Critiqué par certains pour son manque d’intensité, le football féminin évolue malgré un lot d’idées reçues. Souvent défini comme moins spectaculaire par rapport au foot masculin, il est aujourd’hui sur toutes les lèvres et les gros magazines s’y mettent.
“Le foot est moins bien avec les femmes…” voilà comment certains le décrivent. Et c’est par rapport à la dimension athlétique du jeu proposé par les joueuses. Si les footballeurs sont plus rapides et plus endurants, les deux sexes font pourtant jeu égal sur l’aspect technico-tactique. Dites-vous que c’est le même nombre de ballons touchés, de duels gagnés, même temps de possession, même terrain, même durée, mêmes règles et même ballon. Sauf que le jeu n’est pas développé de la même manière.
Cette légère différence a d’ailleurs été mise en question, et ce, il y quelques années. Nous sommes en 1991, à l’issue de la première édition du Mondial féminin en Chine. S’il y avait seulement 6 femmes pouvant diriger les rencontres, les arbitres masculins plus habitués aux matchs des hommes, se sont plaints d’être plus fatigués après la compétition. Autant dire que les filles commettent énormément de faute et envoient la balle hors de la limite de jeu trop souvent. À noter, cette année-là, la Brésilienne Claudia de Vasconcelos est devenue à cette occasion la première femme à diriger le match pour la 3e place d’une compétition organisée par la FIFA.
Le foot féminin existe depuis des années. Plus loin encore de ce que vous pensez. Les femmes y jouent depuis que ce sport a été inventé, au 19e siècle. Et la première rencontre internationale féminine a eu lieu en 1881. En France par exemple, c’est en 1917 que se tient le premier match de foot féminin. En Haïti, au Parc Sainte-Thérèse le 19 décembre 1971, se déroulait la première confrontation d’équipes féminines, sous l’arbitrage de Jean-Claude Sanon.
Les commentateurs de l’époque, principalement des hommes, critiquaient l’apparence des footballeuses, leur manière de jouer, et jugent ce sport nocif pour elles. Malgré ces médisances, le manque de professionnalisme et d’intérêt, ces rencontres attiraient jadis plusieurs dizaines de spectateurs.
Au fil des années, les choses ont changé, petit à petit. Et de plus en plus de journaux et de télévisions commencent à parler des championnats féminins. Plus cela se professionnalise, plus les gens s’intéressent à se rendre aux lieux de matchs. Et plus la différence physique entre les deux sexes tendra à se réduire certainement.
Soyons honnêtes ! L’impact physique n’est pas le même, certes, mais le football féminin ne perd pas en spectacle. Les détracteurs s’appuient sur l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes, mais ramener sans cesse cela à la performance, ça trouve ses limites. La féminisation de ce sport ne devrait pas être présentée comme un problème à résoudre, dans la mesure où elle engage des transformations matérielles et symboliques.
Le développement du football féminin a été souvent abordé exclusivement sous l’angle de la problématique sociétale, voire du combat politique pour l’égalité hommes/femmes. Même sur le plan économique, il y a un fossé. De fait, l’écart salarial entre les deux genres est astronomique, puisque les joueuses gagnent 96% moins que leurs homologues masculins.
Les différences entre joueurs et joueuses sont sensibles. Chaque critère d’analyse pris en compte révèle, à sa manière, un aspect des valeurs sexuées traditionnelles. Le football est un sport simple et universel. Au delà de taper dans un ballon, c’est une activité qui fait travailler l’endurance et le cardio à travers des enchaînements de course. La gestuelle et la technique sollicitent la physique et permettent de progresser en tonicité et en coordination.
Selon un rapport d’analyse de la FIFA en 2022, le football féminin est en nette progression, en termes de popularité et de sponsoring. Et c’est une perspective encourageante à quelques mois de la 10r édition de leur Coupe du monde qui se tiendra en Australie et en Nouvelle-Zélande. En 2019, 1,12 milliard de téléspectateurs avaient visionné le Mondial en France. Le marché télévisuel avait déjà une forte estimation.
Ces dernières années, les gros magazines européens mettent sous les projecteurs les meilleures footballeuses du monde. En 2018, France Football a crée le Ballon d’or féminin qui est une récompense attribuée à la meilleure joueuse de l’année, sans distinction de championnat ni de nationalité. La première lauréate est Ada Hegerberg, joueuse internationale norvégienne évoluant à l’Olympique lyonnais. Néanmoins, elle a tout bonnement choisi de boycotter la Coupe du monde 2019 afin de protester contre les inégalités salariales.
D’autres organisations comme IFFHS (2020) et Tuttosport (2022) ne restent pas insensibles à l’essor du foot féminin. Autant d’arguments pour vous dire que le foot féminin n’est pas moins bien et a toute son importance. Le talent ne choisit pas de sexe. Le sport est l’affaire de tous et cela favorise une bonne santé.