Par Merck’n Sley Suprême Jean-Pierre
Le football est un sport qui rassemble, c’est probablement l’expression la plus aboutie du Fair-Play. Ce sport, capable de marquer toute une vie est une vraie machine à passion, qui donne un rendez-vous immanquable à ses amants tous les quatre ans, lors de la Coupe du Monde de football !
Une nouvelle édition arrive dans moins de 24 heures Elle sera belle, elle s’annonce passionnante, elle est déjà à la base des excitations, et comme les éditions précédentes, la coupe du monde de 2022 annonce la couleur, mais seulement, elle contraste un peu trop…
Malgré son ampleur festive, il est clair que la Coupe du monde ne fait pas l’unanimité. Cela ne devrait étonner personne car l’unanimité dans ce monde est rare. Mais pire que ça, cette édition est l’une des moins populaire de l’histoire. Les raisons?
Une attribution étonnante et douteuse
Il y a 12 ans, soit le 2 décembre 2010, par le biais de ses fédérations membres qui ont voté majoritairement, la FIFA attribue l’organisation du mondial 2022 au Qatar. Par cette décision, la plus haute instance du football a aussi créé une stupeur, peut-être sans le savoir…
Opposé à lAustralie, au Japon, à la Corée du Sud et aux États-Unis, le Qatar a finalement été élu. Rares sont ceux qui auraient imaginé une si grande compétition au Qatar, qui jusqu’à maintenant, soit 12 ans plus tard, n’a aucune image d’envergure footballistique sinon que les 8 stades qui accueilleront l’évènement. Mais, c’est bien à lui que revient une telle faveur.
Faveur? Ce n’est pas peu dire. À titre de comparaison, on est très loin de l’Afrique du Sud qui a reçu l’évènement en 2010, car, pour emmener la compétition au Moyen-Orient, un premier grand changement de taille est nécessaire, ajuster le calendrier de ce Mondial.
À cause d’un climat peu clément, et une température extrêmement élevée en été (jusqu’à 50° C), le mondial au Qatar ne peut pas se dérouler entre juin et juillet comme il a souvent été le cas. Non favorable à la seule idée de climatiser les stades, la FIFA revoit son agenda et projette la compétition pour novembre et décembre 2022. Après tout, ce n’est pas que dans les stades que se déroulent les festivités.
Néanmoins, cette première décision, a très vite suscité des réactions acides. Les défenseurs du calendrier bien harmonisé du foot mondial n’apprécient guère cette modification. Les associations des joueurs professionnels, se plaignent de surcharges et de blessures à cause du caractère trop intensif de ce nouvel agencement, mais rien de tout ça n’a pas suffi à faire reculer les organisateurs.
Mais le plus dur à accepter dans ce choix, ce sont les scandales de corruption qui ont parcouru le monde du football comme une traînée de poudre, causant des dégâts énormes dans l’organigramme des instances qui dirigent le sport roi. Des accusations et des sanctions sont venues ternir l’image de la FIFA et de ses fédérations membres.
L’ancien Président de la FIFA, Sepp Blatter a reconnu en 2014, que cette attribution était une erreur. Pour sa part, l’ancien patron de l’UEFA et ancien international français, Michel Platini, faisant objet d’accusations de corruption, a même été placé en garde à vue en 2019. Des responsables de fédérations africaines sont parmis ceux qui ont été accusés d’avoir reçu des pots de vin de l’Etat qatarien, pour un vote favorable à l’attribution du mondial. Ce scandale a, depuis, laissé une tâche grasse sur l’image de la compétition.
Conditions de travail et règles impopulaires
Sans que cela n’étonne personne, réaliser un événement de cette ampleur exige des investissements infrastructurels de taille. Et quand on s’appelle Qatar, là où le football est à peine pratiqué, c’est comme construire un nouveau monde en moins de 10 ans ! Toutes ces obligations en temps et en dépenses matérielles ont laissé des traces énormes.
Plusieurs accusations de violation des droits de l’homme pèsent sur le pays qui est le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié. On dénonce des conditions de travail inhumaines et les chiffres de certains médias d’enquête font état de plusieurs centaines ou même de milliers d’ouvriers décédés sur les chantiers de la coupe du monde. Même si l’état local parle de moins d’une cinquantaine. Le travail des mineurs est aussi souligné de deux traits.
A mesure que la compétition se rapproche, des Etats, des lanceurs d’alertes écologiques, des personnalités publiques, politiques et même du monde sportif, élèvent leur voix pour crier au scandale et boycotter l’évènement. En France, des villes comme Paris, Marseille, Toulouse, Strasbourg, Nancy annoncent qu’elles vont aussi boycotter la coupe du monde et décident qu’aucun écran géant ne sera placé pour permettre à des centaines de suppoteurs de suivre les macths, comme c’était devenu une habitude.
Une autre épine au talon du Qatar, c’est sa culture peu orthodoxe. Cet état islamique a des manières bien particulières de traiter les femmes ou de se montrer hospitalier. Un roman de I’auteur Gabriel Malika titré “Qatarina” évoque un manque de liberté vestimentaire pour les femmes. Cependant ce qui est certain, les conditions d’émancipation des femmes sont en nette amélioration depuis la venue au pouvoir de Sheikh Hamad.
L’Etat arabe du Golfe persique est aussi accusé d’homophobie par certaines associations LGBT. La consommation de l’alcool, et les activités sexuelles sont traitées avec pincettes, de quoi donner l’air d’un manque de liberté pour certains qui voient en la coupe du monde, un moment de jouissance et de festivités !
Le côté sportif, seul vrai ambassadeur
Si l’image globale de ce mondial 2022 est très sombre à cause des nombreuses raisons évoquées, le côté sportif ne l’est certainement pas. D’abord, cette édition prend place à un moment de la saison où les joueurs sont dans de bonnes conditions physiques. Contrairement aux précédentes éditions où la fatigue musculaire était au rendez-vous, elle le sera bien moins cette fois, de quoi s’attendre à un niveau de compétitivité plus élevé.
Ensuite, les résultats des quatre dernières années ont montré une certaine égalité dans le niveau des sélections nationales, bien que cela ne soit qu’à priori, il est important de le souligner. Ce nivellement, qu’il ait été par le haut ou par le bas, peut en tout cas garantir du spectacle.
La toute dernière considération concerne les individualités. Cette coupe du monde a tout pour être perçue comme une passation de flambeau entre ceux qui ont dominé les débats au cours de la dernière décennie, et ceux qui représentent l’image du football actuellement et de celui de demain.
Certaines vedettes comme Cristiano, Messi, Neymar, Lewandoski, Benzema, Suarez, Van Dijk, Modric et tant d’autres, joueront probablement leur dernière grande compétition internationale. Si l’idée de partir avec une coupe du monde en poche parvient à les galavaniser, ce serait pour le spectacle et pour le grand bonheur des amants de ce ballon rond !
Indépendamment de sa saveur, la Coupe du monde garde une place privilégiée dans le rang des évènements mondiaux, c’est 92 ans d’histoire et déjà 21 éditions. Les prévisions annoncent que celle de 2022 sera suivie par près de 3,2 milliards de spectateurs. Entre des voix qui dénoncent, boycottent avec fermeté et des cœurs démesurément excités, la coupe du monde 2022 offre un contraste sauvage !