Par Manesson Chery
En intervenant au micro de Jean Pierre Etienne, samedi, à l’émission Sport Mania sur les ondes de la Radio Ibo, Peter Germain en a profité pour faire un débrief sur sa carrière, son intégration au sein du Baltimore SC et tout l’amour qu’il a pour ce club.
Capitaine emblématique du Baltimore de Saint-Marc, Peter Germain n’a connu aucune autre équipe jusque-là, une histoire d’amour qui a commencé dès son plus jeune âge pour cette formation. Au cours de cette entrevue qui a duré plus d’une heure samedi soir, l’ancien international haïtien a fait le point sur la longévité de sa carrière, comment il a pu rejoindre l’équipe 4X4, son parcours en sélection tout en profitant de faire son Onze des meilleurs joueurs haïtiens sur les 20 dernières années.
Passant d’abord par l’Opération 2006, Peter estime que cela lui a permis de grandir: « L’opération 2006 m’a permis de faire le choix de devenir footballeur, c’est par là que j’apprends à développer mon organisme, mon esprit. Ce qui m’a retenu le plus c’est l’esprit compétitif entre mes partenaires pour voir qui était le meilleur et cela, je l’ai embrassé tout au long de ma carrière. »
S’il reste fidèle à son club de coeur comme Franceso Toti l’avait fait à la Roma, Paulo Maldini au Milan C, Peter Germain est l’un des rares joueurs de sa génération qui n’a connu aucune autre formation pendant ses 20 ans de carrière mais comment a-t-il pu faire pour intégrer le club saint-marcois ?
« J’ai grandi au sein d’une famille Baltimoriste. Mon Père et ma mère, y compris mes frères, tous sont des fans dudit club. À ce moment, je faisais partie d’un petit club dans mon quartier dénommé « Littoral », j’avais entre 10 et 11 ans. Et j’allais intégrer le Baltimore pendant qu’il y avait un petit tournoi au sein du Lycée Sténio Vincent de Saint-Marc. À cette époque, on ne pouvait pas jouer sur les terrains réglementaires et mon équipe faisait partie de cette compétition ainsi que l’équipe des jeunes du Baltimore. Puis, on allait les affronter et on les avait écrasés (4-0). Ce jour-là, j’ai marqué tous les 4 buts de la rencontre. Plusieurs dirigeants du Baltimore à l’époque, présent sur le terrain, étaient venus me questionner, histoire de faire connaissance avec mes parents après la rencontre. Comme cela, ils m’ont mis dans une voiture pour aller voir ma mère, et en arrivant, ils m’ont dit à partir d’aujourd’hui tu es désormais joueur du Baltimore.»
Questionné sur le choix de ne jamais quitter le Baltimore pendant tout ce temps, il a répondu ainsi.
« J’ai grandi avec la doctrine du Baltimore en regardant ce que je vis au sein du club et ce que je regarde au sein d’autre, même si je n’ai pas fait d’autres d’expériences. Mais par rapport à l’amour de ma famille et l’affection pour ma ville, j’avais constaté que la philosophie du Baltimore me convient le plus et c’est pour cela que je n’avais plus l’envie d’aller jouer ailleurs, parce que selon moi, l’argent est très important mais le sentiment n’a pas de prix et personne ne peut l’acheter. Et je n’imagine jamais que ma mère étant férue du Baltimore, me voyait sous la tunique d’une autre formation en train de marquer des buts contre son équipe de cœur. Je crois que c’était la première chose pour moi au sein du football haïtien, l’argent n’était pas ma première motivation. »
Après avoir joué pendant plus de 12 ans en sélection nationale, titulaire assez régulièrement malgré son jeune âge au début des années 2000, le vétéran saint-marcois en a profité pour parler de son absence au cours de la Gold Cup 2002, au grand dam de son style de jeu.
« De mon style de jeu comme milieu défensif, il n’y avait aucun jeune joueur haïtien à mon niveau, mais comme médian défensif j’étais toujours dans le style de Luka Modric et Toni Kroos, un playmaker mais pas comme Casemiro ou Montillas; Parce que je croyais toujours que j’étais très technique et je n’avais pas vraiment de la patience dans les marquages. Je pensais toujours que, ce que mon coéquipier qui jouait devant moi peut faire avec le ballon, je peux le faire également, à ce moment j’avais toujours aimé d’avoir la balle. À cette époque il y avait 3 milieux défensifs, Wilfrid Montillas, Jean-Jacques Pierre et Renel Monpremier, ce qui arrive même à l’entraînement, mais les choix tactiques du coach avec moi allaient dévier le plan puisque j’avais tellement aimé d’avoir le ballon, d’où j’avais joué puisque cette équipe devait avoir sept (7) personnes pour défendre. Mais cela coïncide également à un tournoi de préparation que l’équipe allait jouer contre Martinique et Boca Junior. On nous avait donné une petite vacance, j’étais à Saint-Marc, je ne me suis pas retourné le même jour puisque je me sentais pas trop bien et de ce fait, je n’ai pas fait le voyage avec l’équipe. Le sélectionneur Castelli à l’époque ne l’avait pas vu d’un bon œil. Malgré plusieurs membres du staff technique lui en avaient parlé, il a cru dans sa tête que j’ai commis un désordre.
L’équipe championnne de la Coupe Caraïbes 2007 à Trinidad, selon Peter, n’était pas la meilleure dont il en faisait partie, mais plutôt celle de 2002 tout en estimant que l’ancien sélectionneur Luis Amélio Gracia reste l’un des meilleurs du Onze national sur les dernières années. Le cubain a fait un excellent travail qui a permis à sa génération de remporter le titre en 2007, mais il faut dire également qu’il avait hérité d’une base implantée par Castelli puis Carlo Marcelin.
Interrogé également sur la mauvaise Gold Cup de l’équipe haïtienne après ce titre régional, l’ancien international a fait savoir qu’il y avait un excès de confiance et du manque de professionnalisme des joueurs.
” On était allé faire une tournée en Amérique centrale et les joueurs étaient un peu nostalgique par rapport à leur famille et, à un moment donné, plusieurs au sein du groupe étaient impatients que le tournoi se termine. Ce que je qualifie de manque de professionnalisme de la part d’eux à l’époque”.
Et pour conclure cette entrevue, Peter Germain en a profité pour dévoiler son Onze idéal de la sélection sur les 20 dernières années avec Johny Placide dans les buts, dans l’axe de la défense on retrouve Bruny Pierre Richard et Mechack Jérôme. Sur les côtés, Stéphane Guillaume et Frantz Gilles ont été choisis. Au milieu du terrain, Wilfrid Montillas et Monès Chéry assurent le travail défensif et Johnny Descollines joue le rôle d’un tréquartista. En attaque, Peguero Jean Philippe est placé sur le front, épaulé par les ailiers Alexandre Boucicaut et Jeff Louis.