La sélection haïtienne féminine entame dans quelques heures la dernière ligne droite des qualifications pour la Coupe du monde 2023. Alors que toutes les catégories représentant Haïti sont éliminées avec des résultats en berne, l’espoir de tout un peuple, visible à l’horizon, est proféré par ces Grenadières qui sont devenues aujourd’hui notre référence.
La sélection haïtienne féminine est en course à la qualification mondialiste et olympique dans la CONCACAF. Les filles de Nicolas Délépine affrontent les États-Unis ce lundi pour commencer l’aventure avant d’affronter respectivement l’ogre mexicain et la Jamaïque. À l’inverse de nos équipes nationales masculines qui ne suscitent que peu d’attentes avec de piètres performances contre les meilleures de la zone, cette génération pour sa part inspire confiance et semble être sûre d’aller pousser le verrou.
Haïti est devenue ces dernières années une « petite puissance »footballistique et si l’on regarde le nombre de joueuses placées sur l’échiquier européen, on peut se targuer d’être l’une des équipes à battre dans la zone. Incontournable dans cette marche en avant, Corventina ne cesse de briller au cœur du jeu, que ce soit aux côtés d’autres Grenadières ou avec le Stade de Reims où elle a participé à 44% des réalisations pour sa première saison. Ses 9 buts et 7 caviars en plus des performances remarquables lui ont valu le prix du meilleur jeune talent féminin au monde, décerné par Goal.
Il n’y a pas que Corventina. La pépite de 18 ans fait partie d’une nouvelle génération qui redessine les attentes haïtiennes. À cet effet, le staff technique du Onze national dispose d’un vivier de joueuses qui n’a jamais été aussi fourni, mais il faut tout de même faire les bons choix et créer une cohésion d’équipe. Sherly Jeudy, Ruthny Mathurin, Roseline Éloissaint, pour ne citer que celles-là, ayant joué la Coupe du monde U20 en 2018. Sans oublier Nérilia Mondésir, véritable centre d’attraction depuis ses débuts en Haïti. La Perle capoise est attendue au tournant en ce mois de juillet. On se souviendra longtemps de son doublé somptueux contre l’Allemagne en été 2018, pourtant c’est le genre de coéquipière qui ne se soucie pas de ses intérêts personnels. Pour preuve, son leadership silencieux et son influence collective l’ont aidé à se faire une place à Montpellier depuis 5 saisons.
À l’approche de 3 matchs cruciaux de qualification, le peuple haïtien espère que Batcheba et les Grenadières resteront sur leur lancée en club pour terminer la campagne en beauté. Deux billets sont donc disponibles dans un groupe comprenant les USA, Mexique et Jamaïque. Le Onze national aura fort à faire face à la puissance américaine, étant double tenante du titre et quadruple vainqueur du tournoi mondial sur 8 éditions possibles. Ce sera la rencontre d’ouverture de la compétition ce lundi à l’Estadio Universitario de Monterrey. Les deux formations se sont déjà affrontées à 3 reprises en éliminatoires dans cette catégorie (1991, 2010 et 2014). Et la Team USA affiche un sans-faute (3 victoires), marquant 21 buts, tandis que les Haïtiennes n’ont jamais scoré lors de ces confrontations.
Parlons de la Jamaïque ! Le rival caribéen dispose des joueuses issues de la ‘Premier League’ anglaise comme l’attaquante de Manchester City, Khadija Shaw ou encore la joueuse de l’AS Rome Trudi Carter. Les Reggae Girlz ont captivé tout le monde depuis leur participation au Mondial 2019 en France et disputent actuellement pour la 7e fois le championnat de la CONCACAF. Au tour précédent, elles ont remporté le groupe C avec un record de (4V-0D-0N) grâce à une Khadija en feu (9 buts) sans oublier les performances de haut vol de Trudi Carter et Jody Brown (5 réalisations chacune).
En somme, la sélection haïtienne pourra compter sur son arsenal composé d’expatriées et quelques joyaux issus du championnat national (même si l’on n’en parle plus en raison des problèmes sociopolitiques d’Haïti). La qualification pour la Coupe du monde unirait le pays et ouvrirait de nombreuses portes à ces jeunes talents, désireux de jouer au foot au plus haut niveau. Elle enflammerait les imaginations, ferait rêver les enfants et permettrait à notre sport roi, à tous les niveaux, de jouir davantage de respect dans le monde.
Oui, Haïti doit participer à la Coupe du Monde, parce qu’elle en a besoin pour franchir un nouveau palier. Et cela ne sera possible rien que par les jambes féminines cette année, à travers le foot qui reste la seule voie de se mesurer à un pays comme les USA.