Ce serait absurde de parler du sport dans les écoles sans consulter les véritables concernés. Ceux pour qui cette matière a intégré le cursus scolaire, les élèves. Ce sont 5 ambassadeurs de la classe terminale (NS4) du Centre Alcibiade Pommayrac qui ont pris le soin de nous faire don de ce que le sport représente pour eux.
Pour Gaëlle Samantha Brutus (18 ans), le sport inculque aux élèves le sens de responsabilité : ” C’est une activité qui permet aux jeunes de devenir des gens responsables. Quand vous êtes engagé au niveau sportif, vous devez faire tout votre possible pour respecter votre engagement. Grâce au sport, vous deviendrez une personne disciplinée, ce qui vous aidera tout au long de votre vie.” Quant à Rigmaël Thibaud (18 ans), le sport a le pouvoir de réunir des gens issus de différentes couches sociales : ” Le sport c’est un concept qui réunit autour de lui un ensemble de personne de différentes catégories sociales. Quand ces personnes-là s’associent, elles forment une famille. C’est quelque chose de vraiment exceptionnel et l’un de ses bienfaits, c’est qu’il permet d’évacuer le stress.”
Marcoly Antoine Zéphyr (18 ans) nous parle plutôt de passion et mentionne au passage l’un des bienfaits du sport, c’est qu’il nous permet de rester en santé : ” Le sport est avant tout une question de passion. Depuis l’école primaire, je m’adonne à ce secteur. Les activités sportives sont très importantes dans les établissements scolaires. Les responsables du Centre Alcibiade Pommayrac nous le répètent souvent, pour avoir un esprit sain il vous faut un corps sain. Cela nous permet de rester en santé. Quand on est passionné, ça devient plus qu’une activité physique. Parfois, même si on est super fatigué, on prend des heures supplémentaires pour faire du sport. On ne se préoccupe pas vraiment de notre corps mais plutôt du plaisir que cela procure.’’
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L’équipe féminine de football du Centre Alcibiade Pommayrac
Pour sa part, Beyala Ritchie Bernard (18 ans) voit le sport comme une éthique de vie : ” D’entrée de jeu, je dois dire que je suis bénéficiaire d’un grand luxe, celui d’avoir des cours d’éducation physique et sportive à mon établissement scolaire. Rares sont les écoles ayant un espace de jeu. Le sport est un régulateur nous permettant de rester en bonne santé surtout qu’on extériorise des dépenses d’énergie. Il nous rend également solidaire, on a une bonne affinité avec ses partenaires.’’
Et Steeve Ruisdael Jeudy (19 ans) pense que cette activité n’est autre qu’un besoin : ” C’est une discipline négligée par plusieurs entités dans le pays. Que ce soit les écoles et même l’état le traitent en parent pauvre. Cependant, il peut apparaître comme un besoin à cause de son importance. Ce n’est un secret pour personne que les différentes stratégies que nous ont enseignées nos moniteurs pour pouvoir sauter les obstacles pourront également nous servir tout au long de notre existence. De là étant, il développe chez nous la capacité de réflexion. Il nous aide à combattre la fatigue et à devenir plus résistant.”
Dans tout ce qu’on fait, on rencontre tous des difficultés de toutes sortes. Il est clair que plusieurs éléments peuvent servir de barrière à la pratique du sport, les parents arrivent en tête de liste. Á cause des contacts physiques surtout, ils craignent le pire pour leurs enfants dans un pays où avoir accès à des soins de santé restent un luxe. En dépit de tout, certains encouragent leurs enfants à faire du sport et d’autres sont totalement contre. À part cela, la fatigue et les défis à relever complètent la liste.
Gaëlle Brutus a le feu vert de ses parents à propos de la pratique des APS : “Mes parents ne sont pas contre la pratique du sport. Cependant, elle rencontre des difficultés qui pour elle résume la vie en soi. « Les miennes sont surtout les défis. Tout le temps, on doit se donner à fond pour pouvoir les relever. D’ailleurs c’est une leçon vitale. On a des défis et on fait les sacrifices adéquats pour sortir avec la tête haute.” Marcoly Antoine Zéphyr signale que les difficultés se résument en un mot, fatigue : “Qui dit sport, dit défi. Donc, la progression est un facteur essentiel. Vous devez faire mieux qu’hier. La fatigue est la principale difficulté que je rencontre vu qu’il y a une dépense d’énergie.”
Le tableau est plutôt différent chez Rigmaël Thibaud. Son père essaie souvent de le décourager mais ses propos ne produisent aucun effet sur lui : ” Je suis en NS4 (terminale ou philo). Il arrive parfois que je rentre très tard à la maison à cause du sport. Donc, je dois faire le maximum d’effort possible pour gérer mon temps. Oui le sport est important, toutefois, je ne néglige pas les travaux scolaires. Certaines fois, mon père essaie de me déstabiliser en me laissant comprendre que le sport en Haïti ne peut m’être utile à grand-chose. Si j’avais laissé les flèches de mon père m’atteindre, c’est sûr que j’aurais déjà coupé les ponts avec les activités sportives. Au contraire, je me donne à fond, j’essaie toujours de me surpasser. Par ailleurs, il ne tarit pas d’éloge à l’endroit de ses moniteurs : ‘Je dois également saluer le travail impeccable de nos moniteurs qui ont pris le soin de nous inculquer tant de choses sur le sport. Sans cet établissement, je ne serais certainement pas un sportif de ce calibre.’’