En très peu d’années, l’espoir première année Ilionis Guillaume a enchainé les titres en championnat de France d’athlétisme avec les juniors jusqu’à briguer des titres internationaux. Née en Haïti, cette athlète de 21 ans a tellement impressionné qu’elle s’offre des records et s’impose au niveau de l’Élite française en montant sur la plus haute marche du podium au triple saut avec 14,07 m, nouveau record personnel à la clé. Haïti-Tempo vous invite à découvrir cette plante du Stade Sottevillais 76 à travers une interview.
Ilionis Guillaume est née le 13 janvier 1998 à Port-au-Prince. Elle est une athlète, spécialiste en 100 m haies et du triple saut. Dans une interview accordée à Haïti-Tempo cette semaine, elle a donné quelques précisions sur son origine et sa carrière.
“Je m’appele Ilionis Guillaume. Je suis née à Port-au-Prince. Je vis maintenant en France depuis mes 5 ans. Je fais de l’athlétisme depuis l’âge de 7 ans”.
Venue de loin, Ilinois Guillaume n’atteint pas l’acmé par hasard. Elle a trébuché puis à maintes reprises cotoyé l’échec et en a tiré leçon. Voilà ce qui résume la carrière de cette jeune sportive.
“Je suis plusieurs fois championne de France et j’ai fait le podium national sur les haies, le triple saut en hauteur ou en longueur ainsi que les épreuves combinées. Je suis vice championne d’Europe junior et championne de France au niveau de l’élite tout cela en triple saut.
Et cette année, je vais me spécialiser sur les haies et les triples sauts en essayant de battre mes records, de faire du podium et encore mieux gagner des championnats internationaux”.
Le palmarès d’Ilionis Guillaume est déjà bien garni de trophées mais elle en veut encore plus comme c’est déclaré ci-dessus.
“J’ai fait plusieurs podiums et remporté des titres de championnat de France mais il faut dire que je faisais beaucoup d’épreuves.
En 2017, je suis devenue vice-championne d’Europe junior en triple saut et championne de France indoor et outdoor au niveau junior.
En 2018, je suis championne de France en Élite en salle et championne de France en triple saut espoir en indoor”.
Malgré son succès, Ilionis garde les pieds sur terre. Elle sait d’où elle vient et compte bien renouer sa relation avec son pays d’origine.
“Ce lien ne cessera d’exister malgré le fait que je vive en France. Il y a encore toute ma famille en Haïti. Si je peux les aider grâce à mon sport, je ferai tout pour eux. De même si je peux faire parler de mon pays et faire passer des messages, je le ferai. Même si je ne porte pas encore le maillot, il y a plein d’autres façons de représenter Haïti comme faire passer des messages pour sensibiliser les gens sur la situation du pays ou encore montrer sa beauté que les gens ne connaissent pas forcément.
C’est important, personne ne peut oublier de là où l’on vient encore moins quand c’est de ce merveilleux pays qu’est Haïti.
Je compte venir finir mes études et m’entraîner aux États-Unis dans peu de temps, lorsque je serai sur place, le prix du billet d’avion USA-Haïti ne sera pas du tout le même que France-Haïti.
Je vais souvent y aller c’est sûr, j’en ai vraiment hâte,” a-t-elle déclaré à notre rédaction.
Débriefons un peu sa carrière !
2015, une année révélatrice ! La jeune Ilionis se fait remarquer en janvier 2015, à l’occasion des Championnats scolaires français (UNSS) de Clermont-Ferrand où elle s’est payée le luxe de s’offrir le record de France sur 60 m haies en 8’’26 et du saut en hauteur (1,82 m). Quelques semaines plus tard, aux championnats cadets-juniors de Nantes, l’athlète d’origine haïtienne a remporté 3 médailles d’or : le 60 m haies en 8 s 26 (record de France), le saut en hauteur (1,79 m) et le triple saut (12,78 m).
Alors que le Stade Pierre-Quinon de Nantes n’avait des yeux que pour Laura Valette, la championne olympique de la jeunesse s’est fait voler la vedette par sa cadette Ilionis Guillaume, qui s’est concoctée un programme de mammouth (quatre épreuves au cours du week-end) pour s’imposer. Le bilan après une journée était d’ores et déjà splendide : 3 victoires pour autant d’épreuves disputées en l’espace de 4 heures seulement.
Durant la saison estivale, vu ses belles prouesses, elle a été sélectionnée à la fois sur 100 m haies et triple saut pour les championnats du monde cadets de Cali, en Colombie. Malheureusement, l’ath échoue au pied du podium sur les 2 épreuves, en respectivement 13 s 31 et 13,02 m.
Une année 2016 un peu difficile !
En juillet 2016, Ilionis Guillaume a participé au triple saut aux championnats du monde juniors de Bydgoszcz où elle a connu une nouvelle déception, ne finissant que 9e avec 12,99 m; passant à côté de sa finale alors qu’elle avait réalisé la 2e performance des qualifications. Une expérience qu’elle ne crache pas dessus bien qu’elle n’ait dû dormir que pendant 6 heures afin d’être levée pour le réveil musculaire, prévu à 7h ce matin-là. En fin d’année, elle a quitté Montpellier, la ville qui l’a vu grandir pour aller s’entraîner à Boulouris avec Teddy Tamgho et Laurence Bily où un groupe de jeunes se forme (Rouguy Diallo, Martin Lamou, Melvin Raffin, Quentin Mouyabi etc.).
Et la suite, la gloire !
Sous les ordres de Teddy Tamgho et Laurence Bily, Ilionis a créé de belles surprises.
Le 21 juillet 2017, elle a décroché la médaille d’argent des championnats d’Europe juniors de Grosseto avec un saut à 13,97 m (+ 2,2 m/s). Ce succès n’a pas été aquis sans peine. Elle a dû s’imposer jusqu’au 4e essai avec ce saut légèrement trop venté pour offrir la première médaille à la délégation française dans ce tournoi.
De grandes ambitions en 2018, la protégée de Teddy Tamgho en avait. Régulière, elle a remporté le 17 février la médaille d’or des championnats de France en salle de Liévin, de quoi porter son record personnel à 14,07 m, son premier saut au-delà des 14 mètres. Pour y arriver, elle a devancé d’un centimètre la cador Jeanine Assani-Issouf, qui était en tête depuis le début du concours.
Voilà le parcours faramineux de la native de Port-au-Prince. Avec les étoiles pleins les yeux, elle peut encore faire des étincelles dans toutes les compétitions auxquelles elle participera.