Joueur de référence bardé de titres avec Barcelone, Josep Guardiola s’est bâti un palmarès d’entraîneur impressionnant en quatre saisons sur le banc de l’équipe “blaugrana”, mais ce perfectionniste a préféré partir vendredi pour prendre du recul, l’année où le Barça a déçu.
Barbe finement entretenue compensant sa calvitie, silhouette longiligne, élégance vestimentaire jamais prise en faute, à 41 ans, “Pep” c’est avant tout un palmarès monstre.
Rares sont les titres qui ont échappé au jeune technicien catalan depuis ses débuts professionnels sur le banc en 2008-09: trois sur quatre en Liga, un sur quatre en Coupe du Roi (et finale en vue en 2012) et deux Ligue des champions sur quatre saisons de C1. Sans oublier trois Supercoupes d’Espagne, deux Supercoupes d’Europe et deux Mondiaux des clubs.
Beaucoup prédisaient à ce Catalan pur jus (né à Santpedor), fier de ses racines, un destin à la Alex Ferguson, manager de Manchester United depuis 25 ans, entraîneur aux 37 trophées parmi lesquels 12 Championnats d’Angleterre et deux Ligues des champions. Sandro Rosell, président du Barça a salué vendredi “le meilleur entraîneur du Barça de son histoire”.
Mais “Pep” Guardiola, presque toujours fidèle au Barça, avait souvent clamé, parfois un peu dans le désert, qu’il n’aurait pas forcément un parcours semblable à son illustre homologue écossais de 70 ans avec le club mancunien. Touché par les problèmes de santé de son adjoint Tito Vilanova (tumeur à une glande salivaire), il avait aussi laissé entendre qu’il voulait passer plus de temps en famille. Vendredi, pour se justifier, il a parlé d’usure.
Il a aussi souvent confié qu’il ne se voyait pas rester éternellement dans un club. Après un premier bail de deux ans (2008-10), il s’est ainsi contenté de prolonger au Barça d’une saison à chaque fois.
Pourtant, au début de cette saison, beaucoup pensaient que Guardiola, enfant du club, resterait une année encore, tant il était proche de ses joueurs.
Six sur six en 2009
L’ancien milieu de terrain rappelait toujours que sans ses joueurs il n’était rien. Il faut dire qu’il avait sous ses ordres une génération de joueurs exceptionnelle. Il guidait notamment une cohorte de champions du monde espagnols (dont les Puyol, Piqué, Xavi, Iniesta) et, bien sûr, l’Argentin Lionel Messi, triple Ballon d’Or (2009, 2010, 2011) reconnu comme le meilleur joueur du monde.
Mais s’il est vrai que des Messi, Xavi et Iniesta font beaucoup pour gagner des titres, le parcours de Guardiola, comme joueur puis comme entraîneur, force le respect et l’admiration.
Même s’il a connu quelques ratés. Passé par les équipes de jeunes du Barça (1984-90) puis avec éclat par l’équipe première (1990-2001), le joueur Guardiola avait connu une fin de carrière anonyme sur la pelouse (AS Rome, Brescia, le Qatar et Sinaloa au Mexique) et marquée par un contrôle anti-dopage positif en novembre 2001.
L’entraîneur Guardiola avait également connu quelques accrocs dans sa gestion de joueurs à fort caractère, comme Samuel Eto’o et Zlatan Ibrahimovic, dont il avait préféré se séparer.
Guardiola restera quoiqu’il arrive par la suite intimement lié au Barça. Il a remporté 9 des 11 Ligas des Blaugrana au cours des deux dernières décennies –six comme joueur, dont quatre avec la “Dream Team” de Cruyff, et trois comme entraîneur– et la première Ligue des champions du club catalan (1992).
Et il restera comme l’entraîneur qui aura tout remporté en 2009 avec ses joueurs: six titres sur six (championnat, Coupe d’Espagne, SuperCoupe d’Espagne, Ligue des champions, SuperCoupe d’Europe, Mondial des clubs).
Cette saison avec Barcelone était donc bien sa dernière. C’était ce qu’il sous-entendait dans un entretien avec la chaîne de télévision italienne Rai il y a un an, alors qu’il n’accorde en principe jamais d’interview exclusive: “Je crois que mon temps à Barcelone est en train de se terminer”.
AFP