ne faisait pas figure de favori lors de ces éliminatoires, elle allait pourtant aligner des performances de haut vol. Dirigée par Jean-Yves Philogène Labaze, la formation haïtienne a su tirer le meilleur parti de ses qualités techniques pour terminer à la tête de ce groupe devant le Honduras, le Mexique et le Salvador. Voyons !
Dans une atmosphère extrêmement hostile, les Caribéens débutèrent leur parcours par un encourageant match nul (1-1) face au pays organisateur, le Honduras. Le Onze national s’est même payé le luxe d’ouvrir le score par Fabien Vorbe (15e) et, malgré l’égalisation hondurienne 3 minutes plus tard, de tenir tête à son adversaire jusqu’au coup de sifflet final.
Pour leur 2e rencontre, les partenaires de Mechack Jérôme montrèrent un visage différent en misant sur la rigueur défensive. Au final, ils engrangèrent un nouveau point (0-0) face à une équipe mexicaine bien terne. Le Mexique, avec Carlos Vela et Giovanni Doa Santos, avait remporté la précédante édition du Mondial U17 en 2005.
À l’heure d’affronter le Salvador, l’équipe haïtienne se trouva donc en position de force. Sans surprise, le talent des hommes d’Yves Labaze allait leur permettre de dominer facilement cet adversaire à la dérive (3-0) avec des réalisations signées Valdo Normil (39e), Hérold Junior Charles (42e) et Fabien Vorbe (78e). Véritable cerise sur le gâteau, les Haïtiens terminaient à la première place du Groupe A avec 5 unités, grâce au match nul (0-0) entre le Mexique et le Honduras un peu plus tard, lors d’une partie heureusement bien terne, emmaillée aussi de nombreux incidents dont deux expulsions. Les Honduriens arrachèrent aussi leur billet pour le Mondial avec 5 points également et dans l’autre groupe disputé en terre jamaïcaine, c’étaient donc les USA, le Costa Rica et Trinidad qui avaient réussi à se qualifier. 5 équipes allaient au final représenter la zone CONCACAF.
Il faut bien le dire, personne ne s’attendait à voir Hérold Junior Charles et ses coéquipiers faire des vagues dans cette compétition préliminaire, encore moins remporter leur poule. Pourtant, au soir du 8 avril, beaucoup d’observateurs avaient compris que cette génération n’avait rien à voir avec celle qui se contentait habituellement de jouer les seconds rôles sur la scène régionale. À ce moment-là, le peuple haïtien avec les étoiles plein les yeux, exultait et se prenait à rêver de gloire.
La Coupe du monde, le match face à l’Équipe de France !
Pour entamer la Coupe du monde, le Onze national buta sur le Japon (3-1), le 19 août 2007. Guemsly Junior Joseph avait inscrit le but haïtien à la 71e minute en présence de 8 500 spectateurs. (3-1), un score qui ne faisait pas si mal quand on sait que le Japon restait sur un 2e trophée consécutif en AFC U-17 Championship (2004 et 2006).
Après une défaite d’entrée, tout le monde s’attendait à un éveil en sursaut des petit Grenadiers. Pour leur 2e match, ils allaient encaisser le premier but de la partie à la 13e minute de jeu sur un faible tir de l’attaquant français Damien Le Tallec, à la suite d’un centre de Thibaut Bourgeois venant de la droite. Shelson Dorléans, le portier haïtien, laissa filer le ballon entre ses jambes. Dommage !
Jurée de ne jamais baisser les bras, la bande à Yves Philogène Labaze allait progressivement reprendre du poil de la bête pour ainsi remonter au score 8 minutes plus tard, soit à la 21e, lorsque l’attaquant Valdo Normil fut fauché en pleine surface de réparation par le gardien des Bleuets, Joris Delle. Peterson Desrivières, 16 ans, transforma le pénalty malgré la coquinade de l’arbitre, de quoi remettre les pendules à l’heure.
« Marquer face à la France, c’est important. Pour nous, c’est un père qui a ouvert la voie à son fils. L’équipe de France a fait de grandes choses, maintenant c’est au tour du fils de marcher dans les pas du père », indiqua Peterson Desrivières qui avait dû tirer à deux reprises ce coup de pied de réparation avant d’ajouter:
« Même si j’ai dû tirer deux fois le pénalty, je n’ai ressenti aucune pression».
De leur côté, les Bleuets avaient raté une grosse occase à la 89e minute. Le capitaine Said Mehamha, n’a pas pu transformer un pénalty discutable accordé par l’arbitre seychellois, Eddy Maillet. Il faut dire, peu avant ce loupé français, Haïti avait marqué un but par l’intermédiaire de son dossard 17, Guemsly Joseph Junior sur un centre venant de la gauche. Mais l’homme en noir, loin de sa bonne humeur, annula cette réalisation tout en estimant que la balle avait déjà franchi la ligne de jeu.
Au terme d’un match intéressant où le corps arbitral avait commis beaucoup d’erreurs selon beaucoup d’observateurs, les deux équipes partagèrent les points. À noter, la France termina la rencontre en infériorité numérique suite à l’expulsion de Badis Lebbihi, écopant de deux cartons jaunes en trois minutes aux arrêts de jeu.
Très déçu du résultat, François Blaquart, le sélectionneur français, déclara ce jour-là avoir buté sur une bonne formation de la CONCACAF: « Nous sommes évidemment très déçus. Nous avons buté sur une très bonne équipe, et je tiens à les féliciter pour leurs performances. Ils méritaient autant que nous de gagner, de même qu’ils méritaient de gagner face au Japon».
À noter, cette rencontre avait eu lieu sur la pelouse du Soccer Only Field de Gwangyang, le mercredi 22 août 2007 qui rappella le 216e anniversaire du début de la révolte générale des esclaves de Saint-Domingue contre la domination française (la nuit du 22 au 23 août 1791). Les médias du monde entier avaient même donné une couleur historique à cette rencontre pensant que les jeunes Haïtiens allaient rééditer l’exploit du 22 août 1791 ayant conduit à la proclamation de l’Indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804.
Pour finir, dans le Groupe D où se trouvait Haïti, le Nigeria avait écrasé le Japon par (3-0). Lors de la 3e et dernière journée de la poule, Peterson Desrivières et compagnie avaient mordu la poussière face au futur vainqueur de la compétition, le Nigéria, (4-1) avec une réalisation du capitaine de l’équipe nationale, Peterson Joseph, dans un Stade Jeju World Cup quasi vide. Avec un point, l’équipe haïtienne a donc été éliminée au premier tour du Mondial U17 2007, mais cette génération avait de la grinta et une vraie force de caractère.
Les 21 héros de 2007 et leur numéro :
1- Dorleans SHELSON (G)
2- Mechack JEROME
3- Ismael GREGORY
4- Peterson DESRIVIERES
5- Jeff NARCISSE
6- Jean Jacques BITIELO
7- Fabien VORBE
8- Saint Cyr WIDNER
9- Joseph GERALDY
10- Hérold Junior CHARLES
11- Valdo NORMIL
12- Gilberto SYLVAIN
13- Herode CHARLES
14- Peterson JOSEPH (C)
15- Wiselet SAINT LOUIS
16- Nicola Perou
17- Joseph GUEMSLY JUNIOR
18- Mark LUXAMA
19- Yann ATTIE
20- Ludovic LATORTUE (G)
21- Richard MORSE (G)