Par AZ
Le voyage en Haïti de l’entraîneure de la section féminine du Stade de Reims, Amandine Miquel est reporté à une date ultérieure en raison de la forte tension politique visant à renverser le président de la République, Jovenel Moise. La technicienne n’aura pas l’opportunité de recruter au moins 3 talentueuses joueuses haïtiennes à travers un stage programmé au ranch de la Croix des Bouquets du 21 au 25 février 2019.
Le Stade de Reims est pour le moment le leader du championnat de France de D2 féminine et est quasi certain de faire son retour en D1 l’an prochain. Et, en ce sens, travaille déjà à se renforcer pour la saison prochaine. L’équipe emmenée par Amandine Miquel a été attirée par les prestations convaincantes de deux Grenadières du FF Issy, Kethna et Batcheba Louis et avait choisi de visiter Haïti afin de venir observer et piocher s’il le faut.
C’est l’entraîneur national, Marc Collat qui connaît bien la maison rémoise puisqu’il était dans un temps entraîneur de l’équipe professionnelle du Stade de Reims qui, a planifié le rendez-vous même si avorté. Le coach tricolore a d’ailleurs sa résidence dans la capitale du champagne et a déjà envoyé 1 ou 2 jeunes talents haïtiens en stage à Reims. L’homme de 68 ans a parlé en de bons termes du potentiel du football féminin haïtien et a convaincu les dirigeants rémois à venir voir de leurs propres yeux.
Marc Collat qui devait arriver, dimanche à Port au Prince après son séjour en France pour une opération délicate à la hanche, a été lui aussi contraint de rester à l’hexagone à cause de la situation du pays.
Entre Stade de Reims et le football d’Haïti, c’est toute une histoire
A ce jour, le Stade de Reims est le seul club féminin européen à avoir visité Haïti ; cela se passa en 1974 peu de temps après les débuts du football féminin haïtien et la participation du onze national masculin au mondial d’Allemagne. A cette époque, un journaliste du nom de Pierre Geoffroy, travaillant pour le Quotidien champenois « L’Union », monta une équipe féminine, un « DREAM TEAM » qui avec la bénédiction des dirigeants du célèbre club rouge et blanc se révéla comme une championne du monde sillonnant le monde entier et disputant des matchs amicaux sur les cinq (5) continents.
Le stade de Reims fut ainsi invité en Haïti pour une série de trois matchs. La fédération d’ici, sur instruction de la FIFA, était farouchement opposée au football féminin; la tournée avait ainsi du mal à se concrétiser mais, l’ambassade de France, les entreprises françaises en Haïti dont le ciment d’Haiti, mirent tous leurs poids et les rémoises par la curiosité de la qualification haïtienne au mondial de 1974, jouèrent trois (3) matches au stade Sylvio Cator malgré l’atmosphère morose causée par les tristes retombées d’une coupe du monde de 1974 vite à oublier surtout en terme d’extra sportives désastreuses.
Reims fut donc en été 1974, la première équipe féminine étrangère à visiter Haïti; les relations entre le prestigieux club de Raymond Kopa et les deux bandes d’étoffe allèrent bien. Et, deux (2) ans plus tard, les Français invitèrent à leur tour l’équipe nationale en France; à cette époque difficile pour un football féminin enthousiaste mais, sans reconnaissance nationale de réussir l’exploit de financer un voyage en Europe. Le départ longtemps incertain, a été finalement possible en septembre 1976 grâce aux fonds débloqués au denier moment par une prise en charge du Président Jean Claude Duvalier.
“Sportivement ce fut un succès historique avec une seule défaite face aux rémoises et des victoires inoubliables à Vitry le François, sur VGA St MAUR, à Paris, et à Rennes. Le Président de la Commission nationale du Football féminin, le célèbre journaliste, Jean Claude Sanon mit à profit ce succès pour arracher du congrès de la FIFA, la reconnaissance officielle du football féminin.”
“Dommage tout est différé et nous n’espérons pas annuler. Un gros coup pour le football féminin qui voit une porte entrouverte se refermer devant des filles qui se sont défoncées à l’entraînement en prévision de la venue du coach Amandine Miquel afin de donner de la priorité aux haïtiennes dans son recrutement pour la D1. Espérons les événements nous enlèvent cette angoisse rapidement car le Club pro n’attendra pas midi à 14 heures pour apporter une solution de rechange”, a dit le président de la FHF, Dadou Jean Bart à Haiti-Tempo.
Madame Amandine Miquel ne viendra pas le 21 février comme annoncé. La tournure des événements ne fait pas du bien aux Grenadières et la chance inouïes de voir monter quelques-unes au firmament du Football féminin est pour l’instant écartée.